Sur l'assassinat d'Abou Rafi' (ou Sallam Ibn Abou al-Huqayq)
Collectif sahab-ed-dine Création : 21/08/2010 Modification : 28/08/2010
1. Introduction Les missionnaires chrétiens avancent l’idée que le Prophète (sws) aurait ordonné de tuer Abou Rafi', ou Sallam Ibn Abou Al-Huqayq. Ils sous-entendent que l'ordre de l'éliminer n'était motivée par aucune raison. Nous allons analyser ce récit avec les rapports qu'ils utilisent afin d'en dégager la vérité.
Dans un premier temps, nous rapporterons les rapports sur lesquels ces gens se basent pour affirmer leurs propos.
2. Les rapports en questionsRemarque : les
traductions en vert ne sont pas les nôtres et sont issues du site
islamophobe "islam-document". Elles laissent à désirer, principalement
sur les dénominations des personnages et sur les expressions employées. La lecture des rapports
étant longue et fastidieuse, le lecteur peut, s'il en a envie, les lire en Annexe de cet article.
Voici les sources qui mentionnent ce récit :
[1] ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 714-6 [2] Tabari , Histoire des Prophètes et des Rois III 186 [3] Waqidi , Livre des expéditions 25 [4] Ibn Sa'd , Tabaqat II 112-3 [5] Bukhari 1, livre des expéditions militaires, chapitre 16, hadith numéro 4040 [6] Bukhari 2, livre des expéditions militaires, chapitre 16, hadith numéro 4039 [7] Bukhari 3, livre du Jihad et du comportement militaire, chapitre 155, hadith numéro 3022 [8] Bukhari, livre du Jihad et du comportement militaire, chapitre 155, hadith numéro 3023
3. Analyse du texte des versions – critique intrinsèque
Comme dit précédemment, les parties en gras dans les textes cités ci-dessus, sont les contradictions relevées au sein même de tous ces textes. La lecture y étant difficile, nous nous proposons de faire un petit travail de balayage de ces problématiques pour résumer les aspects contradictoires et montrer que cette histoire contient tout de même beaucoup de floue et même si la finalité est la même, c'est à dire qu'Abou Rafi' est bel et bien mort, nous devons tout de même tenter d'enlever l'ivraie du champs de blé. Voici donc un récapitulatif des contradictions internes des différents rapports sus-mentionnés:
3.1 Quelle fut la motivation pour faire cette mission ?
Ibn Hishâm
| Les Khazradj pour concurrencer leurs voisins les Aws et cette initiative plut au Prophète (sws) ; Cela après qu'Abou Rafi' eut monté les polythéistes et d'autres à le combattre
| At-Tabarî
| Les Khazradj pour concurrencer leurs voisins les Aws et cette initiative plut au Prophète (sws)
| Al-Waqidî
| Le Prophète (sws) sans mention particulière
| Ibn Sa'd
| Le Prophète (sws) après qu'Abou Rafi' eut monté les polythéistes et d'autres à le combattre
| Bukhârî version 1
| Le Prophète (sws) sans mention particulière
| Bukhârî version 2
| Le Prophète (sws) après qu'Abou Rafi' eut monté les polythéistes à le combattre
| Bukhârî version 3
| Le Prophète (sws) sans mention particulière
|
3.2 Combien d'hommes en mission ?
Ibn Hishâm
| 5
| At-Tabarî
| 8
| Al-Waqidî
| 5
| Ibn Sa'd
| 5
| Bukhârî version 1
| + de 2 personnes
| Bukhârî version 2
| + de 2 personnes
| Bukhârî version 3
| + de 2 personnes
|
3.3 Quand sont-ils arrivés à la forteresse de Khaybar ?Ibn Hishâm
| La nuit
| At-Tabarî
| Au coucher du soleil
| Al-Waqidî
| Non spécifié, mais sûrement entre le coucher du soleil et la nuit
| Ibn Sa'd
| "Quand tout fut calme" - sûrement la nuit
| Bukhârî version 1
| Non spécifié, mais certainement après le coucher du soleil | Bukhârî version 2
| Après le coucher du soleil
| Bukhârî version 3
| Non spécifié |
3.4 Qui est entré dans le fort ?Ibn Hishâm
| Les cinq
| At-Tabarî
| Les huit
| Al-Waqidî
| Les cinq
| Ibn Sa'd
| Les cinq
| Bukhârî version 1
| 'Abdallah Ibn 'Atik seul parce qu'il parlait couramment l'hébreu
| Bukhârî version 2
| 'Abdallah Ibn 'Atik seul parce qu'il parlait couramment l'hébreu
| Bukhârî version 3
| 'Abdallah Ibn 'Atik seul parce qu'il parlait couramment l'hébreu
|
3.5 Comment sont rentrés les musulmans dans le fort ?Ibn Hishâm
| non spécifié
| At-Tabarî
| Grâce à 'Abdallah ibn Onays
| Al-Waqidî
| Grâce à la belle mère de 'Abdallah ibn 'Atik
| Ibn Sa'd
| Non spécifié mais sûrement grâce à 'Abdallah ibn 'Atik
| Bukhârî version 1
| Grâce à 'Abdallah ibn 'Atik, mais il était seul à entrer
| Bukhârî version 2
| Grâce à 'Abdallah ibn 'Atik, mais il était seul à entrer
| Bukhârî version 3
| Grâce à 'Abdallah ibn 'Atik, mais il était seul à entrer
|
3.6 Comment se sont-ils pris pour entrer chez Abou Rafi' ?
Ibn Hishâm
| Par une échelle
| At-Tabarî
| En montant les 5 marches pour arriver à l'étage
| Al-Waqidî
| La belle-mère d'Ibn 'Atik leur a donné l'hospitalité dans la forteresse, la nuit tombée ils sont allés dans les appartements d'Abou Rafi'
| Ibn Sa'd
| Par un escalier
| Bukhârî version 1
| Par un escalier (Ibn 'Atik était seul)
| Bukhârî version 2
| A l'étage supérieur, sûrement par un escalier (Ibn'Atik était seul)
| Bukhârî version 3
| Non spécifié (Ibn 'Atik était seul)
