III - Les avis de différents savants musulmans concernant cette histoire Après
avoir listé les différentes versions de la tradition, nous allons
maintenant faire une liste non exhaustive de ce que certains parmi les
savants de l'islâm ont pu dire à propos de cette histoire. 1 - Ibn Qoutaybah (m. 276 H.), Ta'wîl Moushkil al-Qour'âne, p.42-44 Et
quant au manque dans le Moushaf de 'Abd Allâh [c'est-à-dire Ibn
Mas'oud] par l'omission de la "Mère du Livre" [c'est-à-dire la Fâtiha]
et les Mou'awidhatayne [Sourates 113 et 114] d'un côté, l'ajout d'Oubayy
[c'est-à-dire b. Ka'b] de l'ajout de deux Sourates utilisés pour le
Qounout, nous ne disons pas à ce sujet que 'Abd Allâh et Oubayy ont eu
raison et que les Emigrés et les Auxiliaires (ar: Ansâr) se sont
trompés. Cependant, 'Abd Allâh a adopté l'avis, comme le pense les gens
qui connaissent bien le sujet, qu'elles étaient comme des protectrices
ou [qu'elles étaient utilisées] pour la Rouqya [exorcisme] ou autre. Et il avait l'habitude de voir le Prophète, paix sur lui, protéger par elles al-Hasan, al-Housayn et d'autres ; tout comme il se protégeait en récitant : "Je cherche refuge par les Paroles complètes de Mon Seigneur" et tout ce qui s'en approche. Il a donc pensé qu'elles ne faisaient pas parties du Coran, et il est resté sur son opinion en contredisant la totalité des Compagnons tout comme il est resté du même avis concernant le "Tatbîq" [c'est une pratique qui consistait à mettre ses mains entre ses cuisses lors de la génuflexion lors de la prière, pratique qui a été abandonnée par la totalité des Compagnons]. وَهَذَا
الْكَلَامُ لَمْ يُتَابِعْ عَبْدَ اللهِ عَلَيْهِ أَحَدٌ مِنْ أَصْحَابِ
النَّبِيِّ صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ، وَقَدْ صَحَّ عَنِ النَّبِيِّ
صَلَّى اللهُ عَلَيْهِ وَسَلَّمَ أَنَّهُ قَرَأَ بِهِمَا فِي الصَّلَاةِ
وَأُثْبِتَتَا فِي الْمُصْحَفِ Et
quant à ces paroles, personne parmi les Compagnons du Prophète, paix et
bénédictions sur lui, n'a suivi l'avis de 'Abd Allâh [ibn Mas'oud], et
il est rapporté de manière authentique que le Prophète, paix et
bénédictions sur lui, les récitait dans la prière et elles ont été
confirmé dans le Moushaf. Le
Qâdi 'Iyâd a écrit une trentaine de pages sur la question. Il serait
vraiment très fastidieux pour nous de tout traduire. Nous allons
simplement résumer son avis sur la question. ...
Celui qui rejette une seule lettre du Coran est un mécréant. Dieu le
Très a en effet dit : " [...] accorde lui l'asile afin qu'il entende la
Parole de Dieu " (Coran 9,5) et le Très Haut dit aussi : "L'Esprit
fidèle est descendu avec [c'est-à-dire le Coran]" (Coran 26,193) et Il
dit aussi : "Et c'est ainsi que Nous t'avons révélé un Coran arabe"
(Coran 42,7). Et tout ce qui a été rapporté au sujet d'Ibn Mas'oud sur
le fait que les Mou'awidhatayne (Sourates 113 & 114) et la Mère du
Livre (c'est-à-dire la Fatihâ) ne font parties du Moushaf est un
mensonge inventé et n'est pas authentique. Bien au contraire, ce qui est
authentiquement rapporté de lui est la lecture de 'Âsim selon Zirr b.
