Sur le meurtre de Kinâna al-Rabi' ordonné par le Prophète Muhammad (sws)
Collectif sahab-ed-dine Création : 22/08/2010 Modification : 19/01/2011
1. Introduction Les missionnaires chrétiens avancent l’idée que le Prophète (saws) aurait ordonné de tuer Kinana al-Rabi' pour s'emparer de son trésor. Cette thèse fut celle de Montgomery Watt (Watt (1956), pg. 218) et est toujours d'actualité chez ceux qui cachent sciemment la vérité. Nous allons démontrer encore une fois le mensonge qui se cache derrière cette nouvelle allégation.
2. Les rapportsRemarque : les
traductions en vert ne sont pas les nôtres et sont issues du site
islamophobe "islam-document". Elles laissent à désirer, principalement
sur les dénominations des personnages et sur les expressions employées. La lecture des rapports étant longue et fastidieuse, le lecteur, peut, s'il en a envie, y accéder en annexe de cet article. Voici les sources de ce récit :
[1] Tabari, Histoire des prophètes et des Rois III 256: [2] ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 764-5: [3] ibn Sa'd, Tabaqat II 139-40: [4] Version d'Abou Dawoud, livre 19, Hadith n°3000 (ou 3006 selon la numérotation utilisée) [5] Asbab an-Nuzul (Contexte de révélation) d'al-Wahidi - Sourate 8 verset 17
3. L'allégation
"Un
dirigeant juif de Khaibar, Kinana bin al-Rabi, fut amené devant
Mahomet; Kinana était supposé avoir la charge du trésor de l’une des
tribus juives d’Arabie, les Banu Nadir. Kinana nia savoir où se trouvait
ce trésor, mais Mahomet le harcela: «Sais-tu que si nous apprenons que
tu l’as, je te tuerai?» Kinana répondit qu’il savait cela." Une
partie du trésor fut découverte. Pour trouver le reste, Mahomet
ordonna, parlant de Kinana: «Torturez-le jusqu’à que vous appreniez ce
qu’il a.» L’un des Musulmans fit un feu sur la poitrine de Kinana, mais
Kinana ne livra pas son secret. Lorsqu’il fut sur le point de mourir,
l’un des Musulmans le décapita." |
4. Réponse
Il
convient tout d'abord en premier lieu de jeter un peu de lumière sur
l'identité de la personnalité Kinana al-Rabi' ? Quelles étaient ses
activités ? Était-il neutre, pacifiste, homme de cœur respectueux de ses
engagements ?
4.1 La personnalité de Kinâna al-Rabi'Allama Shibli Nu'Mani relate : Après avoir quittés Médine et s'être installés à Khaybar, les Banû-n-Nadir ourdirent un complot contre l'Islam. Leurs chefs Sallam Ibn Abi-al Huqauaiq, Huyayy Ibn Akhtab, Kinana al-Rabi et d'autres se rendirent à La Mecque et rencontrèrent Quraysh et leur ont dit que l'Islam pourrait être détruit. Allama Shibli Nu'Mani, Sirat-Un-Nabi, volume II, p.106
C'est en cette occasion d'ailleurs que cette délégation de juifs dit aux Qurayshites Mecquois que leur religion (païenne) était meilleure que celle des musulmans (Rapporté par Ibn Hishâm et As-Suyuti). C'est d'ailleurs ce à quoi fait allusion le verset Coranique 4/151.
Adil Salahi, qui a rédigé une excellente biographie du Prophète (sws), dit à ce sujet :
Un groupe de chefs de la tribu d'an-Nadîr, où figuraient Sallâm ivb Mishkam, ibn Abî Al-Huqayq, son cousin Kinâna ibn ar-Rabi' ibn Abî al-Huqayq
et Huyay ibn Akhtab, ainsi que Hawtha ibn Qays et Abû 'Ammâr de la
tribu juive de Wâ'il, quittèrent Khaybar où les an-Nadîr s'étaient
installés pour tenter de forger une alliance avec les Quraysh et
d'autres ennemis de l'Islam. Ces
hommes se rendirent d'abord chez les Quraysh pour leur proposer une
alliance dans le seul but d'anéantir les musulmans. Ils leur dirent : Nous nous battrons à vos côtés jusqu'à ce que nous ayons exterminé Muhammad et ses hommes."
