Ibn Taïmiya (m. 728/1328) répond à Benoît XVI
première partie
Rappelons les faits : au cours d’une conférence que le
Pape
Benoit XVI a donnée en Allemagne à l’université de Regensburg dans
laquelle il a enseigné, ce dernier a fait la déclaration suivante –nous
ne voulons entrer dans certaines considérations sur lesquelles portait
son discours, alors nous irons droit au but – :
«
L’empereur en arrive à parler du thème du jihad », « l’empereur
savait certainement que dans la sourate II, 256, il est écrit pas de
contrainte en matière de foi – c’est l’une des sourates primitives
datant de l’époque où Muhammad lui-même était privé de pouvoir et se
trouvait menacé. Mais l’empereur connaissait aussi les dispositions
inscrites dans le Coran – d’une époque plus tardive – au sujet de la
guerre sainte ».
En d’autres termes, le chef du « Saint Siège » estime que le Verset 256
de la Surate la vache est pré-hégirienne (autrement dit de la période
mecquoise), ère à laquelle le Jihâd n’était pas encore légiféré. Il
sous-entend ainsi que l’Islam tolère en la personne de Muhammad (r) la
présence des autres cultes pour des raisons de conjonctures, étant
donné qu’il ne fut pas suffisamment puissant pour forcer aux hommes de
se convertir par le glaive. S’il est vrai que les dispositions du Jihâd
fut inscrites dans le Coran en plusieurs étapes et s’il est vrai
également que le Législateur tient compte de certaines conjonctures
afin que celui-ci soit en vigueur, il n’en demeure pas moins que la
raison pour laquelle il fut légiféré est bien différente comme nous
allons le démontrer, de celle sous-entendue par le premier homme du
Vatican.
Voyons plutôt ce que Sheïkh el Islam ibn Taïmiya pense de ses
propos à travers une réponse qui comme chacun a pu le constater, est
anachronique :
La Surate la vache est médinoise dans son ensemble ; celle-ci comprend
plus d’un Verset qui commande le Jihâd dont notamment : (Il vous a été
prescrit la guerre). Comment oser dire dès lors que le Verset en
question (le Verset 256 en l’occurrence ndt.) s’inscrit dans le temps
bien avant l’institution de la guerre. Par ailleurs, le « contexte de
la révélation du Verset » nous apprend que l’événement auquel il se
rattache eut lieu après que la guerre fut légiférée. Les spécialistes
relèvent quatre hypothèses concernant cet événement ; chacune confirme
qu’il eut bien lieu avant l’ordre de combattre un ennemi quelconque.
Ibn ‘Abbâs et d’autres exégètes nous en relatent la plus célèbre. Selon
ces derniers en effet, une femme parmi les Ansâr était stérile (Miqlât
: qui ne garde pas ses enfants). Celle-ci fit le vœu si elle gardait un
enfant vivant de le convertir à la religion juive, car contrairement
aux païens, les juifs détenaient entre leurs mains un Livre Sacré. Ils
étaient ainsi plus proches du savoir et de la religion que les arabes.
Quand la tribu juive de Banû e-Nadhîr fut expulsée de Médine, il y
avait dans leurs rangs certains enfants des Ansâr dont les pères se
sont alors écriés : « Cher Messager d’Allah ! Nos enfants ! » Dès lors,
le Verset en question fut révélé.[1]
Ne nous détrompons pas, le chef de l’Église catholique romaine est un érudit. De deux choses l’une, soit le
Pape est ignorant car qui ne dit mot consent, auquel cas nous lui rappelons les paroles du poète :
Toi, si tu ne le savais pas c’est déjà un malheur
Mais tu le savais, alors c’est encore pire
Soit il détourne sciemment la vérité… mais revenons à notre propos :
Sheïkh el Islam ibn Taïmiya démontre dans certains passages de ses
divers ouvrages, que le Jihâd appelé Guerre Sainte par certains
orientalistes n’a nullement pour vocation d’exterminer les non
musulmans ou de les convertir par la force. Il souligne en effet :
Si l’essence de la guerre légitime s’incarne à travers le Jihâd, qui a
pour ambition de rendre la religion entière au Seigneur et de rendre Sa
parole la plus Haute, quiconque constitue une entrave à ce dessein doit
être combattu à l’unanimité des musulmans.[2] Au début, le Prophète (r)
a reçu l’ordre de combattre les mécréants avec la parole sans utiliser
les mains. Il se concentrait sur le Prêche à travers le sermon et la
polémique effectuée dans les limites de la bienséance. Son grand combat
d’alors fut de fustiger ses adversaires avec les Versets du Coran. Il
ne devait pas cependant avoir recours aux armes étant donné que les
musulmans se trouvaient dans une situation de faiblesse. Par la suite,
il émigra à Médine où il trouva un soutient. Dès lors, il reçut le
droit de se défendre. Puis, lorsque les musulmans devinrent une
puissance, la guerre leur fut prescrite. Ils n’avaient pas le droit
toutefois de s’attaquer à des tribus avec lesquelles ils étaient liés
par des accords de paix ; ils ne pouvaient se permettre dès lors de
combattre tout le monde. Après qu’Allah ait conquis la Mecque, que la
guerre contre les Quraïshites qui étaient les rois des arabes pris fin,
et que les délégations de la Péninsule se rendaient à Médine pour
annoncer leur conversion, le Très-Haut donna l’Ordre à Son Prophète (r)
de déclarer la guerre à tous les infidèles.[3]
Les Khalifes après lui en les personnes d’Abû Bakr et de ‘Omar, à la
tête des Muhâjirîns (émigrés mecquois) et des Ansârs (auxiliaires
médinois) encore vivants à leur époque, qui sont ses partisans les plus
fidèles, les plus obéissants, et les plus respectueux envers ses
engagements, ont ouvert un front contre les romains (byzantins ndt.) et
un front contre les perses (sassanides ndt.). leurs deux ennemis de
l’époque étaient les « gens du Livre » et les mazdéens. Ils
combattaient uniquement ceux qui les combattaient. Sinon, la Jiziya (le
tribut) fut soumise à l’ennemi qui s’y résignait ; ils devaient la
remettre en main propre en signe de soumission.[4] Quand ‘Omar ibn el
Khattâb a conquis le Shâm, il prit de ses habitants la Jiziya qu’ils
devaient remettre de main en main en guise de soumission. beaucoup
d’entre eux dont Seul Allah (I) en connaît le nombre ont embrassé
l’Islam. la plupart du commun des gens, des paysans, et autres étaient
chrétiens.
Les musulmans ne savaient pas cultiver la terre et ils avaient une
seule mosquée où se réunir à Damas tellement ils étaient peu nombreux.