|
3.7 Qui ouvrit la porte de la maison ?
Ibn Hishâm
| Sa femme
| At-Tabarî
| Personne, la porte était ouverte
| Al-Waqidî
| Sa femme
| Ibn Sa'd
| Sa femme
| Bukhârî version 1
| Personne, la porte était ouverte
| Bukhârî version 2
| Personne, la porte était ouverte
| Bukhârî version 3
| Personne, la porte était ouverte
|
3.8 Qui se trouvait auprès d'Abou Rafi' ?
Ibn Hishâm
| Sa femme
| At-Tabarî
| Sa femme
| Al-Waqidî
| Sa femme
| Ibn Sa'd
| Sa femme et les autres habitants de sa maison
| Bukhârî version 1
| Personne, sa femme vint après
| Bukhârî version 2
| Ses femmes
| Bukhârî version 3
| Personne
|
3.9 La / Les femme(s) d'Abou Rafi' fut / furent-elle(s) blessée(s) ?
Ibn Hishâm
| Non
| At-Tabarî
| Non
| Al-Waqidî
| Non
| Ibn Sa'd
| Oui et par coup d'épée
| Bukhârî version 1
| Non
| Bukhârî version 2
| Non
| Bukhârî version 3
| Non car elle n'était pas présente
|
3.10 Qui tua Abou Rafi' ?
Ibn Hishâm
| Toute l'équipe, mais 'Abdallah ibn Onays l'acheva et le Prophète (sws) le confirmera
| At-Tabarî
| Toute l'équipe
| Al-Waqidî
| Toute l'équipe, mais 'Abdallah ibn Onays l'acheva et le Prophète (sws) le confirmera
| Ibn Sa'd
| Toute l'équipe, mais 'Abdallah ibn Onays l'acheva et le Prophète (sws) le confirmera
| Bukhârî version 1
| 'Abdallah ibn 'Atik car il était seul
| Bukhârî version 2
| 'Abdallah ibn 'Atik car il était seul
| Bukhârî version 3
| 'Abdallah ibn 'Atik car il était seul
|
3.11 Quand est-ce que la femme d'Abou Rafi' cria ?
Ibn Hishâm
| Avant le meurtre
| At-Tabarî
| Après le meurtre, car pendant elle ne put crier sous la menace d'une arme
| Al-Waqidî
| Avant et après le meurtre
| Ibn Sa'd
| Après le meurtre, car pendant elle ne put crier sous la menace d'une arme
| Bukhârî version 1
| Elle ne cria pas du tout, ni avant, ni après
| Bukhârî version 2
| Elles ne crièrent (ses femmes) pas du tout, ni avant, ni après
| Bukhârî version 3
| Elle ne cria pas du tout, ni avant, ni après
|
3.12 Qui fut blessé et qu'a-t-il eut ?
Ibn Hishâm
| Abdallah ibn 'Atik, le bras
| At-Tabarî
| Abdallah ibn 'Atik, la jambe
| Al-Waqidî
| Abou Qatada, le pied
| Ibn Sa'd
| Aucun blessé (!)
| Bukhârî version 1
| 'Abdallah ibn 'Atik, le pied
| Bukhârî version 2
| 'Abdallah ibn 'Atik, la jambe
| Bukhârî version 3
| 'Abdallah ibn 'Atik, la jambe
|
3.13 Qui annonca la mort d'Abou Rafi':
Ibn Hishâm
| Sa femme
| At-Tabarî
| Les lamentations des femmes
| Al-Waqidî
| Sa femme et les habitants de sa maison
| Ibn Sa'd
| Personne
| Bukhârî version 1
| Une femme mais qui ?
| Bukhârî version 2
| Quelqu'un, mais est-ce un homme ?
| Bukhârî version 3
| Non spécifié
|
3.14 Se sont-ils fait poursuivre avec le meurtre ?
Ibn Hishâm
| Oui plusieurs gens allumèrent des torches
| At-Tabarî
| Non, bien que plusieurs personnes allumèrent des des torches car elles craignaient une attaque de nuit de la part des Musulmans
| Al-Waqidî
| Personne ne s'alerta bien qu'il y avait 400 cents guerriers dans le fort selon la belle mère de 'Abdallah ibn 'Atik
| Ibn Sa'd
| 3000 hommes allumèrent des torches et les poursuivirent
| Bukhârî version 1
| Personne
| Bukhârî version 2
| Personne
| Bukhârî version 3
| Personne
|
Note : il est intéréssant de voir la différence entre la version de Waqidi et celle d'ibn Sa'd sur le plan numérique. De plus, on peut se demander comment les 3000 hommes sont sortis à leurs trousses, car réunir autant d'hommes d'un château en quelques temps paraît improbable. Cela ressemble très étrangement à l'exagération des nombres dans la Bible.
3.15 Les Compagnons ont-ils porté le blessé jusqu'au Prophète (sws)
Ibn Hishâm
| Oui et sur un support
| At-Tabarî
| Oui
| Al-Waqidî
| Oui
| Ibn Sa'd
| Non car aucun blessé
| Bukhârî version 1
| Non, le blessé se banda le pied et rejoignit ses compagnons, puis par après, il resta un peu seul et n'ayant plus mal, il rattrapa ses compagnons et tous rentrèrent vers le Prophète (sws)
| Bukhârî version 2
| Non, le blessé retourna voir ses compagnons, puis, ils retournèrent tous vers le Prophète (sws) qui le soigna, mais il ne fut pas porté selon le récit
| Bukhârî version 3
| Non, le blessé rejoignit ses compagnons, puis par après, il resta un peu seul et n'ayant plus mal, tous rentrèrent vers le Prophète (sws)
|
3.16 Le blessé fut-il soigné ou non par le Prophète (sws) ?
Ibn Hishâm
| Non spécifié
| At-Tabarî
| Oui
| Al-Waqidî
| Non spécifié
| Ibn Sa'd
| Non puisqu'aucun blessé (!)
