III - LES THÉORIES ÉCHAFAUDÉES PAR LES CHRÉTIENS ET LEUR RÉFUTATION
Quand
l’adversaire se trouve ainsi acculé par les difficultés, tu le vois,
alors, changer comme un caméléon; trouve-t-il un texte indiquant
l’humanité, il le rapporte à la nature humaine; rencontre-t-il un sens
littéral pour lequel il est incapable de trouver une explication, il
l’apporte à l’appui de la nature divine! Considère donc comment Allah a
aveuglé celui qui fait de son Dieu tantôt un homme et tantôt un Dieu.
Combien Dieu est loin au-dessus de ce qu’ils disent! Mais c’est cela
qu’il nous faut maintenant réfuter, sans en négliger les inconvenances
et les invraisemblances. Nous disons donc:
1 - Les Jacobites
Ils
croient que Dieu a créé l’humanité de Jésus ceci: que Dieu a eu avec
cette humanité une connexion semblable à celle de l’âme et du corps.
Ensuite de cette connexion est sortie une troisième substance, distincte
de chacune des deux premières, composée de nature divine et de nature
humaine, douée de tous les atributs de l’une et de l’autre, en tant
qu’elle est à la fois Dieu et homme. En établissant cette substance, ils
sont tombés dans des absurdités blasphématoires qu’ils auraient mieux
fait de tenir cachées. Mais le sot, s’il manque de vergogne, en arrive à
dire tout ce qui lui plaît! Ils ont ainsi attribué à cette substance
tous les caractères essentiels de l’homme, avec tous ses tenants et ses
aboutissants (toutes les conséquences et tous les antécédents de son
essence), et tous ses attributs, ainsi que tout ce qui est requis pour
la nature de Dieu et tout ce qui lui répugne et tant qu’il est Dieu. Ils
ont affirmé enfin que cette substance était différente de chacun des
deux éléments, quoiqu’elle eût en commun avec l’un et l’autre tout ce
qui a été mentionné.
C’est le langage d’un homme dénué d’intelligence!
Cette
substance est celle qui est désignée par eux sous le nom de Christ, et
c’est là un égarement très grand et un abandon de la vérité évidente.
Vraiment, ils ressemblent, comme on dit, à celui qui s’étant mis à la
recherche d’un étalon en état de gestation se prend, de guerre lasse, à
rechercher des oeufs de coq!
En effet, ils ont voulu établir
entre l’essence divine et l’essence de Hadrat 'Issa, une connexion
pareille à celle qui relie l’âme au corps. Ne pouvant y arriver, ils ont
invoqué comme argument la simple possibilité logique, sans le secours
d’aucune raison qui entraîne l’assentiment. Mais comment peuvent-ils
prétendre prouver l’existence d’une chose qui, en fait, est impossible
et qui ne peut exister d’aucune manière?
Qu’il s’agisse d’une
chose impossible, la preuve en est que l’existence de toute substance
composée dépend de l’existence de ses parties et de leur combinaison
dans un rapport déterminé. Elle a ainsi besoin pour exister de
l’existence de ses parties composantes. Et chacune de ses parties, pour
être ce qu’elle est, c’est-à-dire partie, avec ses qualités de partie,
entrant dans une composition spéciale, a besoin de s’adjoindre d’autres
parties. Or, l’hypothèse ici est que l’une des parties de cette
substance est la nature divine, l’autre étant la nature humaine, et
c’est cette dernière qui confère à la nature divine d’être partie et
d’entrer en composition spéciale, en s’adjoignant à elle comme partie,
puisque c’est par cette opération qu’a été obtenu l’ensemble dont nous
avons parlé.
Ainsi la nature divine aurait besoin de la nature
humaine, ce qui est impossible et manifestement erroné. Si encore on ne
veut pas signifer par “composition” une composition par compénétration,
union ou juxtaposition! Si c’est quelque chose de ce genre que l’on
avait voulu dire, l’égarement, serait plus pernicieux encore. On dira
peut-être également, avec certains esprits stupides, que la nature de ce
composé nous échappe. A cela, nous répondrons qu’abandonner les
principes d’une saine raison pour en appeler à de l’inintelligible,
c’est proprement sottise et faiblesse d’esprit.