Les Quraysh ne se firent pas prier pour accepter une telle alliance :
ils n'avaient rien à y perdre. En outre, elle leur permettrait
d'accroître leur puissance de frappe lors des combats. Adil
Salahi, Muhammad Sceau des Prophètes, Nouvelle biographie authentique
du Prophète de l'Islam (sws), éditions Tawhid, 2007, p.315
Kinâna est
donc responsable (de même que d'autres leaders juifs) de la bataille
des Coalisés contre le Prophète (sws). Ils mobilisèrent 10000 arabes
polythéistes, enragés, autour de la ville de Médine afin d'exterminer
totalement les musulmans. Le siège de la ville de Médine dura plus d'une
vingtaine de jours. Voilà, l'oeuvre satanique de Kinâna. Il est responsable de la bataille des Coalisés qui a failli coûter l'extermination totale des musulmans.
Nous voyons donc à quel point Kinâna était pacifiste... Qui plus est, il n'a pas été respectueux du pacte de Médine (Sahifa) qui stipulait pourtant au sujet des devoirs des juifs :
Article37a:
"Aux Juifs leurs dépenses et aux Musulmans leurs dépenses. Qu'il y ait
entre eux entraide contre quiconque combattra ceux que vise cet Ecrit;
qu'il y ait entre eux bienveillance et bonnes dispositions. Observance
et non violation ! " Article 44: "Entre eux (Juifs et Musulmans), il y aura entraide contre quiconque attaquera Yathrib (Médine.) " Ibn Hishâm, Al-Sirâ Al Nabawiyya, édition Zarqa Jordanie, 1409/1988, I, p.167-172
Ayant été expulsé de la cité, Kinana aurait pu devenir neutre et ne plus se préoccuper de Muhammad (sws),
mais il n'en fut rien. À l'instar d'autres leaders juifs, il se
solidarisa avec les ennemis des musulmans, les Mecquois Païens. En voici
la preuve de la part d'un savant chrétien Copte, diplômé d'Al-Azhar, qui rédigea un livre pour éclaircir quelques vérités sur le Prophète de l'Islam (sws). Il dit:
L'ensemble
des tribus expulsées de Médine se retrouvèrent à Khaybar et se
préparaient, avec la collaboration de celle-ci, à une offensive visant
les musulmans. C'est pourquoi Khaybar fut le lieu le plus hostile aux
musulmans et à leur Prophète (sws). Les tribus de Khaybar, al-Nadir et
Qaynuqa' envisagèrent de concert d'abattre le Prophète (sws) et de
s'attaquer aux musulmans. C'est pourquoi elles y incitèrent les tribus
arabes à cela et leur proposèrent un soutien à leur initiative, ce qui
explique la décision du Prophète (sws) d'attaquer Khaybar en vue de
mettre fin à ces exactions et de protéger l'Etat musulman. Les Khaybar,
les al-Nadir et les Qaynuqa' s'accordèrent à combattre les musulmans,
s'alliant à des tribus d'autres religions, comme la tribu
Ghatafan"..."Une fois les combats amorcés, les Khaybar préssentirent
leur défaite imminente et proposèrent aux musulmans un compromis. En
vertu de ce dernier, la tribu conserverait l'exploitation de ses terres,
leur octroyant la moitié des récoltes. Le Prophète (sws) accepta le
compromis et mit fin au siège. Parmi
les principes militaires connus dans tous les pays du monde, en tout
temps et en tout lieu, figure celui en vertu duquel, la meilleure
manière de se défendre est d'attaquer. Or, la décision du Prophète (sws)
d'attaquer Khaybar était une manière de se défendre, car l'ensemble des
tribus citées s'étaient entendues sur une alliance avec la tribu des
Ghatafan, située non loin de Médine, afin de mener une offensive contre
les musulmans. Nabil Luqa Bébawi, Muhammad (sws) le Prophète calomnié, éditions al-Bouraq 2006, p.157-158
4.2 Kinana a-t-il été torturé ?En décrivant la bataille de Khaybar, les historiens ont commis une erreur sérieuse en rapportant un récit sans aucun fondement,
qui est devenu commun. Il est dit que le Prophète (sws) avait accordé
l'amnistie aux juifs à condition qu'ils ne cachent rien. Quand Kinana Ibn Rabi' a refusé de donner aucun indices aux sujets des trésors cachés, le Prophète (sws) a commandé à Zubayr (raa) d'adopter des mesures sévères pour le forcer à faire cette révélation. Zubayr (raa)
marqua sa poitrine avec du silex chaud à plusieurs reprises, jusqu'à ce
qu'il ait été à l'article de la mort. Enfin il a commandé que Kinâna soit mis à mort. Toute la vérité dans l'histoire est que Kinâna a
été mis à la mort selon ces biographies. Mais il ne le fut pas pour son
refus de d'indiquer où le trésor était caché. Il a été mis à la mort
parce qu'il avait tué Mahmud Ibn Maslama (raa).