| Bukhârî version 1
| Non, l'homme n'avait plus mal à la jambe comme s'il n'avait rien eu
| Bukhârî version 2
| Oui
| Bukhârî version 3
| Non, l'homme n'avait plus mal à la jambe comme s'il n'avait rien eu
|
3.17 Combien de temps les compagnons sont-ils restés caché après le meurtre ?
Ibn Hishâm
| La nuit même
| At-Tabarî
| Au matin, le même jour
| Al-Waqidî
| Non spécifié
| Ibn Sa'd
| deux jours après
| Bukhârî version 1
| Au matin, le même jour
| Bukhârî version 2
| Au matin, le même jour
| Bukhârî version 3
| Au matin, le même jour
|
3.18 Que conclure avec toutes ces contradictions ?Nous pourrions continuer encore, mais cela suffira amplement. Car dans les textes, il reste encore à savoir si 'Abdallah ibn 'Atik parla avec Abou Rafi' ou non ? Combien de fois fut-il frappé ? Quand est-ce que le compagnon a pensé à l'ordre du Prophète (sws) de ne pas toucher aux femmes ? Etc...
De même, les absurdités telles que dans la version Bukhari numéro 2, il est dit que les femmes d'Abou Rafi' étaient avec lui dans la chambre et que celui-ci se prit un coup d'épée et cria. Pourtant personne n'avait l'air de bouger et l'agresseur pu parler plusieurs fois avec sa victime qui pu l'achever tranquillement. Etrangeté déconcertante...
Maintenant, comment s'en sortir face à tant de soucis pour une seule histoire. Nous pouvons être pratiquement sur que Abou Rafi' fut tué de par le nombre de rapport qui sont disponibles, le pourquoi de la question sera traité dans le chapitre suivant. Les savants du hadith sont d'accord pour déclarer l'histoire authentique, principalement en raison des rapports de l'Imâm Al-Bukhârî, bien que toutes les histoires se contredisent. Mais, la façon dont ceci fut accomplit est loin d'être claire. Où se trouve la vérité parmi toutes ces histoires ? Nous ne le saurons jamais.
Il y a une autre énorme contradiction entre les rapports. En effet, l'Imâm At-Tabarî situe cette histoire avant la bataille d'Ouhoud et après le meurtre de Ka'b al-Achraf, donc probablement en l'an 3 de l'Hégire. Cependant, les autres rapports situent tous, cet épisode après la bataille des Coalisés et l'histoire des Juifs de Banu Qurayza, c'est-à-dire en l'an 5 de l'Hégire. En effet, la version chronologique de l'imâm At-Tabarî est irrecevable, car Abou Rafi' fut l'un des principaux responsable de la bataille des Coalisés, il ne peut donc avoir été exécuté en l'an 3 de l'Hégire, bien que la mort d'Abou Rafi' est une réalité.
4. Abou Rafi' et son œuvre satanique
Pour comprendre cette histoire, la moindre des choses est de la restituer dans son contexte historique afin de comprendre les œuvres sataniques d'Abou Rafi'. Nous nous contenterons simplement de citer ce que les savants et les chercheurs ont rapporté de lui.
Al-Hafiz Ibn Hajar dit : Abou Rafi' s'opposait au Prophète (sws) et incitait les gens contre lui. Allama Shibli Nu'Mani relate :Après avoir quittés Médine et s'être installés à Khaybar, les Banû-n-Nadir ourdirent un complot contre l'Islam. Leurs chefs Sallam Ibn Abi-al Huqauaiq (Abou Rafi'), Huyayy Ibn Akhtab, Kinana al-Rabi et d'autres se rendirent à La Mecque et rencontrèrent Quraysh et leur ont dit que l'Islam pourrait être détruit.Source : Allama Shibli Nu'Mani, Sirat-un-Nabi, volume 2, p.106
Le Cheikh Safi Ar-Rahman Al-Moubarakfouri dit : Salâm ibn Abi al-Houqayq, surnommé Abou Rafi' faisait partie des plus grands criminels juifs, ceux qui avaient réuni les coalisés contre les musulmans et qui les avaient beaucoup assistés matériellement et financièrement. De surcroît, il maltraitait le Messager d'Allah. Source : Le Nectar Cacheté, la Biographie du Prophète (sws), Cheikh Safi Ar-Rahman Al-Moubarakfouri, Edition Daroussalam, p.434
Mokhtar Chakroun dit : Il était très riche et avais mis la main sur tout le commerce vital des arabes. Le fruit de ses complots aboutit à la ghazwa des coalisés. Source : Commentaire du Sahih Bukhari par Mokhtar Chakroun, tome 3, Editions Al-Qalam p.375 Le professeur Muhammad Hamidullah rapporte :
Point 848: Abou Rafi', un notable de Khaybar, se mit en rapport avec les Ghatafan pour les dresser une fois de plus contre Médine ; à la suite de quoi un agent médinois (agent qui connaissait sans doute bien Khaybar, puisque sa nourrice était de cette ville), fit périr Abou Rafi'. Source : Le Prophète de l'Islam (sws), Muhammad Hamidullah, éditions al-Falah 2009, p.401
Adil Salahi, qui a rédigé une excellente biographie du Prophète (sws), dit à ce sujet :
Sallâm était l'un des chef de la tribu juive d'an-Nadir. Avec Huyay ibn Akhtab, il avait joué un rôle central dans la formation de la coalition de tribus arabes qui avaient attaquées Médine. Huyay avait été tué avec les Qurayza. Sallâm, quant à lui, avait trouvé refuge a Khaybar, une ville au centre de l'Arabie où résidait la plus importante communauté juive de la région. Le Prophète (sws) savait que l'homme poursuivrait ces efforts pour nuire à l'Etat musulman : c'était donc un ennemi avec lequel aucune concession n'était possible. Source : Adil Salahi, Muhammad Sceau des Prophètes, Nouvelle biographie authentique du Prophète de l'Islam (sws), éditions Tawhid, 2007, p.343
Pour rappel : La bataille des Coalisés a regroupé 10000 arabes polythéistes ainsi que des juifs, enragés, venu attaquer les musulmans de Médine afin de les exterminer totalement. Donc Abou Rafi' est responsable de la bataille des Coalisés qui a conduit au siège de la ville du Prophète (sws).