Nous ajoutons:
il est clair que si Dieu le Très-Haut a créé cette nature humaine, puis
s’y est manifesté en s’unissant à elle, il Lui est donc survenu, après
cette création, un attribut nouveau, à savoir celui de s’unir à cette
nature humaine et de se manifester en elle. Or nous disons: si cet
attribut est un attribut nécessaire, il ne peut être qualifié de
contingent (Nous traduisons par “contigence” le mot arabe
pour plus de commodité. Le sens des deux mots est d’ailleurs très
voisin et à l’origine c’était bien la signification du Latin
“contingere”. “Mumkin-ul-Vujud” signifie l’existence ou non-existence);
s’il était seulement contingent, on ne pourrait l’attribuer au Créateur,
car les attributs du Créateur sont tous nécessaires.
En effet,
toute chose dont la non-existence entraîne une contradiction, existe
nécessairement. Or, quant aux attributs de Dieu, leur non-existence
entraînerait nécessairement une contradiction manifeste.
On
pourra objecter: “Si cette conclusion s’imposait, la création du monde
serait impossible, bien plus celle d’une seule créature, car si Dieu
créait une seule créature, il Lui surviendrait un attribut nouveau, à
savoir sa qualification par sa création, et voilà ainsi ramenée la
précédente contradiction”.
On y répond que cela ne s’ensuit
d’aucune manière, car ce qu’on veut signifier en disant que Dieu est
Créateur, c’est qu’IL décrète la création de toute éternité et cet
attribut est en Lui de toute éternité. Quand donc IL crée une créature,
la science qu’il en a au moment de sa création et la puissance qu’IL a
de la produire à ce moment, sont l’une et l’autre en Lui de toute
éternité. Il n’y a donc de produit dans le temps que l’existence de la
créature et cette existence n’est pas un attribut qui se toruve dans
l’essence divine, mais dans l’essence de la créature. Quant à la
relation de l’existence à l’action de la puissance divine sur elle, au
moment où elle est créée, cette relation rentre dans la catégorie des
“Rapports et Relations”. Or les rapports comme les relations ne sont pas
des réalités existantes. Ainsi le fait d’être au dessus ou au-dessous,
d’être Père ou fils. Ce sens est clair, tandis que ce qu’ils prétendent
plus haut ne l’est pas: en effet, si la divinité s’unit à la nature
humaine, cette union serait un attribut appartenant à l’essene divine.
Comme Allahu ta’âlâ est bien loin de cela!
Mais supposons même
l’existence de cette substance. En faire alors une troisième substance
distincte de chacune des natures divine et humaine, revêtue de tous les
attributs nécessaires à chacune d’elles, de toutes les conséquences, de
tous les antécédents, de tous les attributs de la nature de l’homme, en
tant qu’il est homme, d’une part, et de l’autre de tout ce qu’il faut
attribuer à Dieu comme Dieu, de tout ce qu’il faut en écarter comme
incompatible avec la divinité, pareil langage est contradictoire et
personne ne peut prétendre à le prouver.
La preuve en est que
l’on ne qualifie une chose par un attribut que si cette qualification
est possible. Cela établi, on ne peut appliquer tout ensemble à cette
substance les lois de la nature divine et de la nature humaine; car tout
ce que requiert la nature divine en fait d’attributs et autres
prérogatives, qui Lui sont propres en tant qu’elle est divine, et qui la
distinguent du reste, tout cela si la troisième substance la possédait
aussi, il s’ensuivrait qu’elle devrait se confondre avec cette nature
divine elle-même. Il faudrait en dire autant de la nature humaine, car
cette troisième substance est commune aux deux natures, participe à
toutes les conséquences, à tous les antécédents de chacune de ces deux
natures, à toutes les propriétés qu’elles possèdent en tant qu’elles
sont nature divine et nature humaine, selon ce qui a déjà été dit.
En
effet, ceci posé, si l’on établissait par ailleurs la distinction entre
ces substances, il s’ensuivrait qu’on attribuerait à quelque chose
toutes les notes essentielles à l’homme, constitutives de sa substance,
avec tous ses accidents nécessaires et tous ses accidents distinctifs,
et l’on supposerait pourtant que c’est une substance différente de la
substance humaine. Quelle évidente absurdité! En effet, si tous les
éléments essentiels à l’homme et qui le constituent, si tous les
accidents qu’il possède en tant qu’homme, se trouvaient réunis dans un
sujet, ils lui conféreraient nécessairement la nature humaine et ne
permattraient d’y admettre aucun caractère étranger. Sinon, elles ne lui
appartiendraient pas en tant qu’homme, conformément à l’hypothèse. Ce
serait là une contradiction.