Houbaysh selon Ibn Mas'oud et la Mère du Livre ainsi que les
Mou'awidhatayne s'y trouvent. 5 - Al-Qâdi 'Iyad (m. 544 H.), Ikmâl al-Mou'lim Bi-Fawâ'îd Mouslim, tome 3, p.182-183 Les
paroles [concernant la tradition prophétique] : ("Des versets m'ont été
révélées cette nuit et rien de leur ressemble : "Dis: Je cherche refuge
auprès du Seigneur de l'aube naissante" [Coran 113, 1] et "Dis: Je
cherche refuge auprès du Seigneur des hommes" [Coran 114, 1]") : sont
une preuve claire qu'elles font parties du Coran, et une réponse à ceux
qui pensent qu'Ibn Mas'oud en a pensé autre chose. Et c'est une réponse
également à ceux qui pensent que le mot "Qoul" [c'est-à-dire : dis] ne
font pas parties de ces deux sourates. Et certes, il lui a été ordonné
de les répéter [c'est-à-dire le Prophète paix sur lui] alors il l'a
fait. Et c'est une chose qui fut rapporté dans une tradition que
certains athées ont mal interprété ; elles furent écrit dans le Moushaf
et le consensus affirme qu'elles font parties du Coran, ce qui réfute
leurs dires. Ce qui a été retranché des propos d'Ibn Mas'oud c'est comme s'il s'agissait de l'indication qui affirme qu'il ne les confirmait pas dans son codex et qu'il voyait qu'elles ne faisaient pas parties du Coran. Quant à ces propos : (Il me fut dit : "Dis" alors je le dis) ceci est une preuve qu'elles font parties de la Révélation. Et la chose était du temps d'Ibn Mas'oud ouverte à toutes les possibilités (d'interprétations), quant à maintenant, le consensus est établi. 7 - Al-Fakhr ar-Râzî (m. 606 H.), Mafâtih al-Ghayb, tome 1, p.222-223 الْمَسْأَلَةُ
الْخَامِسَةَ عَشْرَةَ: نُقِلَ فِي الْكُتُبِ الْقَدِيمَةِ أَنَّ ابْنَ
مَسْعُودٍ كَانَ يُنْكِرُ كَوْنَ سُورَةِ الْفَاتِحَةِ مِنَ الْقُرْآنِ،
وَكَانَ يُنْكِرُ كَوْنَ الْمُعَوِّذَتَيْنِ مِنَ الْقُرْآنِ، وَاعْلَمْ
أَنَّ هَذَا فِي غَايَةِ الصُّعُوبَةِ، لِأَنَّا إِنْ قُلْنَا إِنَّ
النَّقْلَ الْمُتَوَاتِرَ كَانَ حَاصِلًا فِي عَصْرِ الصَّحَابَةِ بِكَوْنِ
سُورَةِ الْفَاتِحَةِ مِنَ الْقُرْآنِ فَحِينَئِذٍ كَانَ ابْنُ مَسْعُودٍ
عَالِمًا بِذَلِكَ فَإِنْكَارُهُ يُوجِبُ الْكُفْرَ أَوْ نُقْصَانَ
الْعَقْلِ، وَإِنْ قُلْنَا إِنَّ النَّقْلَ الْمُتَوَاتِرَ فِي هَذَا
الْمَعْنَى مَا كَانَ حَاصِلًا فِي ذَلِكَ الزَّمَانِ فَهَذَا يَقْتَضِي
أَنْ يُقَالَ إِنَّ نَقْلَ الْقُرْآنِ لَيْسَ بِمُتَوَاتِرٍ فِي الْأَصْلِ
وَذَلِكَ يُخْرِجُ الْقُرْآنَ عَنْ كَوْنِهِ حُجَّةً يَقِينِيَّةً،
وَالْأَغْلَبُ عَلَى الظَّنِّ أَنَّ نَقْلَ هَذَا الْمَذْهَبِ عَنِ ابْنِ
مَسْعُودٍ نَقْلٌ كَاذِبٌ بَاطِلٌ، وَبِهِ يَحْصُلُ الْخَلَاصُ عَنْ هَذِهِ
الْعُقْدَةِ، وَهَاهُنَا آخِرُ الْكَلَامِ فِي الْمَسَائِلِ
الْفِقْهِيَّةِ الْمُفَرَّعَةِ عَلَى سُورَةِ الْفَاتِحَةِ وَاللهُ
الْهَادِي لِلصَّوَابِ. Question
n°15 : Il a été rapporté dans les anciens ouvrages qu'Ibn Mas'oud
rejetait le fait que la Fâtiha faisait partie du Coran, de même qu'il
niait également que les Mou'awidhatayne en faisait également parties. Et
je sais que ceci est à la limite du supportable car si nous affirmons
que la transmission notoire sur le de la Fâtiha comme faisant partie
intégrante Coran était effective du temps des Compagnons alors dans ce
cas Ibn Mas'oud était au courant de cela et son rejet implique la
mécréance ou un défaut d'intelligence [de sa part] ; et si nous
affirmons que la transmission notoire sur ce sujet n'était pas effective
en ce temps-là, ceci implique que la transmission du Coran n'est pas du
tout notoire à la base et de ce fait le Coran n'est plus une preuve
certaine. Ce qui est plus sûr c'est
que ce qui a été rapporté sur Ibn Mas'oud est mensonger et faux et