Nabil Luqa Bébawi, un savant chrétien Copte qui est diplômé d'Al-Azhar rédigea un livre pour éclaircir quelques vérités sur le Prophète de l'Islam (sws) dit : "L'ensemble des tribus expulsées de Médine se retrouvèrent à Khaybar et se préparaient, avec la collaboration de celle-ci, à une offensive visant les musulmans. C'est pourquoi Khaybar fut le lieu le plus hostile aux musulmans et à leur Prophète (sws). Les tribus de Khaybar, al-Nadir et Qaynuqa' envisagèrent de concert d'abattre le Prophète (sws) et de s'attaquer aux musulmans. C'est pourquoi elles y incitèrent les tribus arabes à cela et leur proposèrent un soutien à leur initiative, ce qui explique la décision du Prophète (sws) d'attaquer Khaybar en vue de mettre fin à ces exactions et de protéger l'Etat musulman. Les Khaybar, les al-Nadir et les Qaynuqa' s'accordèrent à combattre les musulmans, s'alliant à des tribus d'autres religions, comme la tribu Ghatafan" [...] "Une fois les combats amorcés, les Khaybar préssentirent leur défaite imminente et proposèrent aux musulmans un compromis. En vertu de ce dernier, la tribu conserverait l'exploitation de ses terres, leur octroyant la moitié des récoltes. Le Prophète (sws) accepta le compromis et mit fin au siège. Parmis les principes militaires connus dans tous les pays du monde, en tout temps et en tout lieu, figure celui en vertu duquel, la meilleure manière de se défendre est d'attaquer. Or, la décision du Prophète (sws) d'attaquer Khaybar était une manière de se défendre, car l'ensemble des tribus citées s'étaient entendues sur une alliance avec la tribu des Ghatafan, située non loin de Médine, afin de mener une offensive contre les musulmans." Source : Nabil Luqa Bébawi, Muhammad (sws) le Prophète calomnié, éditions al-Bouraq 2006, p.157-158
Abou Rafi' assistait militairement et financièrement tous les ennemis du Prophète (sws), sans parler du fait qu'il faisait des satires de ce dernier. Ce faisant, il rompit donc le pacte de Médine. Toutes ses activités sataniques ont conduit au siège de la ville de Médine par 10,000 enragés polythéistes, bien décidés d'en finir avec l'Islam. Voilà donc pour les activités de ce "pauvre juif sans défense".
Il faut savoir que la bataille des coalisés qui aurait pu être fatale aux musulmans sans l'intervention d'Allah. En effet, cette attaque fut en partie édifiée par Abou Rafi' et ses compères. Les polythéistes firent alliance avec les juifs pour éradiquer les musulmans. Comment, dans ces conditions un chef d'état réagirait ? Il est donc logique que le Prophète (sws) de l'Islam donne l'ordre d'aller frapper à la base du problème en enlevant la mauvaise herbe qui s'apprêtait à envahir et détruire le magnifique jardin. Il ne faut donc pas pointer du doigt l'acte que l'Envoyé de Dieu ordonna (sws), mais plutôt celui qui engendra cette fin inévitable. Pourquoi ce serait le Prophète de l'Islam (sws) qui prendrait la faute en faisant tuer un homme sans toucher aux femmes et enfants quand c'est le parti opposé qui est en tord et qui s'apprêtait à tuer le Prophète (sws) et ses Compagnons (raa) et des femmes et des enfants ?
Ceci n'est pas une pensée juste et il est temps de revoir ses positions bornées et voir si ce qui fut fait n'est pas que justice Divine et mort méritée.
5. Conclusion
Pour conclure sur ce meurtre, retenons les points suivants : - Il y a plus de 15 contradictions entre les récits rapportant cette histoire - Certains détails sont étranges et frisent l'absurdité - Les juifs étaient sous pacte d'alliance avec les musulmans et il les trahirent pour les faire exterminer - Abou Rafi' aurait pu aboutir par ses œuvres sataniques (assistance militaire et économique des ennemis du Prophète(sws), ainsi que ses satires) à l'extermination totale des musulmans de Médine
Allahou A’lam ! - Dieu Sait mieux ce qu'il en est.
Annexe
- Version d'ibn Hisham, Conduite de l'envoyé d'Allah 714-6: "Quand le combat de la tranchée et l’affaire des Banu Qurayza fut terminée, le problème de Sallam ibn Abu Huqayq, connu sous le nom d’Abu Rafi apparut, en rapport avec le fait qu’il avait fait assembler des tribus contre l’apôtre d'Allah. Les
Aws avaient tué Kab avant Ohod à cause de son aversion contre l’apôtre
d'Allah et parce qu’il complotait contre lui, alors les Khazraj ont
demandé et obtenu la permission de tuer Sallam qui était à Khaybar. Cinq
hommes des Banu Salima , des Khazraj sont venus: Abdullah ibn Atik,
Masud ibn Sinan, Abdullah ibn Unays, Abu Qatada et Khuzay ibn Aswad, un
allié des Aslam. A leur départ , l’apôtre d'Allah nomma Abdullah ibn
Atik comme leur chef, et il leur interdit de tuer les femmes et les
enfants. Ils arrivèrent à Khaybar et allèrent à la maison de Sallam
de nuit, ayant bloqué toutes les portes des maisons tout autour. A ce
moment, il était dans une pièce à l’étage, et une échelle permettait d’y
monter. Ils montèrent par là , arrivèrent à la porte et demandèrent
qu’on leur ouvre. Sa femme vint et leur demanda qui ils étaient. Ils répondirent qu’ils étaient des Arabes à la recherche de nourriture. Elle leur dit que leur homme était là, et qu’ils pouvaient entrer. Nous
avons fermé la porte de la chambre sur elle, une fois entrés, de peur
qu’elle ne nous pose des difficultés. Sa femme hurla et le mit en garde
contre nous, alors nous nous sommes rués sur lui, avec nos sabres, alors
qu’il était au lit. La seule chose qui nous guidait dans le noir,
c’était le blanc de son visage, comme un linge égyptien. Sa femme a
hurlé, et l’un de nous a voulu la frapper, mais il s’est souvenu de
l’ordre de l’apôtre d'Allah de ne pas tuer de femme, alors il a repoussé
sa main ; sinon, nous en aurions fini avec elle cette nuit-là. Nous l’avons frappé avec nos sabres, et Abdullah ibn Unays l’a percé avec le sien dans le ventre, alors qu’il gémissait: -“Qatni , Qatni” , soit “c’est assez... c’est assez....”. Nous sommes sortis. Mais Abdullah ibn Atik, qui avait une mauvaise vue, est tombé de l’échelle et s’est blessé gravement le bras (...) Alors nous avons dû le porter dans un de leurs canaux d’irrigation.