Par la suite, la plupart des habitants du Shâm et d’autres contrées se
sont convertis de leur propre gré, non par la force ! il n’est pas
permis en effet de soumettre par la force les Dhimmis à l’Islam comme
le stipule le Verset : (nul contrainte en religion. Le droit chemin
s’est distingué de l’égarement. Quiconque renie les Tâghût (Tyrans) et
croit en Allah, il se sera attaché à un lien bien solide qui ne peut se
dénouer • Allah est l’Allié des croyants, Il les sort des ténèbres pour
les mener à la lumière. Quant aux mécréants, ils sont les alliés des
Tâghût qui les sortent de la lumière pour les mener aux ténèbres ;
ceux-là sont les habitants de l’Enfer dans lequel ils demeurent à
jamais).[5]
Ainsi, selon le Verset suivant : (Combattez sur le sentier d’Allah ceux
qui vous combattent mais ne transgressez pas les limites),[6] il n’est
pas permis de s’en prendre à des innocents.[7] Parmi les limites à ne
pas transgresser, il y a notamment le meurtre des femmes et des
enfants, et de faire la guerre à des peuples qui n’ont pas pris les
armes.[8] La guerre fut légiférée en cas de nécessité dans le sens où
si les hommes avaient cru aux Versets et aux preuves évidentes du
Coran, il n’y aurait pas eu besoin d’en venir aux armes. Il incombe
donc de manière absolue et principale de présenter aux hommes le
message de l’Islam. Quant aux Jihâd, il est uniquement légiféré en cas
de nécessité.[9] Si l’Islam considère comme un forme de corruption sur
terre de s’attaquer gratuitement à la végétation et aux animaux, il est
beaucoup plus scrupuleux concernant la vie humaine.[10]
Par conséquent, si Allah (I) autorise à prendre la vie de certains
hommes, c’est dans le but de réformer l’humanité, comme le formule le
Verset : (La tentation est pire que le meurtre).[11] Autrement dit,
s’il est vrai que la guerre engendre le mal et le désordre, la
tentation dont font preuve les mécréants constitue un plus grand mal et
un plus grand désordre. C’est pourquoi, si quelqu’un ne cherche pas
spécialement à empêcher aux musulmans d’établir la religion d’Allah sur
terre, les méfaits de sa mécréance ne reviennent qu’à lui-même.[12]
Ainsi, la condition de pouvoir combattre une personne, c’est qu’elle
prenne les armes.[13] Il n’est pas permis de tuer un mécréant d’origine
(contrairement à l’apostat) qui ne prend pas part au combat selon la
plupart des savants à l’instar d’Abû Hanîfa, de Mâlik, et d’Ahmed.[14]
Il ne faut pas tuer quiconque ne participe ni de près ni de loin aux
hostilités tel que les femmes, les enfants, les moines, les aveugles,
et les vieillards conformément à la tendance de la majorité des
savants,[15] contrairement à ceux qui associent leur voix ou qui
prêtent main forte aux combat à l’exemple de Hind et de certaines
autres femmes qui ont connu un sort tragique lors de la prise de la
Mecque.[16]
En principe, le sang humain est sacré ; il est interdit d’y toucher si
ce n’est pour une raison valable. Tuer une personne sous prétexte
qu’elle est mécréante n’est pas un principe sur lequel s’entendent les
différentes législations divines à travers les époques contrairement à
la mise à mort pour meurtre que s’accordent à reconnaître la religion
et la raison.[17] Le jour de la Conquête de la Mecque, le Prophète (r)
a laissé en vie tous les combattants ennemis à l’exception de certains
d’entre eux qu’il n’a pas épargné et dont le crime ne pouvait rester
impuni comme celui de ‘Abd Allah ibn Khatal. Ainsi, il ne tuait pas un
ennemi simplement sous prétexte qu’il était mécréant ou qu’il était en
guerre.[18]
Quant au Verset : (Tuez-les partout où vous les trouvez),[19] celui-ci
revient deux fois dans le Coran dont notamment à la suite du Verset
[que nous avons évoqué précédemment] : (Combattez sur le sentier
d’Allah ceux qui vous combattent mais ne transgressez pas les limites •
Tuez-les partout où vous les trouvez et sortez-les d’où ils vous ont
sorti)[20] (…) tout homme armé qui s’attaque aux croyants doit être tué
là où il se trouve. La sentence qui le concerne ne s’applique pas
uniquement au champ de bataille. Toute personne parmi les combattants
ennemis qui sème la terreur au milieu des musulmans doit périr par les
armes qu’il soit debout, assis, ou couché, et même s’il est prisonnier.
Le Prophète (r) a exécuté plus d’un prisonnier à l’exemple de ‘Uqba ibn
Abî Mu’aït, et e-Nadhr ibn el Hârith. Par ailleurs, Sa’d ibn Mu’âdh a
prononcé contre les Banû Quraïzha lorsque ces derniers se sont rendus à
son jugement, d’exécuter les combattants et de capturer les femmes et
les enfants. Deux cent combattants furent exécutés.[21]
En fait, l’Imam a le choix concernant le sort des prisonniers, entre
les exécuter, les mettre en captivité, les libérer, ou les échanger
contre une rançon. Son choix va dépendre de l’intérêt supérieur des
musulmans.[22] Il est permis de tuer (sans condition contrairement aux
dissidents musulmans pour lesquels l’expédition punitive est soumise à
certaines restrictions) tout ennemi non musulman même s’il est fait
prisonnier parce qu’il a tenu les armes mais aussi pour prévenir contre
toute nuisance à venir. Rien ne lui empêche à l’avenir en cas de
libération ou de demande de rançon, de causer du tort aux
musulmans.[23] Dans le cas des Banû Quraïzha, le Législateur savait
qu’à l’avenir les musulmans n’étaient pas en mesure d’empêcher le mal
immense qu’ils cogitaient contre l’Islam.[24]
Par ailleurs, le Prophète (r) et les croyants qui étaient avec lui
faisaient prisonniers des hommes et des femmes parmi les païens ; il ne
leur a jamais imposé de se convertir sous la contrainte. Il a en effet
capturé Thumâma ibn Aththâr qui était polythéiste, il l’a ensuite
libéré sans ne l’avoir jamais contraint à l’Islam. Il s’est d’ailleurs
converti de lui-même. Certains prisonniers de la bataille de Badr ont
connu le même destin que lui. Quant aux femmes captives, celles-ci
furent nombreuses mais le Prophète (r) n’a jamais imposé à l’une
d’entre elle de se convertir ; il ne l’a fait ni pour aucune femme ni
pour aucun homme.
Le jour de la Conquête de la Mecque, il a laissé ses habitants libres
et n’a pas cherché à les convertir par la force. Il les a relâchés
alors qu’ils s’étaient rendus. C’est pourquoi, ils furent appelés les
Tulaqâ (les libérés), qui sont les convertis de la Grande Conquête. Le
terme libéré vient en opposition à celui de prisonnier. Cela prouve
qu’ils furent bel et bien prisonniers ; il les a libérés comme on
libère des prisonniers, et sans les contraindre à la religion
musulmane. Safwân ibn Amaïya et tant d’autres qui étaient restés
polythéistes ont rejoint les rangs des musulmans à la bataille de
Hunaïn. Ils n’ont reçu aucune menace mais ils se sont convertis par la
suite de leur plein gré. Y-a-t-il plus éloquent pour affirmer qu’il n’y
eu aucune conversion forcée ! Nul n’est en mesure de prouver qu’un seul
homme fut invité à embrasse l’Islam sous la menace, qu’il s’y soit
soumis ou non.