c'est de cette manière qu'on denoue ce noeud [difficile] [...]. 8 - An-Nawawî (m. 676 H.), Kitâb al-Majmou' Sharh al-Mouhadhdhab lil-Shîrâzî, tome 3, p.363 Les
musulmans sont d'accord à l'unanimité que les Mou'awidhatayne (Sourates
113 & 114), la Fâtiha et le reste des Sourates qui sont écrites
dans le Moushaf font partie du Coran. Celui qui renie ne serait-ce
qu'une seule chose s'y trouvant a mécru. Quant à ce qui a été rapporté
au sujet d'Ibn Mas'oud sur les Mou'awidhatayne et la Fâtiha est faux et
n'est pas authentiquement rapporté de lui. Ibn Hazm a dit au tout début
de son livre "al-Mahallâ" : "Ceci est un mensonge inventé sur Ibn
Mas'oud. Bien au contraire, ce
qui est authentiquement rapporté de lui est la lecture de 'Âsim selon
Zirr selon Ibn Mas'oud et la Fâtiha ainsi que les
Mou'awidhatayne s'y trouvent." 9 - Shams ad-Dîne al-Kirmânî (m. 786 H.), Al-Boukhârî bi Sharh al-Kirmânî, éditions Dar at-Tourath al-'Arabî, tome 12 p. 219-220 Quant
à la parole "Il dit" [c'est-à-dire dans le hadîth rapporté par
al-Boukhârî] : Il s'agit de Soufyâne b. 'Ouyaynah et 'Asim nous a
rapporté *. Quant à la parole "Abou al-Moundhir" : [...] Il s'agit du surnom (ar: Kounya) d'Oubayy que Dieu l'agrée. C'est ainsi que l'Envoyé de Dieu, paix et bénédictions sur lui, l'a surnommé. Quant au terme "ton frère" : c'est-à-dire en religion. Quant aux termes "ceci et cela" : c'est-à-dire que toutes les deux ne font pas parties du Coran. Quant
à la parole "Il me fut dit" : c'est-à-dire que cela fait partie du
Coran et ceci fait partie des choses sur lesquelles les Compagnons ont
divergé puis la divergence a été levée et le consensus fut établi. Si
aujourd'hui quelqu'un nie le fait que ça soit coranique a mécru.
Certains ont dit que la question ne concernait pas le fait de savoir si
ça faisait partie du Coran ou pas, mais elle concernait seulement une
description des descriptions [de ces sourates] et une particularité des
particularités (de ces
sourates). Et il n'y a pas de doute sur le fait que ces rapports le
sous-entendent et le sous-entendu est préférable ici et Dieu sait mieux.
* : son explication n'est pas très claire, mais il semble vouloir dire qu'il est rapporté selon deux chaines de transmission la parole de Zirr, une par Soufyâne b. 'Ouyaynah et une autre selon 'Âsim b. Bahdalah. 10 - Az-Zarkashî (m. 794 H.), al-Bourhân fî 'Ouloum al-Qour'âne, tome 2 p.128 An-Nawawî a dit dans "Sharh Al-Mouhadhdhab" : "Les musulmans sont
d'accord à l'unanimité que les Mou'awidhatayne (Sourates 113 & 114),
la Fâtiha et le reste des Sourates qui sont écrites dans le Moushaf
font partie du Coran. Celui qui renie ne serait-ce qu'une seule chose
s'y trouvant a mécru. Quant à ce qui a été rapporté au sujet d'Ibn
Mas'oud sur les Mou'awidhatayne et la Fâtiha est faux et n'est pas
authentiquement rapporté de lui. Ibn Hazm a dit au tout début de son
livre "al-Mahallâ" : "Ceci est un mensonge inventé sur Ibn Mas'oud. Bien
au contraire, ce
qui est authentiquement rapporté de lui est la lecture de 'Âsim selon
Zirr selon Ibn Mas'oud et la Fâtiha ainsi que les
Mou'awidhatayne s'y trouvent." Et le juge Abou Bakr b. At-Tayyib a dit dans son livre "at-Taqrîb" : "'Abd Allâh Ibn Mas'oud n'a pas rejeté le fait que les Mou'awidhatayne et la Fâtiha faisaient parties du Coran, mais il a rejeté le fait qu'elles devaient être transcrites dans le Moushaf, parce que la tradition chez lui était de ne confirmer que ce que le Prophète (paix et bénédictions sur lui) a confirmé et ordonné de transcrire. Et il ne l'a ni vu écrire, ni entendu sur ce point". Et
ceci est une interprétation personnelle de sa part et non une