Les gens ont allumé des torches pour nous chercher, dans toutes les
directions, désespérant de nous trouver, et ils sont rentrés vers leur
maitre et s’assemblant alors qu’il était à l’agonie. Nous nous
sommes chacun demandés comment savoir si l’ennmi d’Allah était mort, et
un proposa d’aller voir. Il y est allé, en se mêlant aux gens. Il a dit: -J’ai
trouvé sa femme et des Juifs assemblés autour de lui. Elle avait une
lampe à la main et regardait son visage de près et leur a dit: -Par
Allah, j’ai du entendre la voix d’Abdullah ibn Atik. Mais je dois me
tromper parce que je ne vois pas ce qu’Abdullah ibn Atik ferait ici... Puis elle se retourna vers lui, et dit: -Par le dieu des Juifs, il est mort! Jamais je n’ai entendu de paroles plus douces... Il
revint et nous apporta ces nouvelles et nous avons emporté notre
compagnon, nous l’avons emmené vers l’apôtre d'Allah et nous avons dit
que nous avions tué l’ennemi d’Allah. Nous nous sommes disputés pour savoir qui l’avait tué, chacun revendiquant la paternité de l’acte. L’apôtre d'Allah demanda à voir nos sabres et quand il les eut examinés, il déclara: -C’est le sabre d’Abdullah ibn Unays qui l’a tué. J’ai vu des traces de nourritures dessus."
- Version de Tabari , Histoire des Prophètes et des Rois III 186: "Sallam,
surnommé Abu Rafi, était le chef des Juifs de Khaybar, et résidait dans
cette ville. C'était un homme considérable, très riche et maniant bien
la parole. Il avait été lié d'amitié avec Kab ibn Ashraf, et il faisait également des satires contre le prophète. La
population de Médine se composait de deux tribus, les Aws, les moins
nombreux, et les Khazradj. Ces deux tribus étaient en rivalité entre
elles, et si l'une accomplissait quelque action d'éclat, l'autre
cherchait également à en accomplir. Les sept hommes qui avaient tué Kab
appartenaient tous à la tribu d'Aws. Alors les hommes de Khazradj se
réunirent et dirent: Il faut que nous aussi nous tuions un des
principaux personnages des Juifs, pour être agréables au prophète ; et
ils résolurent de massacrer Abu Rafi, chef des Juifs de Khaybar, qui
étaient les plus nombreux. Ils firent part de leur dessein au prophète,
qui l'approuva. Huit d'entre eux, des hommes jeunes et braves, se
concertèrent, et, avant de partir, vinrent trouver le prophète, qui les
remercia et leur dit : -Allez, mais ne tuez pas de femmes ni d'enfants. Ces
hommes partirent et arrivèrent à Khaybar au moment du coucher du
soleil. Khaybar était une forteresse telle qu'il n'y en avait pas de
plus solide dans le monde ; elle se composait de sept forts, l'un
entourant l'autre, et chaque fort était muni d'une porte de fer. Au
moment de la prière du soir, où le gardien rentrait dans la forteresse,
Abdallah ibn Onays, l'un des huit, recommanda à ses compagnons de se
cacher derrière le mur, leur donna ses armes et leur dit : -Je vais chercher à m'introduire dans la forteresse ; tenez-vous à la porte ; quand je l'ouvrirai, vous entrerez. Il
alla se placer vis-à-vis de la porte, se couvrant la figure, comme
quelqu'un qui fait ses besoins. A ce moment, le gardien voulut fermer la
porte, et, pensant que cet homme était l'un des gens de la forteresse,
il lui cria: -Entre tout de suite, je vais fermer la porte, il est tard. Abdallah
se leva, ramassant ses vêtements, et la tête toujours couverte, pour
que le gardien ne put le reconnaitre, entra dans la forteresse et
s'assit à un endroit où le gardien ne le voyait pas. Chaque soir, après
avoir fermé les sept portes, le gardien suspendait les sept clés
ensemble à un clou, à un endroit caché, et le lendemain matin celui qui,
à l'intérieur, se levait le premier pour sortir , prenait les clefs et
ouvrait les portes, sans qu'il fut nécessaire d'appeler le gardien.
Abdallah avait été souvent à Khaybar et connaissait cette habitude. Le
gardien ayant suspendu les clefs, Abdallah attendit que l'on eut éteint
les flambeaux. Abu Rafi avait son appartement au milieu du fort,
élevé au-dessus du sol. Il fallait y monter par cinq marches. Les
habitants du fort restèrent avec lui jusqu'à minuit, ensuite ils se
séparèrent et allèrent se coucher. Alors Abdallah prit les clefs,
ouvrit les portes, et ses compagnons entrèrent. Ils tirèrent leurs
sabres et montèrent à l'appartement d'Abu Rafi qui était couché avec sa
femme. La porte de l'appartement était ouverte. Ils entrèrent,
et Abdallah ibn Onays, dirigea son sabre sur Abu Rafi. A ce moment , la
femme se précipita hors du lit et voulut crier. Abdallah ibn Atik ,
leva son sabre pour la frapper, mais, se rappelant que le prophète leur
avait recommandé de ne pas tuer les femmes, il lui dit : -Si tu cries, je te frappe. La femme se tint tranquille.