At-Tabarî l'avait rapporté en des termes clairs: "Alors le Saint Prophète, (saws) a donné Kinana à Muhammad Ibn Maslama (raa), et lui l'a mis à la mort en guise de vengeance pour le meurtre de son propre frère, Mahmud Ibn Maslama (raa)." Concernant le reste du récit, At-Tabarî et Ibn Hishâm l'ont tous d'eux cité d'Ibn Ishâq, mais Ibn Ishâq ne nomme aucun narrateur. Les traditionalistes, dans les livres de Rijal (transmetteurs),
ont explicitement déclaré qu'Ibn Ishaq empruntait des histoires aux
juifs au sujet des batailles du Prophète (saws). Comme Ibn Ishaq ne
mentionne le nom d'aucun narrateur que ce soit, il est vraisemblable que
l'histoire fut transmise par des juifs mais ne savons rien de plus. Par
conséquent, il est vain de s'appuyer sur cette histoire. Qu'un
homme devrait être torturé par des brûlures sur sa poitrine à l'aide
des étincelles d'un silex est un acte trop honteux pour un Prophète
(saws) qui s'étaient vu attribuer le titre de "Rahma lil 'Alamin" (Miséricorde pour les mondes) pour
lui-même. Après tout, n'a-t-il pas laissé la femme qui avait cherchée à
l'empoisonner libre ? Qui s'attendrait à ce qu'une telle âme commande
qu'un corps humain doive être ainsi brûlé pour quelques pièces de
monnaie ? Absurde. En réalité, Kinana Ibn Rabi Ibn al-Huquayq
s'était vue épargner la vie dans le cadre d'un accord prévoyant qu'il
ne violerait jamais la confiance lui étant accordée ou ne ferait de
fausses déclarations. Il avait également donné sa parole, selon l'un
des récits, qui s'il faisait n'importe quoi à l'effet contraire, il
pourraient être mis à la mort. Kinana a lui-même violé l'immunité lui ayant été accordée et celle-ci lui a donc été retirée. Il a tué Mahmud Ibn Maslama (raa) et a donc du payer pour lui, comme nous l'avons déjà énoncé sur l'autorité de Tabari.
Allama Shibli Nu'Mani, Sirat-Un-Nabi, volume II, p.173-174
Concernant l'authenticité du récit de la torture, nous lisons dans le même ouvrage, un peu avant, ceci :
Dans le reste du rapport, à la fois Tabari et Ibn Hisham l'ont cité d'après Ibn Ishaq, cependant Ibn Ishaq ne désigne pas de narrateur.
Les traditionalistes, dans les livres sur les hommes (Rijâl), ont
explicitement déclaré qu'Ibn Ishaq avait l'habitude d'emprunter des
Juifs les histoires concernant les batailles du Prophète (paix et bénédictions d'Allah soient sur lui).
Comme
Ibn Ishaq ne mentionne pas le nom d'un narrateur, quel qu'il soit, dans
ce cas, il y a toutes les chances que cette histoire ait été transmise
par les Juifs.
Allama Shibli Nu'Mani, Sirat-Un-Nabi, volume II, p.173-174
4.3 Analyse du hadith d'Abou Dawud
Le hadith d'Abou Dawoud est déclaré "bon" (hassan) selon le cheikh Al-Albânî dans son livre "sahih d'Abou Dawud". Cependant, c'est bien le seul récit qui dispose d'un degré d'authenticité acceptable. Et comme nous pouvons le voir, l'histoire de la torture est INEXISTANTE dans ce récit. Kinâna fut surement tué, mais certainement pas comme l'indiquent les récits historiques dont on a vu quel crédit leur accorder. La cause de la mort de Kinâna n'est
pas indiquée, elle ne l'est que dans les récits historiques et
biographiques. Ce n'est qu'après avoir récupéré un sac, qu'il est tué.
Il n'y a aucune relation directe entre le sac caché et l'exécution de Kinâna. Peut être (conjecture), que le passage indiqué dans les récits biographiques et historiques nous orientent vers la vérité : Application du Talion pour le meurtre de Mahmoud Ibn Maslama.