confirmation de ce qu'il niait qu'elles faisaient parties du Coran. 11 - Ibn Hajar al-'Asqalânî (m. 852 H.), Fath al-Bârî bi Sharh Sahih al-Boukhârî, éditions Dar Taybah, tome 11, p. 147-150 Sa parole : (b. Abi Loubâbah
selon Zirr b. Houbaysh nous a rapporté, de même que 'Âsim selon
Zirr). Celui qui dit : "'Asîm nous a rapporté" est Soufiâne. C'est comme
s'il les rassemblait
parfois, et qu'il les séparait d'autres fois, et j'ai indiqué que dans
la version d'al-Houmaydî il est indiqué clairement qu'il a entendu
'Abdatou et 'Âsîm de Zirr. Sa parole : (J'ai interrogé Obayy b. Ka'b : [Ô] Aba al-Moundhir). Il s’agit du surnom (ar: Kounya) d'Oubayy b. Ka'b, et il a un autre surnom (ar: Kounya) qui est Abou at-Toufayl. Sa parole : (il dit tel et tel propos). C'est de manière ambigüe qu'a été citée cette parole. C'est comme si certains rapporteurs l'ont rendu ainsi par respect pour lui [c'est-à-dire pour Ibn Mas'oud]. Et je pense que ça provient de Soufiâne car al-Isma'ilî la rapporte également de manière ambigüe suivant une version de 'Abd al-Jabbâr b. al-'Alâ selon Soufiane. Au début, je pensais que celui qui l'avait rendu aussi ambigûe était al-Bukhari parce que j'ai vu la clarification dans la version d'Ahmad selon Soufiâne dans les termes suivants : "J'ai dit à Oubayy : ton frère les enlève du Codex (ar: moushaf)", et c'est ainsi que l'a rapporté al-Houmaydî selon Soufyâne et Abou Nou'aym dans "al-Moustakhraj" suivant sa version. C'est comme si Soufyâne exprimait parfois la chose clairement et que, parfois, il la rendait ambigûe. De même qu'Ahmad l'a également rapporté ainsi qu'Ibn Hibbân suivant la version de Hammâd b. Salamah selon 'Âsim avec les termes suivants : "'Abd Allâh b. Mas'oud n'écrivait pas les Mou'awidhatayne dans son codex (ar: moushaf)". Et Ahmad a rapporté selon Abou Bakr b. 'Ayyâsh selon 'Asim avec les termes suivants : "'Abd Allâh b. Mas'oud dit [sous-entendu des choses] sur les Mou'awidhatayne" et il y a aussi de l’ambiguïté dedans. Et 'Abd Allâh b. Ahmad a rapporté dans "Ziyadâte al-Mousnad" ainsi qu'At-Tabarânî et Ibn Mardawayh suivant al-A'mach selon Abou Ishâq selon 'Abd ar-Rahmân b. Yazid an-Nakha'î qui a dit "Abd Allâh b. Mas'oud enlève les Mou'awidhatayne de ses codex (ar: massahif) et ajoute : elles ne font certes pas parties du Livre de Dieu". Al-A'mach a dit : 'Âsim nous a rapporté selon Zirr selon Oubayy b. Ka'b...puis il a rapporté le même hadith de Qoutaybah qui est dans le chapitre précédent (4976). Ceci a aussi été rapporté aussi par Al-Bazzâr qui ajouta à la fin : "Certes le Prophète (paix et bénédictions sur lui) a ordonné de se protéger avec", al-Bazzar a dit : "Et personne parmi les compagnons n'a suivi Ibn Mas'oud. Et il est rapporté authentiquement du Prophète (paix et bénédictions sur lui) qu'il les a récité dans la prière". Je dis : Ceci est se trouve dans l'authentique (ar: Sahih) de Mouslim selon 'Ouqbah b. 'Âmir et Ibn Hibbân a ajouté suivant une autre version selon 'Ouqbah b. 'Âmir : "Si tu peux faire en sorte de ne pas manquer de les lire à chaque prière alors fais-le". Ahmad a rapporté suivant Abou al-'Alâ b. ash-Shakhîr selon un homme parmi les Compagnons : "Certes le Prophète (paix et bénédictions sur lui) a récité les Mou'awidhatayne et lui a dit : "Si tu pries alors récite-les", et sa chaine de transmission est authentique. Et de Sa'îd b. Mansour selon le hadith de Mou'âdh b. Jabal : "Certes le Prophète (paix et bénédictions sur lui) a prié le Soubh (c-à-d la prière du matin) et y a récité les Mou'awidhatayne". Le