D’ailleurs, il n’y a aucun intérêt à ce qu’un tel individu se
convertisse, mais nous devons plutôt recevoir la conversion de celui
qui l’exprime même si nous pensons qu’il l’ait fait par crainte de
l’épée, à l’exemple des païens ou des adeptes du Livre qu’il est permis
de tuer sur le champ de bataille. À partir du moment où l’un d’eux
extériorise sa conversion, son sang et ses biens deviennent sacrés,
conformément aux paroles du Prophète (r) : « J’ai reçu l’ordre de
combattre les hommes jusqu’à ce qu’il atteste qu’il n’y a de dieu en
dehors d’Allah et que Mohammed est le Messager d’Allah. S’ils
l’attestent, ils se préservent contre moi leur sang et leurs biens sauf
ce que le droit en réclame, et leur compte revient à Allah. »[25] Il a
en outre reproché à Usâma ibn Zaïd de tuer un homme en plein champ de
bataille alors qu’il s’était converti. Pourtant, Usâma maintenait que
sa victime s’était soumise à l’Islam sous la pression de l’épée.[26]
Or, il y a une différence entre le fait que le Prophète (r) puisse ou
que quelqu’un puisse forcer l’ennemi à se convertir et le fait de leur
faire la guerre en vue de parer à leur injustice et à leur animosité
contre la religion. Une fois converti, la personne compte parmi les
membres de l’Islam, il n’est donc plus permis de la combattre. Ainsi,
si le Prophète (r) savait que quelqu’un ne causait aucun tord à la
religion et à ses adeptes, il évitait de s’en prendre à lui, que ce
dernier adhère à la religion du Livre ou non (…)
le Prophète (r) ne
s’est jamais attaqué au non musulmans avec lesquels il avait noué un
traité de paix. Les ouvrages sur la biographie prophétique, de Hadith,
d’exégèse, de Figh, et sur les expéditions prophétiques témoignent de
cette réalité communément transmise. Il n’a jamais pris l’initiative
des hostilités contre quiconque ; si Allah lui avait imposé de tuer
tous les mécréants, il leur aurait alors déclenché la guerre sans
sommation.
Quant aux chrétiens, il n’a jamais combattu l’un d’entre eux en vue
qu’il se convertisse. Il envoya ses messagers après l’accord de paix
conclu à el Hudaïbiya aux rois de la terre afin de les inviter à
l’Islam. Il fit transmettre un courrier à Khosro (empereur Sassanide
ndt.), César (l’empereur romain qui fut Héraclius à cette époque ndt.),
el Muqawqas (le roi d’Égypte ndt.), le Négus (le roi d’Abyssinie ndt.),
et les rois arabes des régions du Nord et du Shâm. Une partie des
chrétiens et d’autres ont alors embrassé l’Islam. Les armées
chrétiennes ont alors fait route vers le Shâm où ils ont éliminé à
Ma’ân certains convertis parmi leur élite.
Ce sont les chrétiens qui ont ouvert les hostilités contre les
musulmans à travers une campagne inique d’élimination de tous ceux qui
avait renoncé à leur religion. Le Prophète (r) n’a fait qu’envoyer des
courriers dans lesquels il invitait les peuples à embrasser la nouvelle
religion de leur plein gré non par la force. Il n’a forcé personne à le
faire. En réaction à l’hostilité des chrétiens, il fit sortir ses
troupes à la tête de Zaïd ibn Hâritha ; le martyre lui fit remettre
l’étendard à Ja’far puis celui-ci revint à ibn Rawâha. La première
bataille qui eut lieu entre les musulmans et les chrétiens se déroula à
Mu-ta dans les terres du Shâm où une grande armée chrétienne s’était
réunie.[27]
Quant à la Jiziya, elle permet au non musulman de préserver son sang.
Le glaive ne sert nullement à éliminer les mécréants comme il ne peut
les préserver contre les châtiments de l’Au-delà. Il sert plutôt à
parer à leur mal et à leur tentative de détourner les hommes de la
vraie religion. La seule façon de remédier à ce mal, c’est de les
soumettre au tribut. En les Soumettant à un pacte de dépendance, ils ne
s’attaqueront plus à l’Islam ni par la parole ni par les actes. Par
ailleurs, les Dhimmîs ne participent pas à la guerre, ce sont plutôt
les musulmans qui défendent leurs biens et leur vie contre un ennemi
éventuel. Le tribut est une sorte de butin qui permet d’entretenir les
armées musulmanes ; en cela, c’est une marque de bienfaisance envers le
vaincu.[28] Ainsi, le sang est préservé soit par l’adhésion à l’Islam
soit par le tribut et l’état de soumission. Soit l’individu se soumet à
l’adoration du Seigneur soit il devient utile aux musulmans. Le croyant
remplit son devoir en adorant Allah et le non musulman est utile au
croyant en lui versant ce qui permet de compenser (du moins sur terre)
sa non soumission au Tout-Puissant. Il fut épargné ainsi dans l’esprit
qu’Allah le guide et qu’il se repentît. Les « gens du Livre » plus
particulièrement détiennent la preuve dans leurs écriture de la
prophétie de Mohammed (r) ; cet intérêt en lui-même justifie de les
épargner. Vouloir les punir à cause de leur mécréance, ne remédie en
rien à leur situation quoi que haïssable. [29]
En conclusion :
Certains font un amalgame lorsqu’ils comparent Jésus le prophète de
l’amour et Mohammed le prophète de la haine car l’Islam est la religion
du corps et de l’esprit, du spirituel et du temporel, du culte et de
l’état, du Livre et du sabre, de l’amour et de la rigueur. Loin d’être
utopiste, la dernière des Grandes Religions est dans son prosélytisme,
pragmatique et rationnelle. L’amour et la haine sont en fait deux
sentiments aussi inhérents à l’homme que les deux ailes d’un oiseau,
s’il en manque une, il ne peut s’envoler. Il est aussi ridicule de
condamner le concept du Jihâd –sous sa forme originelle bien sûr – que
de condamner la présence de l’armée française sans laquelle le drapeau
national ne pourrait arborer les murs de l’Élysée.
Quand aux nouveaux penseurs musulmans, sous couvert de défendre
l’Islam, ces néo-rationalistes essayent d’adapter ses textes
scripturaires à la pensée moderne qui signifie en fait la pensée
européenne contemporaine. Cette approche n’est en rien objective et est
encore moins fidèle à l’esprit critique car la rigueur scientifique
veut d’étudier un phénomène selon ses sources non selon la
représentation qu’on s’en fait ou qu’on veut lui donner. Ce n’est pas
de cette façon que l’on mène le troupeau Yâ Za’d !