Par ailleurs, si cette troisième
substance était une nature divine parfaite, elle aurait les attributs de
la nature divine parfaite. Or, parmi ces attributs de la divinité
parfaite, il y a celui de n’être point composée, partie de divinité et
partie d’humanité. Car il s’ensuivrait alors nécessairement que
l’essence divine aurait besoin de l’homme pour exister, et qu’elle
serait précédée dans l’existence et par lui et par elle-même. Ceux qui
ne sont pas frappés par des erreurs aussi manifestes tiennent une vérité
aussi fabuleuse que le Griffon!
Si l’on venait à dire: cette
critique vaudrait si nous dotions cette troisième substance de tout ce
que réclame la divinité, attributs et le reste, et de ce qui rentre dans
la nature humaine, prise comme substance. Mais si nous appliquons à
chacune des natures humaine et divine, les caractères et attributs qui
lui appartenaient avant la composition, pourquoi contestez-vous que cela
soit possible?
Nous répondons: Ces qualifications, nécessaires à
chacune des deux natures, en tant que divine et humaine, prises en
dehors de l’état de composition ne peuvent s’appliquer à cette troisième
substance. En effet, ce serait là spécifier un élément séparé, en tant
que séparé. Mais si l’on considère ces qualifications dans le composé,
il n’est plus possible qu’elles aient toutes subsisté après la
composition. Car, si tout ce qui est requis pour chacune des deux
natures séparées en tant que telle, leur était demeuré après leur
composition, il faudrait que la troisième substance le possède aussi, et
l’on ne peut échapper alors à l’absurdité mentionnée, à savoir que la
troisième substance soit identiquement la nature divine et la nature
humaine, car elle partagerait avec elles deux tout ce qui est requis
pour chacune d’elle, en tant qu’elle est Dieu et en tant qu’elle est
homme.
Il est donc établi, par ce que nous venons de dire, qu’il
n’est pas possible de doter cette troisième substance des attributs
nécessaires pour chacune des natures divine et humaine, soit qu’on les
considère à l’état de composition, soit qu’on les considère à l’état
séparé.
Ce sont là des considérations très subtiles. Il faut les
bien comprendre. Celui de nos adversaires qui ignore la nature du
composé, pense qu’il peut échapper aisément à cette absurdité. Il croit
qu’il échappera à ces difficultés par des comparaisons. Mais ces
comparaisons ne valent pas pour le problème en question. Il dira: On
s’entend à attribuer à l’homme la corporéité, la sensibilité, la
croissance, le changement, la mortalité, la localisation dans l’espace;
on lui attribue aussi le langage, la perception de l’universel et de
l’individuel ainsi que l’intellection et bien d’autres choses encore
qu’il faut rapporter à l’âme. Or tous ces caractères ne sont pleinement
déterminés que si l’on considère à part le corps, et l’âme en tant que
tels.
Ce radotage est manifestement sans portée dans le cas qui
nous occupe ici. Ils croient que la troisième Substance est à la fois
homme parfait et Dieu parfait, et que tout ce qui appartient à l’homme
Lui appartient, et pareillement tout ce qui est de Dieu. Il faudrait
donc un exemple qui réponde exactement à cette doctrine. Pour cela il
faudrait démontrer qu’il est exact de dire de l’homme qu’il est une
forme séparée, qu’il n’est point un corps, ni vivant dans un corps, ni
circonsrit dans un lieu, qu’il est éternel, soustrait à la mort. Car ici
ils font appel à la philosophie. Il leur faudrait ainsi attribuer à
l’homme ce qui est attribué à l’âme en tant qu’âme, puis lui attribuer
également le contraire, c’est-à-dire ce qui est attribué au corps animé
en tant que corps, et dire alors que c’est un genre naturel que l’on
trouve réalisé dans des individus, divers par définition et par essence
et qu’en même temps c’est seulement une partie du genre et qu’il est
localisé, mobile, corruptible. A mon avis, celui qui s’obstine à doter
la troisième Substance de toutes les contradictions ci-dessus, celui-là
n’est pas loin de nier la nécessité logique elle-même et d’être
contraint d’admettre cela même qu’il nie. Y a-t-il, en effet, une
différence! Il est surprenant, vraiment, d’être aveuglé sur des
questions aussi claires. Et si l’on y croit malgré leur incohérence,
l’aberration est encore plus grande!