juge Abou Bakr al-Baqillânî a interprété ce qu'on rapporte sur Ibn Mas'oud dans son livre "al-Intissar" et il a été suivit en cela par 'Iyâdh ainsi que d'autres, et dit : "Ibn Mas'oud n'a pas rejeté leur existence dans le Coran, mais il a seulement rejeté leur présence dans le Codex (ar: moushaf), car certes il voyait qu'on ne pouvait rien transcrire dans le Codex (ar: moushaf) sauf si le Prophète (paix et bénédictions sur lui) avait autorisé qu'on l'y intègre et c'est comme s'il n'était pas au courant de la permission de le faire". Et il ajouta : "Ceci est une interprétation de sa part et non pas un rejet de leur existence dans le Coran". C'est une bonne explication sauf que la version authentique claire que nous avons cité réfute ceci car il y est dit : "et il disait : elles ne font certes pas parties du Livre de Dieu". Il est vrai que l'on peut comprendre les mots "Livre de Dieu" comme étant le Codex (ar: Moushaf) ce qui rend l'interprétation citée correcte. D'autres que le juge ont dit : "La divergence d'Ibn Mas'oud avec les autres ne concernait pas le fait de savoir si elles faisaient partie du Coran, mais concerne seulement quelques particularités des particularités (de ces sourates)". Fin de citation. Au final ce qu'a clarifié le juge est ambigu, et celui qui considère l'ensemble des versions que j'ai rapportées pour cette tradition s'éloignera de ce type de rapprochement (ou interprétation), et quant à la parole d'an-Nawawî dans "Sharh al-Mouhadhdhab" : "Les musulmans sont unanimes sur le fait que les Mou'awidhatayne et la Fatiha font parties du Coran, et celui qui en renie quelque chose a mécru, et ce qui a été rapporté sur Ibn Mas'oud est faux et n'est pas authentique"; Il y a des choses à redire dessus. Et l'a précédé dans ceci Abou Muhammad Ibn Hazm qui dit au tout début de son "al-Mahalla" : "Ce qui a été rapporté d'Ibn Mas'oud concernant son rejet des Mou'awidhatayne du Coran est mensonger et faux". Ainsi ce qu'a dit Al-Fakhr ar-Râzî au début de son exégèse : "Ce qui est plus sûr c'est que ce qui a été rapporté sur Ibn Mas'oud est mensonger et faux." Cependant jeter le discrédit sur des rapports authentiques sans preuves n'est pas acceptable, au contraire les rapports sont authentiques et l'interprétation est possible. Quant au consensus qu'il a rapporté, s'il considère qu'il est valable durant toutes les époques alors ceci est rejeté (ar: makhdouch? makhdou3?), mais s'il veut dire par là un consensus qui se soit établi [progressivement] alors c'est accepté. Et Ibn as-Sabagh a dit dans sa parole sur ceux qui ont refusé de payer l'aumône légal (ar- az-Zakât): "Abou bakr ne les as combattu que pour avoir refusé de payer l'aumône légal (ar: az-Zakât), et il n'a pas dit : "ils ont mécru à cause de cela", et ils n'ont pas été rendu mécréant car le consensus n'a pas été formellement établi". Il ajouta : "Maintenant nous rendons mécréant celui qui la rejette [c'est-à-dire la Zakât]". Il a dit : "Ainsi, il en est de même sur ce qui a été rapporté d'Ibn Mas'oud sur les Mou'awidhatayne, c'est-a-dire qu'il n'y a pas eu de certitude sur lui sur le rejet, puis est survenu l'accord sur la question par la suite". Al-Fakhr ar-Râzî a compliqué ce sujet et dit : "Si on dit que leur présence dans le Coran était notoire (ar: moutawatir) du temps d'Ibn Mas'oud, il faut rendre mécréant celui qui les rejette, et si on dit que leur présence dans le Coran n'était pas notoire (ar: moutawatir) du temps de ibn massoud alors certaines parties du Coran ne sont pas notoires (ar: moutawatir)". Il ajouta : "Ceci est un nœud compliqué à dénouer". Et je répond en disant qu'il est possible que c'était notoire (ar :moutawatir) du temps d'Ibn Mas'oud, mais que ça n'était pas notoire (ar: moutawatir) pour Ibn Mas'oud, ce qui dénoue le nœud avec l'aide de Dieu le Très-Haut. Sa parole [dans la tradition en question] : "J'ai interrogé le Prophète (que la paix de Dieu soit sur lui), il a répondu : "on m'a dit de dire, alors j'ai dit". Il a dit : "nous disons comme a dit le Prophète (que la paix de Dieu soit sur lui)". Celui qui dit "nous disons..." jusqu'à la fin de la tradition est Oubayy b. Ka'b, et il est rapporté chez al-Tabarânî dans "al-Awsat" qu'Ibn Mas'oud a aussi dit la même chose, mais ce qui est connu c'est qu'il s'agit de la parole d'Oubayy b. Ka'b. Il est possible que ça s'est transformé par le transmetteur, et il n'y a pas dans la réponse d'Oubayy une clarification de ce qui est voulu, sauf que le fait que le le consensus admet leur existence dans le Coran permet de se passer des chaines de transmissions isolées. Et Dieu gloire à Lui le Très-Haut est plus savant sur la vérité. 12
- Badr ad-Dîne al-'Aynî (m. 855 H.), 'Oumdat al-Qârî Sharh Sahîh
al-Boukhârî, éditions Dar al-Kotob al-'Ilmiyyâh, Beyrouth, Liban, tome
20, p. 15-16 Quant
à la parole "'Et 'Âsim nous a rapporté", celui qui prononce ces paroles
est Soufyâne et c'est comme si quelque fois il les citait en même
[c'est-à-dire les deux chaînes de transmissions différentes], et
d'autres fois il les citait de manière séparée. Quant à "Abou al-Moudhir", il s'agit du surnom (ar: Kounya) d'Oubayy b. Ka'b et il a un autre surnom : Abou at-Toufayl. Quant à la parole : "Certes ton frère" c'est-à-dire [ton frère] dans la religion. Quant à la parole "Ceci et cela", ceci veut dire : Qu'elles ne font pas parties du Coran [c'est-à-dire les Mou'awidhatayne]. Quant à la parole "Il me fut dit", ceci veut dire : Qu'elles font parties du Coran, et ceci fait partie des
choses sur lesquelles les Compagnons ont divergé puis la divergence a
été levée et le consensus fut établi. Si aujourd'hui quelqu'un nie le
fait que ça soit coranique a mécru. Certains ont dit que la question ne
concernait pas le fait de savoir si ça faisait partie du Coran ou pas,
mais elle concernait seulement une description des descriptions [de ces
sourates] et une particularité des particularités (de ces
sourates). Et il n'y a pas de doute sur le fait que ces rapports le
sous-entendent et le sous-entendu est préférable ici et Dieu sait mieux. Et
si tu dis qu'Ahmad [b. Hanbal] et Ibn Hibbân ont rapporté la version de
Hammâd b. Salamah b. 'Âsim avec les termes suivants : "Certes Ibn
Mas'oud n'écrivait pas les Mou'awidhatayne dans son Moushaf" et que 'Abd
Allâh b. Ahmad a rapporté dans "Ziyadâte al-Mousnad", ainsi
qu'at-Tabarânî et Ibn Mardawayh suivant le rapport d'al-A'mash selon Abî
Ishâq selon 'Abd ar-Rahmân b. Yazîd an-Nakha'î qui dit : "Ibn Mas'oud
avait l'habitude d'effacer les Mou'awidhatayne de son Moushaf et
ajoutait : "Elles ne font pas parties du Coran ou du Livre de Dieu" Je
réponds alors : "Al Bazzâr a dit :
personne parmi les Compagnons du Prophète, paix et bénédictions sur
lui, n'a suivi l'avis d'Ibn Mas'oud, et il est rapporté de
manière authentique que le Prophète, paix et bénédictions sur lui, les
récitait dans la prière" et ceci se trouve dans l'Authentique (ar:
Sahih) de Mouslim selon 'Ouqbah b. 'Âmir et Ibn Hibbân a ajouté suivant
une autre voie toujours selon 'Ouqbah b. 'Âmir "Si tu peux faire
en sorte de ne pas manquer de les lire à chaque prière alors fais-le".
