Je suis le prophète du carnage ! Je suis
un rieur sanglant ! par Mouminbilah création : 11/05/2010 modification : 18/05/2010 IntroductionLes islamophobes propagent le mythe selon lequel le prophète Muhammad (sws) aurait prononcé ces termes : « Je suis le prophète du carnage. Je suis un rieur sanglant ». Ils citent ensuite comme source J.-P Charnay dans son livre "Principes de stratégie arabe" (Paris, éditions L'Herne, 1984, p.510) qui fait remonter cette citation au juriste et théologien Ibn Taymiyya (1263-1328) sans en préciser la source et qui l'aurait attribué au Prophète (sws). Ils concluent donc, selon leur réflexion biaisée et emplie de mensonges et de fanatismes, que le prophète (sws) était un meurtrier appelant au carnage de tout le monde. Nous avons précédemment traité ces questions dans les articles suivants :1) Le
Jihâd en Islam 2) Le Prophète (sws) aurait été envoyé pour combattre les gens jusqu'à leur conversion !?! 3) Le prophète (sws) aurait été envoyé juste avant l'Heure l'épée à la main ?!? Procédons maintenant à l'analyse des propos qui nous intéressent ici. Analyse du texteLes propos sont effectivement cités par le savant théologien Ibn Taymiyya, cependant ils sont mal rapportés et frauduleusement tronqués. Dans son "Kitâb As-Siyâssa Ach-Char'îya" (Livre de la politique juridique) , 1ère partie [Source : Islamicweb.com] , p.18 nous lisons : قال النبي صلى الله عليه وسلم أنا نبي
الرحمة أنا نبي الملحمة وقال أنا الضحوك القتال Traduction Le
deuxième mensonge concerne la traduction des mots "Al-Malhama" et
"Al-Qattâl" traduit respectivement, par ces derniers, par les termes « carnage » et
« sanglant ». Nous pouvons regarder dans un hadith du Sahih d’Al-Boukhârî (n°4280) qui emploie la même expression. Le récit relate la prise de la Mecque. Abou Soufyan extrêmement anxieux lors de l’arrivée du Prophète (sws) à la prise de la Mecque s’écrie : « C’est aujourd’hui le jour de la mêlée (Al-Malhama), le jour où la Ka’ba va devenir licite ! » [traduction des éditions ENNOUR] « C’est aujourd’hui le jour de l’affrontement (Al-Malhama), le jour où la Ka’ba va devenir licite ! » [traduction des éditions Al-Qalam] Il est faux de traduire ce terme par « carnage », ce qui ne veut strictement rien dire dans notre contexte car la citation du prophète (sws) : « Je suis le prophète de la miséricorde », intentionnellement tronquée, ne supporte pas ce sens. En ce
qui concerne l'expression « Ana ad-dahouk al-qattâl », traduit par « je
suis un rieur sanglant », elle résulte d'un fanatisme manifeste. «
Al-Qattâl » signifie le lutteur, ou le combattant. L’expression doit
donc se traduire par « combattant/lutteur joyeux/rieur ». Passons outre
ces approximations de traduction et voyons voir l’authenticité de la
tradition. Authenticité de la tradition
Notons dans un premier temps qu’aucun des recueils de la tradition islamique ne relève de tels propos de la part du Prophète (sws). En effet, ni Al-Bukhârî, ni Mouslim, ni Abou Dawoud, ni An-Nasâ’î, ni Ahmad, ni At-Tirmidhî, ni Ibn Mâja, ni Mâlik, ni Ad-Dârimî ne rapportent un tel hadith. Seulement quelques parties de ce qui a été rapporté par Ibn Taymiyya peuvent être justifiées par la tradition mais il est certain qu’une autre partie de ce qu’il rapporte est inventée et mensongère.