Si l’on dit: Tout cela
s’imposerait si le composé dont nous parlons, était par compénétration
et mélange. Mais nous entendons par la composition de cette substance
une composition morale qui revient à une relation morale entre la nature
divine et la nature humaine.
La réponse est que nous avons déjà
montré l’inutilité d’une pareille relation, pour le but qu’ils
poursuivent, la relation fût-elle générale ou limitée.
2 - Les Melkites
La
théorie ci-dessus, au sujet de la troisième Substance est attribuée au
système Jacobite. Quant aux Melkites, ils ont une théorie pire que
celle-là. Tu jugeras par toi-même, en l’entendant exposer, combien les
opinions de ces communautés font la risé des hommes raisonnables. Tu
verras aussi comment Allah a égaré par elles des gens qu’il a voulu
égarer, en les enfonçant dans leur coeur et dans leur esprit.
Nous
disons donc: ils croient que la nature humaine et la nature divine en
Jésus, sont deux natures distinctes et qu’il n’y a entre elles ni
mélange ni compénétration, mais que chacune d’elles garde tous les
attributs qui lui sont propres. Ils croient que le Messie est une
hypostase de la nature divine seulement, laquelle est une substance
simple, tirée des deux natures mentionnées et unie à l’homme universel.
Considère
donc l’incohérence de ce langage et son absurdité, et comment Dieu l’a
suggéré à l’esprit de ceux qu’il veut égarer et détourner de la vérité
manifeste. Ils considèrent ainsi la substance divine comme issue à la
fois de la substance de l’homme et d’elle-même, puis ils lui attribuent
une union avec l’Homme Universel, alors que l’Homme Universel n’a pas
d’existence hors de l’esprit. Elle serait donc unie à ce qui n ’a pas
d’existence objective, et il découlerait nécessairement d’une théorie
aussi honteuse que le Crucifié lui-même serait Dieu! Loin d’Allahu taâlâ
pareille chose.
Nous pouvons tirer de l’opinion qui vivent d’être mentionnée, le syllogisme suivant:
Le Christ a été crucifié;
Or, rien de ce qui a été crucifié n’est Dieu;
Donc rien du Christ n’est Dieu.
Ils
ne peuvent nier la majeure, car pour eux, la substance du Christ n’est
pas composée, et ce à quoi elle est unie n’a pas d’existence réelle hors
de l’esprit.
Cela reviendrait d’ailleurs à dire que le Christ
crucifié possède une relation à l’Homme Universal qui n’existe que dans
l’esprit. Mais cela n’écarte pas la difficulté à laquelle ils ont été
acculés.
En effet, nous avons déjà montré que les relations
n’ont pas d’existence propre. En outre, alors même que nous leur
reconnaîtrions l’existence, ce ne serait point là pour eux une
échappatoire car, ni aux relations, ni à l’Homme Universel, on ne peut
attribuer la crucifixion, ni la douleur.
Si l’on dit: Mais l’espèce universelle naturelle a une existence objective,
nous répondons: Si c’est cela qu’on veut dire, il faudrait alors que Dieu soit uni à chacun des hommes.
Si
l’on répond: Ce que l’on veut exprimer ici, c’est le privilège
particulier de la portion d’humanité prise par Jésus, en prescindant de
ses notes individuelles qui le distinguent des autres hommes,
nous
répondons: c’est là une considération toute conceptuelle qui n’a aucune
réalité objective. De plus la réalité de cette portion elle-même est
conditionnée par l’existence de ses notes individuelles. Cela revient
donc à l’union avec un homme individuel. Nous réfuterons cette opinion
sous peu.
En outre, si l’on s’imaginait que cette substance
divine est tirée de la substance humaine et de la substance de Dieu
Lui-même, il s’ensuivrait nécessairement que la cause qui a actualisé
cette substance divine avec tous les attributs qui lui revenaient alors
des deux autres substances, aurait précédé dans l’existence cette même
substance divine, ornée de tous les attributs mentionnés, et donc
l’existence de la substance divine ainsi qualifiée serait précédée par
l’existence de la substance humaine, comme aussi par sa propre
existence. Or, les attributs d’Allahu taâlâ sont des attributs
nécessaires et sont possédés de toute éternité par son essence. Mais
l’une des substances qui est la condition de l’existence de la substance
divine en possession des attributs mentionnés, se trouve être une
substance humaine dont la création dans le temps est chose indiscutable.
Comment serait-elle alors condition de ce qui existe de toute éternité?