De même qu'Ahmad a rapporté suivant le rapport d'Abou al-'Alâ b.
ash-Shakhîr selon un homme parmi les Compagnons du Prophète, paix et
bénédictions sur lui, lui a fait réciter les Mou'awidhatayne et lui dit :
"Si tu pries alors récites-les" et sa chaîne de transmission est
authentique. De même que Sa'îd b. Mansour a rapporté du hadîth de
Mou'âdh b. Jabal que le Prophète (paix et bénédictions sur lui) a prié
le Soubh (c-à-d la prière matinale obligatoire) et il y a récité les
Mou'âwidhatayne. Quant à sa parole : "Il dit: Nous également nous disons", celui qui parle ici c'est Oubayy b. Ka'b. Ce qui pose un certain problème à ce fondement c'est ce que qu'a rapporté l'imâm Fakhr ad-Dîne : " Il a été rapporté dans
les anciens ouvrages qu'Ibn Mas'oud rejetait le fait que la Sourate al-Fâtiha
ainsi que les Mou'awidhatayne faisaient faisait parties du Coran. Et je sais que ceci est à
la limite du supportable car si nous affirmons que la transmission
notoire sur le de la Fâtiha comme faisant partie intégrante Coran était
effective du temps des Compagnons alors dans ce cas Ibn Mas'oud était au
courant de cela et son rejet implique la mécréance ou un défaut
d'intelligence [de sa part] ; et si nous affirmons que la transmission
notoire sur ce sujet n'était pas effective en ce temps-là, ceci implique
que la transmission du Coran n'est pas du tout notoire à la base." Il ajouta ensuite : "Ce
qui est plus sûr c'est
que ce qui a été rapporté sur Ibn Mas'oud est mensonger et faux et
c'est de cette manière qu'on dénoue ce nœud [difficile]." Et le juge Abou Bakr dit également la même chose : "Il n'est ni authentifié de sa part qu'il aurait affirmé qu'elles ne font pas parties du Coran, ni même connu de lui ce fait. Cependant, il les a effacé de son Moushaf car il niait qu'elles devaient être transcrites dans le Moushaf et non qu'elles ne faisaient pas parties du Coran parce que la tradition chez lui était de ne confirmer que ce que le Prophète (paix et bénédictions sur lui) a confirmé et ordonné de transcrire. Et il ne l'a ni vu écrire, ni entendu sur ce point" L'imâm an-Nawawî a dit dans "Sharh al-Mouhadhdhab" : "Les musulmans sont d'accord à l'unanimité que les Mou'awidhatayne (Sourates 113 & 114), la Fâtiha et le reste des Sourates qui sont écrites dans le Moushaf font partie du Coran. Celui qui renie ne serait-ce qu'une seule chose s'y trouvant a mécru. Quant à ce qui a été rapporté au sujet d'Ibn Mas'oud sur les Mou'awidhatayne et la Fâtiha est faux et n'est pas authentiquement rapporté de lui. Ibn Hazm a dit au tout début de son livre "al-Mahallâ" : "Ceci est un mensonge inventé sur Ibn Mas'oud. Bien au contraire, ce qui est authentiquement rapporté de lui est la lecture de 'Âsim selon Zirr selon Ibn Mas'oud et la Fâtiha ainsi que les Mou'awidhatayne s'y trouvent." Ibn
Hajar a dit dans son commentaire de Boukhârî : "Il est authentifié
qu'Ibn Mas'oud rejetait cela. Ahmad et Ibn Hibbân ont rapporté de lui
qu'il
n'écrivait pas les Mou'awidhatayne dans son codex (ar: moushaf). Et 'Abd
Allâh b. Ahmad a rapporté dans "Ziyadâte al-Mousnad" ainsi
qu'At-Tabarânî et Ibn Mardawayh suivant al-A'mach selon Abou Ishâq selon
'Abd ar-Rahmân b. Yazid an-Nakha'î qui a dit "Abd Allâh b. Mas'oud
enlève les Mou'awidhatayne de ses codex (ar: masâhif) et ajoute : elles
ne font certes
pas parties du Livre de Dieu". Al-Bazzâr et at-Tabarânî ont rapporté
suivant une autre version qu'il effaçait les Mou'awidhatayne du Moushaf