Après qu'ils eurent tué Abu Rafi et qu'ils se furent retirés, la femme
donna l'alarme. Ils se précipitèrent en toute hate en bas de l'escalier
; mais Abdallah ibn d’Atik, ayant manqué les marches, tomba sur le
sol et se cassa la jambe. Il poussa des cris de douleur, et ses
compagnons, craignant qu'il ne restat là, le prirent sur leur dos et
l'emportèrent hors du fort. Les gens de l'intérieur du fort
accoururent tous de leurs maisons. Personne ne put dire qui étaient les
meurtriers. Avant que l'on eut allumé des flambeaux, les musulmans
étaient déjà à une certaine distance. Les gens du château vinrent
trouver le gardien, qui dit : -J'avais fermé les portes et réuni les clefs comme d'habitude. Alors ils lui dirent: -Ferme les portes ; peut-être Muhammad et ses compagnons sont-ils venus pour nous surprendre ; il ne faut pas qu'ils puissent pénétrer dans le fort. On ferma donc les portes, et personne n'osa sortir. Les musulmans dirent entre eux: -Ne nous en allons pas avant d'avoir la certitude qu'Abu Rafi est mort. Au
matin, lorsqu'ils entendirent du fort le bruit des lamentations des
femmes, ils surent qu'il était mort, et partirent pour Médine, en
emportant celui qui s'était cassé la jambe. Le prophète fut très heureux ; il toucha l'homme blessé, qui fut guéri à l'instant même et se leva. Les Juifs qui demeuraient tout autour de Médine furent dans la terreur devant le prophète. Ils disaient: -Quels sont ces hommes qui sont avec Muhammad, qui tuent les gens enfermés dans leurs châteaux? Ils vinrent tous pour faire la paix."
- Version de Waqidi , Livre des expéditions 25:
"Nous
avons quitté Médine et voyagé jusqu’à atteindre Khaybar… L’apôtre
d’Allah a envoyé cinq d’entre nous, ibn Atik, ibn Unays, Abu Qatada, ibn
Khuzay et ibn Sinan. Nous avons atteint Khaybar et ibn Atik envoya
chercher sa belle-mère en disant où il se trouvait. Elle revint avec un
sac rempli de dates sélectionnées et de pain. Nous en avons mangé et il
lui dit : -Mère, c’est maintenant le soir, donne nous l’hospitalité dans ta maison , que l’on puisse entrer dans Khaybar. Sa belle-mère lui dit : -Comment pourrais tu entrer dans Khaybar, alors qu’il y a là quatre cent guerriers ? Contre qui en avez vous ? Il répondit : -Abu Rafi. Elle dit : -Vous serez incapables de l’atteindre. Il dit : -Par Allah, je vais le tuer ou je serai tué dans la tentative. Alors elle dit : -Alors viens avec moi dans la nuit. Alors ils entrèrent avec elle, alors que les gens de Khaybar étaient endormis. Elle leur dit : -Attaquez
ensemble quand tout est calme… Les Juifs ne ferment pas leurs portes
par sécurité , de peur qu’un invité n’arrive durant la nuit , et
quiconque arrive dans la cour, n’ayant pas encore reçu l’hospitalité,
trouvera la porte ouverte et pourra entrer et souper. Quand tout fut tranquille, elle dit : -Allez voir Abu Rafi et demandez à le rencontrer… pour lui donner un présent, et ils vous ouvriront. Ils le firent… Ils
mirent en premier ibn Atik, parce qu’il parlait la langue juive, et ils
demandèrent à être admis auprès d’Abu Rafi ; sa femme est arrivée et a
dit : -Quelle est la nature de votre affaire ? ibn Atik répondit, parlant la langue juive : -Nous lui apportons un présent. Elle ouvrit donc la porte, et quand elle vit son arme, elle se mit à hurler. (Ils)
poussèrent contre la porte pour permettre à ibn Atik de rentrer en
premier. Elle essaya à nouveau de crier, mais il l’a menaça de son
sabre. Elle resta silencieuse un moment. Je lui dis alors : -Ou est Abu Rafi ? Dis-moi , où je te frappe de mon sabre ! Elle dit : -Il
est dans la chambre. Nous sommes allés chez lui et nous ne pouvions le
distinguer que par la silhouette blanche, parce qu’il ressemblait à un
vêtement à la mode égyptienne. Nous nous sommes rués sur lui avec nos
sabres ; sa femme se mit à hurler et l’un d’entre nous était sur le point de la tuer mais il s’est souvenu que l’apôtre d’Allah a interdit de tuer les femmes. Quand nous l’avons atteint, nous avons remarqué que le plafond était trop bas pour nous, et nos sabres rebondissaient sur lui. Je
ne voyais rien à cause de l’obscurité de la nuit, mais je l’ai vu comme
si c’était la lune. J’ai appuyé mon sabre sur son ventre et quand je
l’ai entendu qui touchait le lit, j’ai su qu’il était mortellement
atteint. Les autres ont continué à le frapper. Alors nous sommes
redescendu, mais Abu Qatada a oublié son arc. Ses compagnons lui ont dit
: -Laisse ton arc ! Mais il est retourné et l’a récupéré. Il s’est foulé le pied et les autres ont du le porter. La femme d’Abu Rafi a hurlé , et les gens de la maison ont entendu le cri après le meurtre… Quand
nous sommes revenus sur le chemin de Médine, chacun d’entre nous
prétendait l’avoir tué. Nous sommes allés voir le prophète, qui était
sur le minbar. Quand il nous a vu, il dit : -Soyez heureux ! Nous lui avons dit alors : -Sois heureux ! Il dit : -L’avez-vous tué ? Nous avons répondu : -Oui. Et chacun a prétendu l’avoir fait. Il dit alors : -Apportez-moi vite vos sabres ! Nous lui avons apporté nos sabres. Il dit alors : -Celui-ci l’a tué : il y a encore des traces de nourritures sur le sabre d’ibn Unays."