Quand à la Raison, nous disons au
Pape
que la raison saine ne s’oppose nullement à la vraie religion mais
celle-ci à ses limites, elle ne peut transcender les voies du ciel qui
sont impénétrables mais le sujet est long, il faudrait si Dieu nous
prête vie y consacrer une étude à part, mais certes Dieu Seul le sait !
Deuxième partie
…quand l’hôpital se moque de la charité : Le successeur de Jean-Paul II poursuit :
«
Sans entrer dans des détails comme le traitement différent des «
détenteurs d’Écritures » et des « infidèles », il s’adresse à son
interlocuteur d’une manière étonnamment abrupte – abrupte au point
d’être pour nous inacceptable –, qui nous surprend et pose tout
simplement la question centrale du rapport entre religion et violence
en général. Il dit :
« Montre moi ce que ******* a apporté de nouveau et tu ne trouveras que
du mauvais et de l’inhumain comme ceci, qu’il a prescrit de répandre
par l’épée la foi qu’il prêchait » (3). Après s’être prononcé de
manière si peu amène, l’empereur explique minutieusement pourquoi la
diffusion de la foi par la violence est contraire à la raison. Elle est
contraire à la nature de Dieu et à la nature de l’âme. « Dieu ne prend
pas plaisir au sang, dit-il, et ne pas agir selon la raison (‘s??
????’) est contraire à la nature de Dieu. La foi est fruit de l’âme,
non pas du corps. Celui qui veut conduire quelqu’un vers la foi doit
être capable de parler et de penser de façon juste et non pas de
recourir à la violence et à la menace… Pour convaincre une âme douée de
raison, on n’a pas besoin de son bras, ni d’objets pour frapper, ni
d’aucun autre moyen qui menace quelqu’un de mort… » (4) »
Le
Pape soulève ici diverses
questions qui s’entremêlent les unes aux autres et sur lesquelles une
mini introduction s’impose bien que notre premier article ait répondu à
certaines d’entre elles ; son discours est riche car les mots qui
émanent d’un érudit, ne s’y enchaînent pas par le simple fruit du
hasard et il est par la même très intéressant pour un observateur, de
se décarcasser quelque peu afin de remettre les pendules à l’heure.
C’est pourquoi, il convient de sectionner les idées qui y sont
exposées, pour mieux les décortiquer.
Le premier constat que l’on peut faire, c’est que son discours joue sur
les sentiments et enrobe les réalités par des artifices pour le moins
émotifs, qui ne résistent pas malgré tout à la critique. En outre, il
est très délicat de fustiger ce genre de discours, -en sachant qu’un
immense amalgame est fait au sujet de l’Islam dans l’esprit de certains
spécialistes[1] avant de l’être dans celui du « vulgaire » - si ce
n’est en l’opposant à un discours rationnel et objectif à la lumière du
savoir qui domine de sa lueur, les ténèbres de la passion. Il nous
faudrait donc plusieurs articles pour traiter les différentes questions
dont ce discours fait notion. Le premier point sur lequel porte la
réfutation d’ibn Taïmiya[2] consiste à montrer ce que Mohammed a
apporté de nouveau à l’humanité et s’il est vrai qu’on y trouvera que
du mauvais et de l’inhumain comme ceci, qu’il a prescrit de répandre
par l’épée la foi qu’il prêchait.[3] Faisons donc un tour dans
l’Histoire des hommes pour mieux comprendre, à travers une longue
analyse, qu’elle fut l’évolution de la religion d’Abraham, et quelle
part celle-ci a-t-elle eu dans le « choc des civilisations » :
Sheïkh el Islam ibn Taïmiya a dit : nous pouvons répondre à cela en plusieurs points :
Premièrement : il existe trois sortes de Loi céleste : une loi basée
sur l’excellence, une loi basée sur la justice, et une loi qui réuni à
la fois l’excellence et la justice dans le sens où elle ordonne la
justice et recommande l’excellence (à un niveau moindre). En ce sens,
le Coran offre la Loi la plus complète possible car il réuni entre la
justice et l’excellence. Nous ne contestons pas que Moïse (u) ait pu
ordonner la justice et recommander l’excellence comme le Messie
également ait pu le faire. Quant à prétendre que Jésus ordonnait
l’excellence et qu’il interdisait à l’opprimé de se faire justice ou
que Mûsû ne prônait pas la charité, c’est se méprendre au sujet des
différentes missions prophétiques. Nous pouvons avancer par contre que
la Thora est essentiellement basée sur la justice à l’inverse de
l’Évangile qui axe son message sur l’excellence. Le Coran pour sa part
a la particularité de proposer une harmonie parfaite entre ces deux
notions (ou encore de les utiliser à leur paroxysme ndt.)
Le Coran mentionne que les « bienheureux » seront les occupants du
Paradis ; les alliés de Dieu se partagent en deux catégories : il y a
les « vertueux modérés » et les « élus devanciers ». Le premier degré
s’obtient en s’imposant la justice qui consiste à observer les
obligations et à s’éloigner des interdictions divines. Le plus haut
degré cependant s’obtient uniquement par l’excellence ; cela consiste à
non seulement observer les obligations mais aussi les œuvres
recommandées ; en parallèle, il faut s’éloigner des interdictions mais
aussi des œuvres déconseillées. La religion musulmane est donc parfaite
car elle associe l’excellence et la justice. Par exemple, le Seigneur
(I) révèle : (Si vous devez punir, faites subir la même chose que l’on
vous a fait subir…), comme le réclame la justice, et quiconque ne s’y
conforme pas s’expose à une sanction sur terre et dans l’autre monde :
(…mais si vous voulez patientez, il vaut mieux être patients).[4] C’est
faire preuve d’excellence qui est simplement recommandé dans le sens où
un tel individu sera récompensé par le Très-Haut pour son attitude et
il pourra ainsi gravir les échelons de la piété, mais s’il choisit de
se venger il n’aura aucun grief à son encontre. En outre, Allah
interdit l’injustice et commande la justice dans toute chose ; vers la
fin de la Surate La vache, Il traite des différentes façons de se
comporter envers l’argent. Il y a en effet, les bienfaiteurs qui font
l’aumône, les justes à un niveau moindre qui sont équitables dans leurs
transactions commerciales, et les injustes qui pratiquent l’usure.
Deuxièmement : il existe deux tendances bien connues concernant les
Commandements du Seigneur (les Obligations et les interdictions) .