Tout cela si l’on entend l’expression: “issue de” dans ce sens
que l’essence divine a acquis un nouvel attribut en créant l’humanité.
Mais si l’on voulait dire que les deux substances sont condition de
l’existence même de l’essence divine, ce serait là le langage d’un être
dénué de raison.
Cette théorie est celle de leurs anciens. Quant
aux modernes, ils disent identiquement la même chose, sauf pour
l’union. Ils disent, en effet, que le Christ possède une union avec un
homme particulier. Chez les deux partis, le “Christ” désigne l’hypostase
de la substance divine seulement. Et cette substance est pour les deux
partis également une substance simple, tirée des deux autres substances,
à savoir la substance de Dieu et l’humanité de Jésus. De plus ils
s’accordent à dire que chaque substance subsiste avec tous ses
attributs, sans mélange ni fusion, mais que chacune d’elles continue à
garder son essence propre. Quant au Christ qui est l’hypostase de la
substance divine seulement, ils déclarent qu’il a été crucifié. Ce
second parti aboutit ainsi inévitablement aux mêmes difficultés
auxquelles le premier a été amené.
Pour les premiers, il en a
été clairement question plus haut; quant aux seconds, comme ils
déclarent que le Christ est l’hypostase de la substance divine
seulement, et comme ils croient que cette substance divine n’est pas
composée, et qu’il n’y a entre elle et la substance humaine aucun
mélange ni fusion, et comme ils affirment avec cela sa crucifixion, il
faut donc nécessairement que le Crucifié soit Dieu lui-même.
Si
l’on dit: chacun des deux partis affirme qu’il y a union. Pourquoi donc
la crucifixion ne se rapporterait-elle pas à l’autre terme de l’union?
Nous
répondons: Cette théorie, ils ne peuvent l’établir en aucune manière.
Les anciens, parce que l’autre terme de l’union n’a de réalité que dans
l’esprit et parce que la substance du Christ, pour eux, n’est pas
composée. Les modernes, eux, disent aussi la même chose. L’union chez
eux, à un homme particulier, revient à une relation, et il est
surprenant de les voir attribuer la crucifixion au Christ, alors qu’il
est l’hypostase de la substance divine seulement.
Ils
reconnaissent ensuite que cette union n’est pas compréhensible dans sa
nature. Comment est-il donc permis à un homme raisonnable d’attribuer la
crucifixion à Christ qui est l’hypostase de la substance divine
seulement, et de se déclarer par ailleurs ignorant de la nature de cette
union, alors que l’on s’était basé sur la connaissance que l’on en
avait, pour rapporter la souffrance à l’Homme et de se garder de
l’attribuer à Dieu!
Le plus fort en tout cela, c’est ce recours à
ce dont on ignore la nature, alors qu’il s’offre une issue toute
indiquée pour échapper à cet aveuglement; Quelle excuse invoque-t-il
donc celui qui s’imagine s’attacher au sens littéral, à cause des
passages indiquant l’union ou à cause des prodiges accomplis par la main
du Christ? C’est l’aveu d’une ignorance qui est de nature à voiler la
vérité.
Mais celui qui ignore les postulats de la Science et n’y
trouve point une lumière pour le garder de l’erreur, en vient
facilement à soutenir de pareilles théories.
Joa.11 41-42
Jo. 17-11
Matt. 26-39
Mc. 15-34
Mc. 13-32
Jo 8-39
Jo. 8-40
Act. 2-22
Pour
l’union, nous avons déjà dit qu’elle s’appliquait à d’autres que Hadrat
'Issa, et nous l’avons établi de la manière la plus claire. Quant aux
prodiges accomplis par ses mains, par voie de demande et de prière, on
en a reconnu de semblables chez d’autres que lui parmi les prophètes.