N'oublions surtout pas, comme Abou Rafi',
il fut l'un de ceux qui s'opposèrent au prophète (sws) en cherchant à
le faire assassiner. Il incita de plus les tribus arabes à anéantir
l'islam.
Pour ce qui est de l'allégation "Muhammad (saws) a voulu rapiner le trésor des juifs de Khaybar pour s'enrichir", nous pensons que la subséquente tradition y apporte un démenti catégorique: "D'après
Ibn 'Omar (raa) qui avait eu pour sa part une terre à Khaybar, vint
trouver le Prophète (sws) et lui demanda des instructions au sujet de
celle-ci. - "Ô Envoyé de Dieu, lui dit-il, je possède une terre à
Khaybar et jamais je n'ai eu un bien qui me fût aussi précieux. Que
m'ordonnes-tu d'en faire?". - "Si tu veux, répondit le Prophète, immobilise le fonds et fait l'aumône de ses produits". 'Omar fit aumône de cette terre en stipulant qu'elle ne serait ni vendue, ni achetée, ni héritée, ni donnée et
en fit aumône pour les pauvres, les proches, l'affranchissement des
esclaves, la voie de Dieu, les voyageurs en détresse et les hôtes.
Il n'y a aucun mal à ce que celui qui administre le "waqf" mange de ses
produits selon le bon usage et qu'il en nourrisse un ami, pourvu qu'il
ne thésaurise pas." Sahih Muslim, Hadith n°3085
Le Prophète Muhammad (sws)
n'avait donc pas l'intention de garder ces biens pour s'enrichir, mais
ils devaient plutôt servir pour des actions charitables. En voici une
autre preuve de la part d'un savant chrétien Copte :
"Le
Prophète (sws) décéda le lundi 12 Rabih 1er de l'an 11 de l'Hégire,
soit en l'an 632 grégorien. Tout ce qui était retrouvé, à ce moment, en
sa possession était 7 dinars dont il avait fait l'aumône aux
nécessiteux, la veille, au moment où il s'était réveillé d'une absence
due à la fièvre et s'était dirigé vers la mosquée pour y faire la
prière, en compagnie d'Abu Bakr al-Siddiq. Cela
signifie qu'il décéda sans laisser un seul dinar, alors même qu'il
était le guide de la plus grande nation de la péninsule arabique. Que
répondre à ces orientalistes, fabulateurs et remplis de haine envers le
Prophète (sws) eux qui ont ébruité à tous les coins du monde que les
batailles du Prophète (sws) avaient pour seule fin d'amasser des gains
et des biens ? Où sont ces biens ? Il
ne laissa même pas les 7 dinars restants à ses épouses, mais les donna
aux nécessiteux. Tout ce que le Prophète (sws) légua fut sa mule blanche
nommée al-Qaswa. Il ne laissa dans sa succession ni argent, ni monture,
ni palmier. Ses armes étaient gagées par un créancier juif pour
quelques dinars, dont lui et ses épouses avaient besoin. Le Prophète
(sws) laissa même sa terre aux passants qui étaient dans le besoin. Il
décéda sans laisser aucun testament, car il ne possédait rien. Les
demeures dans lesquelles il vivait étaient faites de terre et leur
toit, de branches de palmiers. Ne pouvait-on pas témoigner d'une vie
désintéressée, pour démentir cette allégation des orientalistes et
affirmer que le Prophète (sws) s'était consacré à la propagation du
message de l'Islam ?" Nabil Luqa Bébawi, Muhammad (sws) le Prophète calomnié, éditions al-Bouraq 2006, p.137-138
Rappelons le point le plus important de cette réponse aux détracteurs: Il n'y a pas de source pour les textes rapportées car Tabarî, ibn Sa'd et Ibn Hisham se basent sur la version d'Ibn Ishaq qui ne donna aucune information
sur l'origine de cette histoire. Une fois de plus, le travail peu
scientifique de cette Sîra quant aux sources prouve que nous ne devons
avoir aucune confiance dans les récits sans chaîne de transmission et
qu'ils sont bon à être rejetés.
5. Conclusion
Pour conclure sur cette histoire, retenons les points suivants : - Aucun Isnad pour les textes de Sira et des Chroniques de l'Islam. - Les versions rapportées sont contradictoires. - L'attitude décrite dans ces textes du Prophète (saws) est contraire à celle bien connue dans les récits authentiques. -
La torture, l'attrait pour les biens de ce monde et la violence
contenue dans ces récits n'est pas conforme à la mission Prophétique de
Muhammad (sws).