L’une assume qu’ils reviennent à la simple Volonté divine sans que
celle-ci coïncident forcément avec l’intérêt des créatures. Il est
possible toutefois qu’elle réponde dans la réalité à un certain
intérêt.[5]
L’autre opinion, qui est conforme à la majorité des savants affirme
qu’Allah a envoyé les Messagers aux hommes en vue de satisfaire leur
intérêts (présents et futurs) si ces derniers se soumettent à leur
appel, comme le spécifie le Verset suivant : (Nous ne t’avons envoyé si
ce n’est par miséricorde envers l’humanité).[6] Le Très-Haut a dit
également : (Si une bonne voie vous vient de Moi ; quiconque suit Ma
voie ne pourra être malheureux ni s’égarer • Mais quiconque se détourne
de Mon Rappel, il aura une vie malheureuse et Nous le ferons
ressusciter aveugle le Jour de la Résurrection • Seigneur ! dira-t-il,
pourquoi m’as-Tu ressuscité aveugle alors que j’étais voyant (sur
terre) • Il dira : C’est ainsi que Mes Signes te sont parvenus mais tu
les as négligé ; De la même façon alors, Nous te négligeons
aujourd’hui).[7]
Si l’on s’en tient à la première tendance, l’envoi des prophètes aux
hommes ne répond à aucune sagesse divine, mais en regard de la deuxième
tendance, l’avènement de Mohammed (r) a été beaucoup plus bénéfique aux
hommes que celui de Mûsâ et du Christ. Il a rapporté beaucoup plus
d’avantages qui reviennent en bien aux hommes ici-bas et dans l’au-delà
que ces deux prophètes ont pu le faire envers leur communauté
respective, tant au niveau de l’Ordre divin (Loi textuelle ndt.) qu’au
niveau matériel (la création). Sa religion propose une meilleure voie
(au niveau du savoir ndt.) et une pratique (Dîn el Haqq) plus complète
(au niveau des actes ndt.). En outre, Allah a fait soumettre un plus
grand nombre d’hommes à sa religion. Ainsi, sa religion a plus de
mérite à deux niveaux : au niveau qualitatif car sa religion est
meilleure et au niveau quantitatif car un plus grand nombre d’adeptes y
adhère et qui plus est de la meilleure façon. La Loi de Moïse
concernait exclusivement les juifs mais ces derniers ont fait preuve
d’une grande rébellion tant au cours de sa vie qu’après sa mort, comme
cela ne peut échapper à personne.
Or, la Loi de la Thora n’est pas aussi parfaite que celle du Coran. Le
Coran parle de la Résurrection en détail et établi par la preuve
qu’elle aura effectivement lieu. Contrairement à la Thora, il fait une
description précise de l’Enfer et du Paradis ; il relate les histoires
de Hûd, Sâlih, Shu’aïb, et bien d’autres prophètes qui ne sont pas cité
dans la Thora ; il traite des Noms et des Attributs, de la description
des anges en mettant en lumière leurs différentes catégories, et de la
création des génies et des hommes comme l’ « Ancien Testament » ne l’a
pas fait de façon aussi détaillée ; il établi l’Unicité[8] divine avec
toutes les sortes de preuve possible, il évoque les différentes
confessions répandues sur terre comme la Thora ne l’a pas fait ; il
polémique avec les opposants aux prophètes et avance les preuves venant
établir les fondements de la religion alors que la Thora n’en a pas
fait autant.
Pourtant, aucun Livre révélé ne propose une meilleure voie que celle du
Coran et de la Thora ; le Coran autorise les bonnes choses et interdit
les mauvaises choses contrairement à la Thora qui interdit à ses
adeptes bon nombre de choses qui leur étaient pures, par punition
envers leurs mauvais agissements. Le Coran prescrit de recevoir le prix
du sang contrairement à la Thora et en libérant ses adeptes des chaînes
et des contraintes qui furent légiférées dans la Tawrât, il démontre
qu’Allah les fait jouir de plus grands bienfaits.
L’Ingîl pour sa part ne détient pas une Législation autonome, il n’y
est pas question de des notions de l’Unicité, de la création du monde,
ou encore des aventures des prophètes avec leurs différents peuples. Il
se contente pour ses notions-là de renvoyer la plupart du temps à la
Thora. Néanmoins, le Messie a proscrit certaines interdictions de
l’Ancien Testament et prône notamment la vertu, la clémence vis-à-vis
de l’injuste, d’endurer le mal des autres, l’abstinence dans ce
bas-monde, et il a ramené certaines paraboles pour expliquer ces
notions. Le nouveau testament se distingue en gros de la Thora à
travers les vertus qu’il encourage, l’ascétisme qu’il recommande, et
certaines proscriptions des interdictions dont étaient frappés les
adeptes du Livre avant lui.
Cependant, le Coran n’a rien à lui envier de ce côté-là ; il est même
plus enrichissant. Il n’y a pas un savoir utile ni une œuvre pieuse que
la Thora, l’Évangile ou la prophétie en général propose sans qu’il n’en
fasse autant voir mieux. Celui-ci se distingue toutefois par des
enseignements qui sont inexistants dans les livres anciens.
Or, les chrétiens ne suivent en fait ni le nouveau ni l’ancien
testament car ils ont innové une religion qui ne s’accorde avec les
enseignements d’aucun prophète. Ils ont composé le « symbole » à
l’Empereur Constantin, et quarante ouvrages qui traitent du droit
canoniques, et certains enseignements prophétiques. La plupart des
textes qu’ils composèrent s’opposent à la prophétie, et sur de nombreux
points les chrétiens sont revenus au crédo des religions païennes qui
ont la particularité d’adorer des divinités en parallèle à Dieu et de
démentir la révélation. La religion chrétienne entachée par le
paganisme a transformé le monothéisme et la Loi de l’Évangile. C’est
pourquoi, il règne une confusion énorme dans l’esprit de la plupart de
ses adeptes au sujet de la provenance de leurs sources. Ils ne font
même pas la différence entre les éléments de la Thora que le Messie a
abrogés de ceux qu’il a entérinés, avant de pouvoir la faire avec les
lois qu’ils ont inventés.
Jésus ne leur a jamais prescrit d’encenser des images qu’ils auraient
façonnées et encore moins d’invoquer les personnages qu’elles
représentent. Aucun prophète avant lui n’a prévu pour ses adeptes une
chose pareille. Il n’a jamais été question dans la Loi d’un prophète
d’invoquer les anges et de solliciter leur intercession et encore moins
de vouer le culte aux tombeaux des saints et des prophètes avant de
pouvoir le faire à leur statut, ce qui est le principe même du
paganisme (association) contre lequel les messagers ont mis leurs
peuples en garde.[9] Ces pratiques sont à l’origine du paganisme ayant
corrompu les générations qui vivaient entre Adam (u) et Nûh (u). Allah
(I) révèle en effet au sujet du peuple de Noé : (Ne délaissez pas vos
divinités, ne délaissez pas Wadd, Suwâ’, Yaghûth, Ya’ûq, et Nasra • Ils
en ont égaré énormément).[10] Bon nombre d’exégètes dont notamment ibn
‘Abbâs affirment que ces idoles étaient des membres vertueux du peuple
du premier messager venu aux hommes. après leur mort, leurs descendants
ont encensés leurs tombes et ils leur ont façonnés des images avant de
les adorer. ‘Îsâ lui-même et les savants chrétiens après lui n’ont pas
manqué de le rappeler.