- Version de Ibn Sa'd , Tabaqat II 112-3: "Abu
Rafi avait exhorté les Ghatafan et les polythéistes d’Arabie des
alentours à rassembler une grande force pour combattre l’apôtre d'Allah.
L’apôtre d'Allah envoya Abdallah ibn Atik, Abdallah ibn Unays, Abu
Qatada, al Aswad ibn Khuzay et Masud ibn Sinan avec ordre de
l’assassiner. Ils partirent à Khaybar et se cachèrent pour lui tenir une
embuscade. Quand tout fut calme, ils entrèrent dans sa maison et montèrent par l’escalier. Ils mirent en avant Abdallah ibn Atik parce qu’il parlait la langue des Juifs. Il demanda que la porte soit ouverte en disant: -J’apporte un cadeau pour Abu Rafi. Sa
femme ouvrit la porte. Quand elle remarqua les armes, elle voulut
crier. Ils la frappèrent d’un coup de sabre , pour la faire taire. Ils pénétrèrent dans la maison , et le reconnurent à sa peau blanche, comme un drap copte. Ils l’attaquèrent à coup de sabre. ibn Unays a dit: -J’étais
dans l’obscurité alors je n’ai rien vu mais j’ai mis son sabre dans son
ventre, et puis j’ai appuyé dessus. J’ai entendu le bruit du sang qui
giclait et j’ai pensé qu’il agonisait. Les autres l’ont attaqué tous
ensemble. Nous sommes descendus par l’escalier. Sa femme criait comme les autres habitants de la maison. Ils se cachèrent dans un canal de Khaybar. Abu
Zaynab al Harith emmena 3000 hommes avec des torches pour les
poursuivre. Comme ils ne les ont pas trouvés, ils retournèrent chez eux.
Les musulmans restèrent deux jours dans leur cachette. Quand la traque
cessa, ils retournèrent à Médine. Chacun se vantait de l’avoir tué. Ils arrivèrent devant l’apôtre d'Allah qui leur dit: -Que votre figure soit favorisée. Ils dirent: -Que votre figure soit favorisée, ô apôtre d'Allah. Ils l’informèrent de leur expédition. Il
prit leurs sabres, les examina. Il découvrit les traces de nourriture
sur le bout du sabre d’Abdallah ibn Unays et déclara que c’était lui qui
l’avait tué."
- Version de Bukhari 1, livre des expéditions militaires, chapitre 16, hadith numéro 4040:
"Al
Bara ibn Azib a dit: Le prophète (sws) avait dépêché contre Abu Rafi
Abdallah ibn Atik et Abdallah ibn Otba avec quelques autres personnes.
Ils se mirent en route et, arrivés près du château, Abdallah ibn Atik
dit à ses compagnons : -Restez ici pendant que je vais aller à la découverte. Abdallah raconta la suite en ces termes : -Je
cherchai à pénétrer par ruse dans le château. Or il était arrivé qu'un
ane s'était égaré et qu'on était parti à sa recherche avec des torches.
Dans la crainte d'être reconnu, à ce moment je me recouvris la tête et
les jambes comme si j'accomplissais un besoin naturel. Puis le gardien
de la porte ayant crié : -Que ceux qui veulent rentrer le fassent
avant que je ne ferme la porter, alors j'entrai et me dissimulai dans
l'étable de l'âne qui était auprès de la porte du château. Chez Abu
Rafi on se mit à souper et à causer jusqu'à une certaine heure de la
nuit, après quoi chacun se retira dans sa chambre. Quand le bruit des
voix eut cessé et que je n'entendis plus le moindre bruit de pas, je
sortis de ma cachette. J'avais remarqué que le gardien de la porte avait
placé les clés du château dans une lucarne. Je pris ces clés et ouvris
la porte du château, me disant que si on s'apercevait de ma présence je
m'en irais tranquillement. Ensuite je me dirigeai vers les portes des
chambres et les fermai extérieurement sur leurs habitants. Cela fait, je
gravis l'escalier qui menait à la chambre de Abu Rafi ; la pièce était
obscure car on avait éteint la lampe, en sorte que je ne savais pas où
était mon homme. -Eh! Abu Rafi, m'écriai-je. -Qui est là? demanda-t-il. Me
dirigeant alors du côté de la voix, je le frappai. Il poussa un cri,
mais le coup n'avait pas produit l'effet attendu. Je m'avançai comme
pour venir à son secours et lui dis en changeant le son de ma voix : -Qu'as-tu, ô Abu Rafi? -Malheur à ta mère! s’écria t-il, n'es-tu pas étonné qu'un homme soit entré chez moi et m'ait frappé de son sabre? Je
revins sur lui, le frappai une seconde fois sans plus de succès que la
première fois. Il poussa un nouveau cri et sa femme arriva. Je
revins alors comme pour le secourir en changeant le son de ma voix et le
trouvai renversé sur le dos. Je plaçai la pointe de mon sabre sur son
ventre et l'enfonçai en entendant le bruit de ses os qui se brisaient. Je
sortis tout troublé et lorsque, arrivé à l'escalier, je voulus
descendre, je tombai et me déboitai le pied. Je bandai mon pied et
rejoignis à cloche-pied mes compagnons. -Allez annoncer la bonne
nouvelle à l envoyé d'Allah, leur dis-je. Quant à moi je ne bougerai pas
d'ici tant que je n'aurai pas entendu annoncer sa mort. Aussitôt que le jour parut, une femme monta et cria : -
J'annonce la mort de Abu Rafi. Aussitôt, je me levai et marchai sans
boiter, si bien que je rejoignis mes compagnons avant qu'ils ne fussent
arrivés auprès du prophète, et je lui annonçai moi-même la bonne
nouvelle."