Comment d’ailleurs le nierait-on? Il implore et prie pour ressusciter
Lazare, quand ayant levé les yeux au Ciel, il dit: “Père,
je te rends grâce parce que tu m’exauces, et je sais que tu m’exauces
en tout temps, mais à cause de cette foule présente afin qu’ils croient
que tu m’as envoyé”. Il demande à Dieu le Très-Haut, qui Seul peut l’accorder, de sanctifier ses disciples et de les garder, en disant: “Sanctifie-les dans ta vérité, et garde-les en ton Nom que tu m’as donné”. Et encore il prie et implore, ne sachant s’il pourra échapper à la Croix, lorsqu’il dit: “Si c’est possible, que ce calice s’éloigne de moi. Cependant non selon ma velonté, mais selon la tienne”. C’est lui qui interroge son Dieu et lui demande pourquoi IL l’a abandonné, il dit: “Eloï, Eloï [mon Allah] pourquoi m’as tu abandonné?” Il se défend de posséder la connaissance qui appartient à Dieu Seul, en disant: “Quant à ce jour et à cette heure... ni le Fils, mais le Père seul”. Il proclame ouvertement sa qualité d’homme et d’envoyé en disant: “(Moi), un homme qui vous ai parlé de la Vérité que J’ai entendue de l’Eternel”. Il conforme ses jugements à ce qui lui est ordonné: “Je parle suivant que le Père m’a prescrit”.
A lui, il est rendu témoignage par la bouche d’un de ses principaux
disciples, qui fait son éloge pour les prodiges que Dieu accomplissait
par ses mains: “Jésus de Nazareth
(La petite ville où ‘Îsâ aleihissalâm naquit.) est cet homme qui a paru
au milieu de vous accomplissant les prodiges et les signes que Dieu
opérait par lui”.
Puisque telle est sa condition,
comment un homme raisonnable peut-il recourir à ce dont il ignore la
nature, alors qu’il lui serait facile de comprendre, et comment
repousse-t-il ce qui est suivant la raison et la tradition?Ê
3 - Les Nestoriens
Quant
aux Nestoriens, ils disent que l’union a eu lieu dans la volonté. C’est
là un langage vague qu’il faut préciser. S’ils veulent dire par là que
la volonté de Î’sa (aleihissalâm) est conforme à la volonté d’ Allahu
ta’âlâ pour les cinq catégories d’actes, ne se séparant d’elle en rien
de ce qui est prescrit ou défendu, ni en ce qui est recommandé, condamné
ou permis, cela est vrai aussi de tous les prophètes et même des saints
qui ne sont cependant pas au rang des prophhètes.
Mais s’ils
veulent dire au contraire que toute chose sur laquelle se porte la
volonté divine, la volonté du Christ s’y porte également, c’est une
erreur qu’un homme raisonnable ne saurait même concevoir, encore moins
tenir pour une croyance.
En effet, comment avoir pareille
prétention, alors que la volonté divine avait résolu, d’après eux, la
crucifixion du Christ, crucifixion que lui (Allahu ta’âlâ n’avait pas
voulu, à l’étérnel passé, la crucifixion de 'Issa (as). Au lieu de
Hadrat 'Issa on avait crucifié Judas transformé en 'Issa par Dieu le
Très-Haut. Il était l’un des douze apôtres; mais ensuite il trahit ‘Îsâ
alehissalâm et ainsi il fut renégat. ) ne voulait pas, à laquelle sa
volonté se refusait. A preuve sa prière, où il demande à Allahu ta’âlâ
d’écarter cela, en lui disant: “Si c’est possible, que ce calice s’éloigne de moi, cependant non selon ma volonté, mais selon la tienne”!
Il y exprime clairement la divergence entre les deux volontés. De même
sa plainte douloureuse lorsqu’il s’informait du motif par ses paroles: “Eloï Eloï [mon Allah], pourquoi, m’as-tu abandonné?” qui montrent bien que ce motif, il l’ignorait.
En outre celui qui ignore ce que sera un événement, comment sa volonté peut - elle en désirer l’accomplissement?
Or,
l’on sait que la volonté du Christ, a désiré que tous les enfants
d’Israël se mettent à sa suite et se rallient autour de la vérité. C’est
là d’ailleurs le cas de tous les Prophètes chargés de guider les
peuples. Or, la volonté de Dieu n’avait point le même objet, mais
l’objet contraire, puisqu’en fait le premier ne s’est pas réalisé! De
même pour l’Heure: La volonté divine a décidé qu’elle viendrait à un
moment déterminé, alors que le Messie ignore quel est ce moment fixé.
Comment peut-il donc y attacher sa volonté? De plus, il s’est dirigé
vers le figuier. La volonté divine a voulu qu’il s’y dirigeât alors que
l’arbre ne portait pas de fruits; mais le Messie, lui, s’y est dirigé,
ignorant le véritable objet de cette volonté divine. Pareils faits sont
nombreux. Qu’on les cherche aux endroits où ils sont. Nous nous
abstenons ici de nous y étendre, uniquement parce que c’est chose facile
à trouver.