Le Messie (u) n’a ordonné à personne de l’adorer et il n’a jamais
revendiqué qu’il était Dieu et il n’a jamais prescrit la trinité et
l’incarnation que les chrétiens ont innovés. Il n’a jamais dit qu’il
avait proscrit toutes les interdictions qu’Allah a défendu aux juifs
dans la Thora et qu’il autorisait ainsi de consommer de la nourriture
impure comme le porc ou autre. Les chrétiens se sont ainsi autorisés de
manger de la viande impure et ils ont transformé la Thora et
l’Évangile. Le Messie n’a jamais prescrit de prier en direction de
l’Orient ni d’encenser la croix ou encore de ne plus se circoncire, de
se consacrer à la vie monacale ou de se vouer aux enseignements qu’ils
ont innovés après son ascension.
Ainsi, étant donné que la religion chrétienne avait atteint ce degré de
corruption, certains lettrés à l’instar d’Abû ‘Abd Allah e-Râzî en ont
conclu la chose suivante : « Seule une portion infime des chrétiens qui
se trouvait avant l’avènement de Mohammed (r) ont vraiment profité de
la religion du Christ. La religion que la plupart des chrétiens
connaissaient n’avait aucun lieu avec Jésus. » Pour mieux comprendre
cela, nous disons :
Troisièmement : supposons que les deux religions du Livre permettent de
se passer de la dernière Loi révélée aux hommes, cela serait possible
dans la mesure où les deux lois en questions serait bien gardées et
bien respectées. Mais malheureusement, ce n’est pas le cas. Ils ont
perdu la trace de bon nombre de leurs enseignements respectifs. Les «
gens du livre » se sont déjà énormément divisés sur la personne même du
Messie et autre comme le souligne le Verset suivant : (Parmi ceux qui
disent : « Nous sommes chrétiens », Nous avons pris leur alliance mais
ils ont négligés (ou oubliés) une partie de ce qui leur a été rappelé.
Nous avons alors suscité entre eux la haine et l’animosité jusqu’au
jour de la Résurrection ; Allah leur rappellera bientôt ce qu’ils
faisaient).[11] Cela, en sachant qu’Allah a dit : (Les hommes étaient
une seule communauté) avant de se diviser, (Allah envoya ensuite des
prophètes annonciateurs et avertisseur, et Il a fait descendre avec eux
le Livre en toute vérité afin de trancher entre les hommes sur leur
divergences…).[12] À l’époque où Allah envoya Mohammed (r), plus
personne ne mettait en évidence la prophétie révélée avant lui. Son
avènement a eu lieu après une période d’intervalle (fatra) sans
prophète.
D’après Sahîh Muslim en effet, selon ‘Iyâdh ibn Himâr, le Messager
d’Allah (r) a déclaré : « Allah a contemplé les occupants de la terre
et les a alors exécré –les arabes et les non arabes – à l’exception des
derniers adeptes du Livre. »[13] À cette période, il y avait soit les
illettrés païens et adorateurs des idoles soit les détenteurs de
l’écriture qui avaient falsifiés ses lois et changé son interprétation
de sorte qu’il n’était plus possible d’y distinguer le vrai du
faux.[14] Le sceau des prophètes est venu avec un Livre qui confirme et
qui a autorité sur les anciennes écritures : il permet désormais de
distinguer entre le vrai qui s’y trouve et le faux, entre la lumière et
les ténèbres.
Allah (I) révèle : (Ô gens du livre ! Notre Messager vous est venu pour
vous dévoiler ce que vous cachiez et il se tait sur beaucoup de choses
; il vous est venu de la part d’Allah une lumière et un Livre clair •
Il guide quiconque recherche Sa Satisfaction sur les sentiers du salut
et il vous sort des ténèbres pour vous mener à la lumière par Sa
Volonté, et il vous guide sur le droit chemin • Ceux qui ont dit : «
Allah est le Messie fils de Mariam » sont devenu mécréants. Dis : Qui
peut intervenir dans le royaume d’Allah s’Il décide de faire périr le
Messie fils de Mariam, sa mère, et même tous les habitants de la terre.
À Allah appartient le royaume des cieux et de la terre et ce qui se
trouve entre eux ; Il crée ce qu’Il veut et Il est capable de toute
chose) jusqu’à : (Ô gens du Livre ! Un Messager vous est venu pour vous
montrer le chemin après un intervalle sans messager… Vous ne direz pas
qu’aucun annonciateur ni avertisseur ne vous ai venu, il vous est
plutôt venu un annonciateur et un avertisseur ; Allah est certes
capable de toute chose).[15]
Quatrièmement : la Thora penche plus vers la rigueur et la dureté
tandis que l’évangile penche plutôt vers la douceur et la tolérance. Le
Coran pour sa part se trouve au juste milieu en réunissant ces deux
qualités à la fois comme le formule le Verset : (Ainsi, Nous avons fait
de vous une communauté médiane afin que vous soyez les témoins contre
les hommes).[16] Le Seigneur décrit la communauté du Prophète (r) de la
façon suivante : (Mohammed le Messager d’Allah et ceux qui le suivent
sont durs envers les mécréants et charitables entre eux).[17] Il a dit
également : (Allah viendra alors avec un peuple qu’Il aime et qui
l’aiment ; humbles envers les croyants et fiers envers les
infidèles).[18]
Ainsi, le Prophète de l’Islam (r) qui est le meilleur et le plus
parfait d’entre tous était à la fois le Prophète de la Miséricorde mais
aussi le Prophète de la guerre. En cela, il est plus parfait que celui
qui inclinerait plus soit vers la dureté soit vers la douceur. Pour
expliquer cette prépondérance et cette répartition des sentiments dont
se distinguent chaque communauté, une certaine hypothèse assume que les
juifs vivaient sous la domination et la persécution de Pharaon. Face à
cet état d’esclavage et d’humiliation, il leur fut légiféré la colère
afin de se défendre et pour les rendre plus courageux, mais ces
derniers n’ont pas répondu à l’ordre de Moïse lorsqu’il leur ordonna
d’entrer en terre de Canaan sous prétexte qu’elle était habité par des
tyrans.[19] (…) Cependant, après qu’Allah leur ai offert le triomphe,
le pouvoir fut emparé par des jeunes qui firent régner la tyrannie à la
manière de Pharaon. La mission de ‘Îsâ offrait de nouvelles
dispositions ; celle-ci fut basée essentiellement sur l’indulgence, la
vertu, et la douceur pour remédier à l’esprit dur et tyrannique dont
les juifs s’étaient investis.
Dès lors, les adeptes de la nouvelle religion étaient tellement doux
qu’ils sombrèrent dans le laxisme ; ils ont ainsi renoncé à répandre la
morale (ordonner le bien et interdire le mal), à la « Guerre Sainte »,
et ils ne voulaient même plus appliquer la justice entre eux et les
peines corporelles. Les plus pieux d’entre eux se retiraient dans les
monastères.