Fin de citation.
Allahou A’lam - Dieu Sait mieux ce qu'il en est !
Annexe
- Version de Tabari, Histoire des prophètes et des Rois III 256:"Ali
prit d'assaut le premier fort, tua le commandant, et fit prisonnier
Kinana ibn al Hoqayq. Kinana était le chef des Banu Nadir. Après la prise de la forteresse de sa tribu, il était venu à Khaybar. Il avait pour femme Safiyya bint Hoyayy ibn Akhtab, ce
chef des Nadir qui, en quittant sa ville, était venu dans la forteresse
des Qurayza, qui avait été l'instigateur du grand rassemblement de
troupes des Qurayza, des Ghatafan et des autres Arabes pour la guerre du
Fossé, et qui, après la dispersion de cette armée, était allé
se renfermer avec les Banu Qurayza dans leur forteresse, où le prophète
alla les attaquer. Kinana et sa femme Saliya, qui, en quittant le
territoire des Banu Nadir, étaient venus à Khaybar, tombèrent entre les
mains d’Ali, qui les envoya, sous l'escorte de Bilal, auprès du
prophète. Celui-ci, en voyant Safiyya, fut frappé de sa beauté ; il la
couvrit de son manteau et la fit asseoir derrière lui. Ses compagnons
reconnurent ainsi qu'il la choisissait pour lui-même. Quant à Kinana, il
le fit garder avec les autres prisonniers. Quand les trois premiers
forts furent tombés sous les efforts d’Ali, les garnisons du quatrième
et du cinquième demandèrent à capituler aux mêmes conditions qu'on avait
accordées aux Banu Nadir, à savoir qu'ils pourraient quitter leur
territoire en abandonnant leurs biens, et se rendre en Syrie. Le
prophète y consentit, et ils partirent. Il restait à prendre le sixième
et le septième fort, qui étaient plus solides que les autres et
renfermaient des biens considérables. Mais la nuit approchait, et Ali
retourna au camp. Le lendemain, toute l'armée vint assaillir les portes
de ces forts sans réussir à les ouvrir. Or un homme vint dénoncer Kinana ibn Huqayq (Kinana al-Rabi),
comme sachant où étaient déposés les trésors des Banu Nadir. Le
prophète fit venir Kinana, qui refusa d'avouer, résistant à toute
persuasion. On le fit jurer sur l'âme de son père, mais il n'avoua pas.
Alors un autre d'entre les prisonniers juifs vint faire la déclaration
suivante : -A tel endroit, près de la porte du fort, il y a un lieu isolé, autour duquel j'ai vu rôder Kinana, chaque matin. Le Prophète, ayant fait appeler Kinana et l'ayant interrogé en vain, lui dit: -Si je fais fouiller en cet endroit et que je trouve les trésors, je te ferai mettre à mort. -C'est bien, répliqua Kinana.
On fit des fouilles et l'on découvrit une partie des trésors. Kinana
refusant de dire où était le reste, le prophète fit venir Zubayr ibn al
Awwam, et lui dit : -Mets-le à la question, jusqu'à ce qu'il avoue ou qu'il meure.
Zubayr lui lia les mains et les pieds, l'étendit par terre, et lui mit
sur le visage et sur la barbe de l'amidon enflammé, qui lui brûla la
peau. Kinana n'avouait pas, Zubayr, voyant que Kinana était près de
mourir, vint avertir le prophète. Celui-ci lui dit de le livrer à
Muhammad ibn Maslama, pour qu'il le fit mourir, en revanche de la mort
de son frère Mahmud, qui avait été tué à la porte du premier fort." Muhammad ibn Maslama saisit Kinana et le tua.
- Version d'ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 764-5: "Kinana ibn al Rabi,
qui était le gardien du trésor des Banu al Nadir, fut amené devant
l’apôtre qui l’interrogea à ce sujet. Il nia savoir où il était. Un juif
arriva devant l’apôtre et dit qu’il avait vu Kinana autour d’une ruine
chaque matin très tôt. L’apôtre demanda à Kinana: -Sais-tu que si nous découvrons que tu l’as caché, nous te tuerons? Il répondit que oui. L’apôtre donna des ordres pour que la ruine fut fouillée et le trésor fut trouvé. On l’interrogea alors sur le reste du trésor mais il refusa de le livrer, alors l’apôtre ordonna à al Zubayr ibn al Awwan: -Torture-le jusqu’à ce qu’il livre ce qu’il a.