- Autre version de Bukhari 2, livre des expéditions militaires, chapitre 16, hadith numéro 4039:
"Al-Bara
ibn al-'Azib dit : Le Prophète (sws) envoya un groupe d'Ansarites à
Abou Rafi' le juif (pour le tuer) et désigna à leur tête 'Abdallah ibn
'Atik al-Ansari (qui parlait couramment l'hébreu). Abou
Rafi' avait beaucoup nui au Prophète (sws) à dépenser sa fortune à
ameuter les tribus arabes pour combattre le Prophète (sws).
Il était bien fortifié dans une de ses citadelles au Hijaz. Le groupe
arriva dans les parages du fort après le coucher du soleil. Les gens
étaient affairés à faire rentrer leur bétail. 'Abdallah ibn 'Atik dit à
ses compagnons : "Restez là, je vais tenter d'amadouer le portier,
peut-être me laissera-t-il passer!" Il s'approcha du portail du fort, se
masqua le visage avec son vêtement, et fit semblant de traîner avec
l'air affairé. Déjà tout le monde était passé; le portier l'appela : Ô
toi! Si tu veux entrer, fais-le! Je veux fermer la porte! Après avoir
passé la porte, je choisis une cachette, dit ibn 'Atik! Une fois que
tout le monde fut à l'intérieur, et la porte fermée, le portier accrocha
les clefs à
un piton. J'allai prendre les clés et j'entrouvris la porte. Cette
nuit-là, Abou Rafi' avait des invités. Il était à l'étage supérieur.
Quand
ses compagnons partirent, j'y suis monté. Chaque fois que j'ouvrais une
porte, je la refermais derrière moi de l'intérieur en me disant : s'ils
s'aperçoivent de ma présence, ils ne pourront m'atteindre qu'après
avoir tué Abou Rafi'. Je finis par arriver jusqu'à lui, dans une chambre
où il faisait noir. Il était parmi ses femmes et je ne pouvais pas
deviner où il se trouvait! Je l'appelai alors par son nom. "Qui est-ce?"
me dit-il. Je courus dans la direction de la voix, et je lui donnai un
coup d'épée! J'étais tout essoufflé ; cela ne donna pas le résultat
escompté ; il se mit à hurler! Je ressortais sans trop m'éloigner,
puis je m'introduisis une deuxième fois dans sa chambre. "Abou Rafi',
lui dis-je, c'est quoi ces cris? - Que veux-tu, malheur à ta mère! Un
homme est rentré chez moi, il y a un instant, et m'a donné un coup
d'épée! répondit-il. Je lui assénai un autre coup d'épée sans arriver à
le tuer. Alors je posai la pointe sur son ventre et j'enfonçai l'épée de
toutes mes forces jusqu'à atteindre son dos. Ainsi, j'étais sûr de
l'avoir tué. Je ressortis en ouvrant porte après porte pour atteindre
les escaliers. Je pensais que j'avais atteint le sol! Mais je suis
tombé, ma jambe fut contusionnée. La nuit était éclairée par la lune.
je me fis un pansement avec mon turban et me postait derrière le
portail, me disant : je ne repartirai d'ici qu'après m'être assuré de sa
mort! Quand le chant du coq se fit entendre, quelqu'un se mit sur le
rempart du fort pour annoncer : pleurez la mort d'Abou Rafi', le
négociant de Hijaz. Alors je me levai, pour rejoindre mes
compagnons et leur dis : "Sauvons-nous! Dieu nous a débarrassé d'Abou
Rafi'!" Je retournai auprès du Prophète (sws) pour lui en rendre compte. Le
Prophète (sws) me dit : "Allonge ta jambe!" Je la lui présentai et il
passa sa main dessus. C'est comme si jamais je n'avais eu mal à ma
jambe!"
- Autre version de Bukhari 3, livre du Jihad et du comportement militaire, chapitre 155, hadith numéro 3022:
"Al-Bara ibn al-'Azib dit :Le Prophète (sws) envoya un groupe d'Ansarîtes à Abou Rafi' (le juif) pour le tuer. L'un d'eux entra au fort (c'était 'Abdallah ibn 'Atik al-Ansari parce qu'il parlait couramment l'Hébreux). Parlant de son aventure il dit: Je suis entré dans leur écurie. Ils fermèrent la porte du fort. Mais
s'étant aperçu de l'absence de l'un de leurs ânes, ils ressortirent à
sa recherche. Je sortis avec eux feignant la recherche. Ils le
trouvèrent et rentrèrent, et moi aussi. Ils refermèrent la porte du
fort et posèrent les clefs dans une ouverture du mur. J'observais ce
qu'ils faisaient. Quand tout le monde se coucha, je pris les clefs et
ouvris la porte du fort. Je m'introduisis chez Abou Rafi'. " Abou
Rafi' !", lui dis-je. Il me répondit. Alors je me dirigeai vers la voix
et je le frappai de mon épée. Il poussa un cri. Je ressortis puis
rentrai à nouveau comme si quelqu'un venait à son secours, et changeant
ma voix, je lui dis: "Abou Rafi' !". Que veux tu, malheur à ta mère !
Mais qu'as-tu ? lui dis-je. Je ne sais qui est entré chez moi et m'a
frappé ! répondit-il. Alors j'enfonçai mon épée dans son ventre et
appuyai de toutes mes forces jusqu'au craquement des os. Je ressortis
éssouflé ; je descendis des escaliers et tombai, ma jambe fut
contusionnée. J'allai trouver mes compagnons. "Je ne repartirai
d'ici qu'après m'être assuré de sa mort !" Je n'ai pas tardé à entendre
l'annonce de la mort de Abou Rafi', le négociant de Hijaz. Alors je me suis levé, n'ayant plus mal à la jambe, et nous sommes retournés auprès du Prophète (sws) pour lui en rendre compte.
- Autre version de Bukhari, livre du Jihad et du comportement militaire, chapitre 155, hadith numéro 3023:
"Al-Bara
ibn al-'Azib dit : Le Prophète (sws) envoya un groupe d'Ansarîtes à
Abou Rafi'. 'Abdallah ibn 'Atik pénétra chez lui et le tua dans son
sommeil."
(Version quasi identique au Hadith 4038, inutile de la répéter)
|