Pourtant, si les premiers chrétiens furent persécutés, quand ils eurent
le pouvoir –à l’image du premier Empereur chrétiens qui imposa la
religion qu’on lui a dicté au Concile de Nicée par le glaive, [20] et
fit massacrer ses opposants parmi les « gentils » en commençant par les
juifs – leurs rois n’y allaient pas de main morte avec leurs sujets
bien qu’ils n’appliquaient pas les Lois d’Allah. Ils faisaient
impunément couler le sang des innocents que ce soit sous l’emprise de
leurs savants et de leurs dévots ou bien selon leur propre volonté. En
cela, ils n’étaient pas différents des juifs.[21] Par contre, Mohammed
(r) propose une Législation parfaite et modérée qui ne sombre ni d’un
côté ni de l’autre. Ses adeptes sont cependant durs envers les ennemis
d’Allah et doux envers Ses élus. Ils sont cléments et indulgents pour
ce qui les concerne mais ils sont intransigeants lorsqu’il s’agit des
droits du Seigneur. Cette religion est plus prompt à la vertu et aux
bonnes mœurs que l’Évangile mais elle est aussi plus prompt à la guerre
sur le sentier d’Allah et à la justice que la Thora ; elle incarne le
summum de la perfection. C’est ainsi que certains ont pu dire que Moïse
incarnait la majesté, Jésus incarnait la beauté, et Mohammed incarne la
perfection…
Les philosophes reconnaissent eux-mêmes que le monde n’a jamais connu
un « génie » (Nâmûs : traduction très approximative) comme Mohammed.
Ils lui reconnaissent même une prépondérance par rapport à Mûsâ (u) et
à ‘Îsâ (u). Pourtant, ils ne manquent pas de dénigrer les grands hommes
des autres civilisations, mais ils n’ont pas osé le faire pour le sceau
des prophètes, si ce n’est quelques marginaux qui enfreignent le code
de la philosophie qui impose de fonder les jugements sur la science et
l’objectivité.[22]
Cinquièmement : avant l’avènement de la Thora, Allah frappait d’un
châtiment par une Loi universelle, tous les peuples qui reniaient ses
envoyés. Il a fait périr le peuple de Noé sous les eaux, le peuple de
Hûd par un vent glacial, celui de Sâlih par un cri strident, le peuple
de Shu’aïb par une canicule, et celui de Loth par une tempête de
pierres (selon l’une des opinions ndt.), et celui de Pharaon par la
noyade. Après la révélation de la Thora, il fut prescrit la « Guerre
Sainte » pour les détenteurs du Livre ; si certains d’entre eux ont
vaillamment répondu à cet appel, d’autres y ont renoncé. Ainsi, il y
avait désormais deux moyens de répandre la lumière prophétique ; la
science et la force…[23]
En cela, il n’y a rien de nouveau dans la mission de Mohammed, si ce
n’est qu’il a apporté la plus parfaite et la plus répandue des
religions qui restera universelle jusqu’à la fin des temps, et cela
sans ne jamais subir ni abrogation ni réforme.
(À suivre…)
Traduit et compilé par :
Karim ZENTICI
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Référence Première partie
[1] Qâ’ida Mukhtasara fi Qitâl el Kuffâr wa Muhâdanatihim wa Tahrîm
Qatlihim li Mujarrad Kufrihim (127-128) de Sheïkh el Islam ibn Taïmiya.
[2] Majmû’ el Fatâwa (28/354).
[3] El Jawâb e-Sahîh li Baddala Dîn el Masîh (1/237). L’auteur va expliquer ce point par la suite plus en détail.
[4] Majmû’ el Fatâwa (4/205).
[5] La vache 256-257
[6] La vache ; 190
[7] E-Sârim el Maslûl ‘ala Shâtim e-Rasûl (2/207).
[8] Qâ’ida Mukhtasara fi Qitâl el Kuffâr (115).
[9] El Jawâb e-Sahîh (1/238).
[10] Qâ’ida Mukhtasara fi Qitâl el Kuffâr (202-203).
[11] La vache ; 191
[12] Majmû’ el Fatâwa (28/355).
[13] E-Sârim el Maslûl (2/513).
[14] Majmû’ el Fatâwa (28/354).
[15] Majmû’ el Fatâwa (20/102). Certains contemporains voient en cela
un progrès par rapport aux sociétés primitives, mais c’est surtout un
progrès par rapport aux sociétés les plus évoluées car les sociétés
dites primitives ne sont pas capable d’organiser des massacres à grand
échelle comme fut le cas de l’extermination de la race indienne. Plus
récemment l’impérialisme européen dont le nazisme est l’une des
illustrations, s’est manifesté à travers les colonisations.
[16] Qâ’ida Mukhtasara fi Qitâl el Kuffâr (191).
[17] E-Sârim el Maslûl (2/210). Il faut resituer ce discours dans son
contexte historique, car malheureusement à notre époque beaucoup de
valeurs sont inversées. Nous devrions d’ailleurs demandé au Souverain
Pontife ce qu’il pense de la peine de mort !
[18] Idem. (2/266).
[19] La vache ; 191 et Les femmes ; 91
[20] La vache ; 190-191
[21] Qâ’ida Mukhtasara fi Qitâl el Kuffâr (102-103). Certaines sources
estiment que le nombre des exécutions varie entre six cents et sept
cents [voir : Zâd el Ma’âd d’ibn el Qaïyam (3/135)]. Quoi que cet
événement puisse être choquant, il faut le replacer dans son contexte
historique. Nous sommes au septième siècle de l’ère chrétiennes, il
faut s’imaginer ce que les puissances de l’époque étaient capables de
faire à leurs prisonniers. Mohammed (r) n’étaient pas soumis à la
Charte des Nations Unies que les fondateurs eux-mêmes ne respectent pas
à l’aube du troisième millénaire. Accusés de haute trahison, il ne faut
pas voir dans ce jugement prononcé contre la tribu des Banû Quraïdha
une épuration ethnique comme l’allèguent certaines personnes mal
intentionnées. Pour preuve, les femmes, les enfants, et toute personne
n’ayant pas participée au combat en général furent épargnés. En outre,
les deux autres tribus juives de Médine, les Banû e-Nadhîr et les Banû
Qaïnuqar qui étaient liés avec les autres habitants de la ville par un
pacte d’entraide furent accusés également de trahison, mais ils n’ont
pas connu le même sort que leurs coreligionnaires. D’ailleurs il existe
un amalgame entre la religion juive et la race juive ; quoiqu’il en
soit l’Islam interdit formellement de s’en prendre gratuitement à toute
personne appartenant à cette ethnie religieuse. Contrairement au
judaïsme, l’Islam ne fait aucune discrimination raciale comme le
souligne ibn Taïmiya en disant : « Si tu t’imprègne de ce qu’était
réellement la Tradition prophétique, tu te rendras compte que le
Messager (r) n’a jamais fait de distinction entre un arabe et un non
arabe (…) il n’a jamais privilégié les arabes dans la religion, ni en
ce qui concerne le tribut, ni en ce qui concerne la captivité. Il ne
les jamais favorisé dans les traités de paix, il n’a jamais décrété
qu’un non arabe n’était pas du même rang qu’un arabe au niveau du
mariage, ou ne leur permettre de jouir d’une chose indépendamment des
autres. Il fondait cependant ses jugements sur les hommes en fonction
des noms que le Coran leur donne comme : croyant/mécréant, vertueux
/pervers. » [Qâ’ida Mukhtasara fi Qitâl el Kuffâr (179, 183).]