Alors il alluma un feu avec un silex et lui brûla la poitrine jusqu’à
ce qu’il soit presque mort. Alors l’apôtre le livra à Muhammad ibn
Maslama qui lui trancha la tête, pour venger son frère Mahmud."
- Version d'ibn Sa'd, Tabaqat II 139-40: "Kinana et al Rabi furent amenés devant lui. Kinana était l’époux de Safiyyah et al Rabi son cousin et le fils de son oncle. L’apôtre d'Allah leur dit: -Où sont les objets que vous prêtiez aux Mecquois? Ils dirent: -Nous avons dû fuir d’ici à là, nous installant puis quittant ses endroits, de telle façon qu’il ne nous est rien resté. Il leur dit:
-Si vous m’avez caché quelque chose et que je viens à l’apprendre, il
sera permis pour moi de verser votre sang et d’asservir vos enfants. Ils dirent leur accord. Alors il appela quelqu’un des ansar et dit:
-Va là et là, dirige toi vers un bois de palmier, regarde les palmiers à
ta gauche et à ta droite, puis le plus grand palmier et rapporte ce qui
est dedans. Il est parti et a ramené les objets précieux auprès de lui. Donc, il ordonna que leurs têtes soient tranchées et qu’on asservisse leurs enfants. Il envoya un homme pour chercher Saffiya qui passa par l’endroit où ils avaient été exécutés. -Pourquoi as tu fait cela? demanda l’apôtre d'Allah. Il répondit: -Je voulais la rendre furieuse. Alors il en confia la garde à Bilal et à un homme des ansar."
- Version d'Abou Dawoud, livre 19, Hadith n°3000 (ou 3006 selon la numérotation utilisée):
Selon 'Abdallah ibn 'Omar: "Le
Prophète (sws) combattit avec les gens de khaybar, et s'empara de leur
palmiers et de leurs terres, et les força à lui remettre ce qui était
confiné dans leur forteresse. Ils conclurent un traité de paix stipulant
que l'or, l'argent et les armes revenaient à l'Apotre d'Allah (sws), et que tout ce qui était sur leurs chameaux leur appartenaient, à
condition qu'ils ne cacheraient rien dans ce qu'ils emporteraient .
S'ils le faisaient, il n'y aurait plus de protection pour eux ni de
traité de paix (avec les musulmans). Ils emmenèrent le sac de Huyayy ibn Akhtab qui fut tué auparavant à (la bataille de) Khaybar. Celui-ci
emporta le trésor des Banu-an-Nadir lorsqu'ils furent expulsés. Le
Prophète (sws) demanda à Sa'yah: "Où se trouve le sac de Huyayy ibn
Akhtab" ? Il répondit: le contenu du sac fut utilisé (dépenser) lors des
batailles et autres dépenses. (Plus tard) ils trouvèrent le sac. Il tua
donc Ibn Abu al-Huqayq (Kinana al-Rabi), puis captura leurs femmes et
enfants et voulu les expulser. Ils dirent: "Muhammad, laisse nous
travailler sur cette terre, nous auront la moitié (de la production) si
tu le souhaite et tu aura l'autre moitié". L'Apôtre d'Allah (sws) avait
l'habitude d'aider chacune de ses femmes avec 80 sa' de dattes et 20 sa'
de blé ."
- Version exégèse Coranique: Sourate 8 verset 17 - Contexte de révélation (asbab an-Nuzul d'al-Wahidi): "Mais
Safwan ibn 'Amru a cité que 'Abdel 'Aziz ibn J'Ubayr avait dit que le
Messager d'Allah (sws), le jour du siège de Khaybar, demanda qu'on lui
apporta un arc, on lui apporta un arc long, mais le Messager d'Allah
(sws) leur dit de lui en apporter un autre, et on lui apporta un arc
dont le milieu était gros. Le Messager d'Allah (sws) tira, et la flèche se dirigera vers la citadelle et tua Kinana ibn Abi Al-Haqiq (kinana al-Rabi) qui était sur son lit. Allah fit descendre ce verset (8,17).
En effet, la plupart des exégètes dirent que ce verset fut révélé après
que le Prophète eut lancé une poignée de sable, le jour de Badr..." |