La partie authentifiable
Il s’agit de cette partie : « Je suis le prophète de la miséricorde, je suis le prophète de la mêlée/de l’affrontement ». Le cheikh Al-Albâni (rahimaho Allah) rapporte dans son Sahih Al-Jami3 (hadith n°1473) la tradition suivante : Abou Moussa Al-Ach’arî rapporte que le prophète (saws) a dit : « Je suis Muhammad ; je suis Ahmad ; je suis ; je suis le prophète du repentir ; je suis le prophète de la miséricorde » [et je suis le prophète de la mêlée (al-malhama)] La partie entre crochets montre que l’authenticité de cette parole est douteuse. Néanmoins, acceptons là. Je n’ai pas trouvé dans les recueils de traditions, d’autres hadiths authentiques quant à l'emploi de cette expression. La tradition authentique relatant les différents noms du prophète (sws) est la suivante. En effet, nous lisons dans le Sahih d’Al-Bukhârî (hadith n°3532 et 4896), dans le Sahih de Mouslim (hadith n°2354) ainsi que dans Sunan At-Tirmidhî (hadith n°2840) que Mut’im rapporte : « J’ai entendu l’Envoyé de Dieu (sws) dire : J’ai divers noms : je suis Muhammad ; je suis Ahmad ; je suis al-Mâhî, c’est-à-dire celui par qui Dieu efface l’infidélité ; je suis al-Hâshir, c’est-à-dire celui aux pieds duquel les hommes seront regroupés ; je suis al-‘Âqib (c’est-à-dire le dernier des prophètes). » Bien entendu, le prophète Muhammad (sws) a beaucoup plus de noms que ceux-ci. Dans le Coran il est qualifié de miséricordieux ; par son peuple, il a été qualifié d’Al-Amîne (Le Fidèle, celui qui n’a jamais menti) ; de son vivant, il a également été appelé « Abou-l-Qacem » et tout ceci de manière authentique et indiscutable. Comme nous pouvons le constater, le seul
hadith authentique dans lequel on peut retrouver l'expression
"Al-Malhama" met ce terme entre crochets. D'où le doute quant à
l'authenticité de cette partie là. Cependant, nous allons l'admettre
pour les besoins de l'argumentation. La partie fausse et inventée
Il s’agit de cette partie : « Je suis le combattant joyeux/rieur » ou traduit par nos amis par « je suis un rieur sanglant » Il apparait que cette qualification ne se trouve dans aucun des recueils de traditions et que le prophète (sws) ne l’a jamais employée. En effet, parmi les noms et attributs du prophète (sws), cette expression n’y figure pas. Cependant, elle est employée dans un hadith dans un des livres des Rafida selon leur chaine de transmission. En réalité, il s’agit d’un des noms du prophète (sws) décrit dans la Thora, selon leurs livres. Quelques savants sunnites ont repris cette tradition, mais il est à noter qu'elle n'apparait dans aucun des recueils de hadith. Toutes les traditions à ce sujet sont
faibles, je vais maintenant les énumérer : 1 - Al-Sâlihi Lil-Shâmî,
"سبل الهدى والرشاد" (le sentier du droit chemin et de la raison),
partie 1, p.483 2 - Al-Sâlihi
Lil-Shâmî, "سبل الهدى والرشاد" (le sentier du droit chemin et de la
raison), partie 4, p.319 3 -
Ach-Cheikh As-Sadouk, "كمال الدين وتمام النعمة" (l'achèvement de la
religion et la plénitude des bienfaits), p.198 4 - Ibn Al-Qayyim, "صفة الصفوة" (les
manières des élites) [31/1] 5 -
As-Souyoutî, "الرياض الأنيقة" (les jardins élégants), p.202 6 - As-Souyoutî, "الجامع الكبير" (Al-Jâmi3
Al-Kabîr), 1/331 7 - Adh-Dhababî, "تاريخ الإسلام" (histoire de l'Islam), 1/5 8 - Ibn Kathir, exégèse du Coran, 9/123 (il cite l'expression
sans donner la chaine de transmission)
Toutes ces traditions font remonter cette
expression à la description du prophète (sws) dans la Thora, il ne
s'agit donc pas d'une tradition islamique [j'invite les lecteurs
arabophones à consulter les références dans le lien donné précédemment].
Or, une telle expression n'existe pas/plus dans ce livre. Deux
possibilités, soit ceux qui ont rapporté cette tradition se sont tout
simplement trompés, soit les juifs ont falsifié leur texte sacré. Il
apparait donc clairement que ce "hadith" n'en est tout simplement pas
un. ConclusionComme nous pouvons le voir, le hadith cité
par Ibn Taymiyya (rahimahoo Allah) contient une partie vraie et une
partie fausse issue des livres des Râfida qu’ils ont extraits, d’après
eux, de la Thora et qui a malheureusement été repris par certains
savants sunnites. Les fanatiques détracteurs de l'Islam ont
volontairement tronqué la citation d'Ibn Taymiyya (rahimahoo Allah) et
l'ont mal traduite. Selon eux, le prophète (sws) aurait dit : « Je suis le prophète du
carnage. Je suis un rieur sanglant » Or, nous avons vu qu'il
fallait traduire de la sorte : « Je suis le
prophète de la miséricorde, je suis le prophète de la mêlée/de l’affrontement, je
suis le combattant joyeux/rieur ». Le mensonge est autorisé chez les
détracteurs (taqya), mais s'il faut mentir, autant mentir correctement
et non pas à moitié en tronquant les citations. De plus, on notera toutefois qu'aucun des recueils de hadith ne le mentionne, ce qui permet de rejeter définitivement cette tradition. En effet, rien ne permet de l'authentifier. En tout état de cause, on ne peut pas attribuer cette tradition au prophète (sws). Quand bien même il faudrait considérer cette tradition, elle est à mettre dans le compte de la description du prophète (sws) qu'on trouve, non pas dans les sources islamiques, mais dans la Thora. Voilà
notre dernier mot sur la question. Allahou A'lam - Dieu Sait mieux ce
qu'il en est !
Ayant
répondu aux détracteurs, nous proposons ici aux missionnaires chrétiens
(parce que ce sont principalement eux qui propagent ce genre de
mensonges), le bonus game suivant. Nous allons voir que dans la Bible,
celui qui néglige de faire l’œuvre de l’Eternel est tout simplement
maudit. Et en quoi consiste cette œuvre ? Lisons Jérémie chapitre 48
verset 10 :
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