[22] E-Sârim el Maslûl (2/469).
[23] Qâ’ida Mukhtasara fi Qitâl el Kuffâr (195-196).
[24] Idem. (200).
[25] Rapporté par el Bukhârî (25, 392) et Muslim (20, 21). Ce Hadith
donne la raison pour laquelle le Prophète (r) fait la guerre aux
hommes, cela ne signifie pas qu’il doit combattre chaque être humain
pour obtenir sa conversion. Voir Qâ’ida Mukhtasara (95-96).
[26] Rapporté par el Bukhârî (4021) et Muslim (96).
[27] Qâ’ida Mukhtasara fi Qitâl el Kuffâr (129-138).
[28] Idem (214-215).
[29] Idem (218-219).
[1] Il est possible de classer les orientalistes en deux catégories :
il y a les orientalistes scrupuleux et les orientalistes partisans ; si
les premiers sont moins dominés par les passions que par l’analyse
scientifique comme un certain Henry Laoust, nous ne pouvons pas en dire
autant des autres dont les objectifs sont plus que flagrants. Claude
Gilliot pour ne citer que lui, avance des allégations si pernicieuses,
que celles-ci dépassent les simples idées reçues. Peut-on d’ailleurs
s’attendre à autre chose de la part d’un spécialiste acharné ?
[2] Celle-ci peut tout aussi correspondre au célèbre article à
sensation paru dans le Figaro, du « philosophe » Robert Redecker qui
parle pour Jésus (t) du Prophète de l’amour et pour Mohammed (r) du
prophète de la haine. Sans vouloir donner des leçons au philosophe ni
au prof de philo, nous lui rappelons que l’homme est un « animal
politique », ce qui implique qu’il soit un « animal social » et par
voie de conséquence, un « animal guerrier » dans sa lutte perpétuelle
pour sa survie qui s’incarne dans ces deux sentiments les plus
primitifs qui sont l’amour et la haine ; l’amour des plaisirs qu’il
cherche à se procurer et la haine contre la douleur qu’il cherche sans
cesse à repousser (voir : Traité de l’amour en Dieu d’ibn Taïmiya dont
le texte est actuellement disponible en arabe).
[3] Nous ne voulons pas entrer dans une étude comparative entre les
conquêtes musulmanes et les croisades ni parler du rôle que la religion
chrétienne « universelle et impérialiste » à joué dans la traite des
noirs par les européens –faut-il le rappeler –, l’extermination de la
race indienne, les colonisations, et un antisémitisme latent dont le
nazisme est l’une de ses expressions.
[5] Benoit XVI allègue à ce sujet juste après le passage que nous avons
cité en introduction : « L’affirmation décisive de cette argumentation
contre la conversion par la force dit : « Ne pas agir selon la raison
est contraire à la nature de Dieu » (6). L’éditeur du texte, Théodore
Khoury, commente à ce sujet: « Pour l’empereur, byzantin nourri de
philosophie grecque, cette affirmation est évidente. Pour la doctrine
musulmane, au contraire, Dieu est absolument transcendant. Sa volonté
n’est liée à aucune de nos catégories, fût-ce celle qui consiste à être
raisonnable ». Khoury cite à ce propos un travail du célèbre
islamologue français R. Arnaldez, qui note que Ibn Hazm va jusqu’à
expliquer que Dieu n’est pas même tenu par sa propre parole et que rien
ne l’oblige à nous révéler la vérité. Si tel était son vouloir, l’homme
devrait être idolâtre. » Sheïkh el Islam se contente ici de réfuter
succinctement (non d’un point de vue dogmatique) cette allégation, que
nous allons traiter plus amplement in shâ Allah, dans un prochain
article.
[8] Le terme « Unicité » qui marque la spécificité et l’exclusivité
dans la Seigneurie et l’adoration est plus adéquat que celui d’ « Unité
» utilisé par H. Laoust dans ses traductions d’ibn Taïmiya, et qui
évoque l’union particulière (Hulûl) si chère aux partisans de
l’incarnation comme chez les chrétiens et les soufis les plus modérés,
et l’union générale ou l’indivisibilité (Ittihâd) si chère aux
partisans du monisme et du panthéisme comme chez ibn ‘Arabî et ses
coreligionnaires en se rendant ainsi plus éloignés du principe de
l’Unicité que les chrétiens eux-mêmes.
[9] Malheureusement, certains milieux shiites et soufis notamment ont
été contaminés par ses pratiques chrétiennes et païennes qui reposent
sur le culte des saints.
[13] Rapporté par Muslim (4/2197).
[14] Dans un autre passage, l’auteur parle également des anciennes philosophies perse, indienne, et grecque.
[20] L’histoire chrétienne est pavé de réforme qui l’éloigne à chaque
fois un peu plus de la religion de Jésus ; c’est ainsi qu’elle a dû à
ses débuts faire d’énormes concessions avec l’autorité romaine pour
échapper à la percussion comme le souligne ibn Patrick, l’un des plus
célèbres chroniqueurs chrétiens des premiers siècles. Le premier
concile a eu pour résultat de faire adopter aux romains païens et
nourris de philosophie, une religion mixte entre le paganisme et le
monothéisme, en incarnant la divinité dans un corps mixte. A travers
les siècles, ils ont toujours fait preuve de laxisme, lorsqu’il
s’agissait de préserver leurs privilèges ou bien d’asseoir une plus
grande autorité. Paradoxalement, cela ne les a pas empêché de mener des
campagnes de persécution lorsqu’ils se sentaient suffisamment fort pour
le faire. Le
Benoît XVI n’a certainement pas manqué à la règle lors de son discours
à RATISBONNE ; il a voulu faire une démonstration rhétorique pour
rappeler que l’Eglise était encore dans la course pour la grande Europe
chrétienne ; il s’avait très bien qu’ici les concessions étaient
uniquement d’ordre rhétorique car la religion chrétienne avait perdu
son essence depuis longtemps… il s’est alors tourné vers la tête de
turc favorite. Etait-ce un mauvais calcul ? L’histoire nous le dira…
[21] La question qui se pose d’elle-même, c’est de savoir lequel entre l’Empereur Manuel II et le
soit motivé par l’ardeur religieuse mais un philosophe digne de ce nom,
M. Redecker, peut-il par essence se laisser aveugler par le feu de la
passion ou bien est-ce sa conscience qui lui en dicte le droit ? Vous
devriez interrogez vos élèves sur la question !
[23] Extrait d’El Jawâb e-Sahîh li man baddala dîn el Masîh d’ibn
Taïmiya (5/résumé des pages 58 à 113 avec certaines modifications) .