et disait : Il fut ordonné au Prophète de se protéger avec et Ibn
Mas'oud ne les récitait pas [dans la prière]. Leurs chaines de
transmission sont authentique. Al-Bazzâr a dit : " Personne parmi les
compagnons n'a suivi Ibn Mas'oud, et il est
rapporté authentiquement du Prophète (paix et bénédictions sur lui)
qu'il
les a récité dans la prière". Ibn Hajar ajouta : "La parole de celui qui
dit : "Ceci est un mensonge" est rejetée. Jeter le discrédit sur des
rapports authentiques sans preuves
n'est pas acceptable, au contraire les rapports sont authentiques et
l'interprétation est possible". Ibn Hajar ajouta ensuite : "Le juge
['Iyadh] et d'autres ont interprété cela en disant qu'il a juste nié
leur transcription comme nous l'avons vu précédemment." Il ajouta encore
: "C'est une bonne explication sauf que la version authentique
claire que nous avons cité réfute ceci car il y est dit : "et il disait :
elles ne font certes pas parties du Livre de Dieu". Il est vrai que l'on
peut
comprendre les mots "Livre de Dieu" comme étant le Codex (ar: Moushaf)
ce qui rend
l'interprétation citée correcte." Il ajouta ensuite : "celui qui
considère l'ensemble des versions rapportées
s'éloignera de ce type de rapprochement (ou interprétation)." Il dit
encore : "Et
Ibn as-Sabagh a répondu à cela en disant que ceci n'était pas très
certain pour lui, puis après cela il y a eu un accord dessus ; et le
constat c'est qu'elles [c'est-à-dire les Mou'awidhatayne] étaient
notoires en son temps mais qu'il n'était pas au courant de leur
notoriété". Ibn
Qoutaybah a dit dans "Mouskhil al Qour'âne" : "Ibn Mas'oud a pensé que
les Mou'awidhatayne ne faisaient pas parties du Coran car il a vu le
Prophète (paix et bénédictions sur lui) les réciter afin de protéger
al-Hasan et al-Housayn et il est resté sur son avis. Et nous ne disons
pas qu'il a eu raison sur ce point et que les Emigrés et les Auxiliaires
se sont tous trompés." Il ajouta ensuite : "Quant au fait qu'il
n'inscrivait pas la Fâtiha dans son Moushaf ceci n'est pas dû au fait
qu'il pensait qu'elle n'en faisait pas parties, à Dieu ne plaise, mais
il a plutôt pensé que le Coran a été rassemblé et écrit entre les
tablettes par peur du doute, de l'oubli, des ajouts, ou des manques. Et
il a donc pensé que ceci était sans danger pour la Sourate al-Hamd
[c'est-à-dire la Fâtiha] en raison du fait qu'elle était courte et
qu'elle était obligatoire apprise par tout un chacun." Je
dis [c'est-à-dire as-Souyoutî] : Quant au fait qu'il ne transcrivait
pas la Fâtiha dans son codex, ceci a été rapporté par Abou 'Oubaydah
avec une chaine de transmission authentique comme nous l'avons
précédemment mentionné au tout début du chapitre 19. Et
'Abd Allâh b. Mas'oud, que Dieu l'agréé, ne confirmait pas ces deux
Sourates dans son Moushaf comme l'a rapporté 'Abd Allâh b. Ahmad dans le
Mousnad et at-Tabarânî selon 'Abd ar-Rahmân b. Yazîd - c'est-à-dire
an-Nakha'î - qui disait : "'Abd Allâh b. Mas'oud effaçait les
Mou'âwidhatayne de ses codex (ar: Masâhif) et ajoutait : Elles ne font
pas parties du Livre de Dieu", et les rapporteurs qui se trouvent dans
la chaîne de transmission rapportée par 'Abd Allâh b. Ahmad sont les
transmetteurs de l'Authentique (c'est-à-dire du Sahih de Boukhârî et
Mouslim) et quant aux transmetteurs qui se trouvent dans la chaîne de
transmission rapportée par at-Tabarânî, ceux-ci sont de confiance. Et
c'est ainsi qu'al-Bazzâr a rapporté dans son Mousnad "qu'Ibn
Mas'oud effaçait les
Mou'awidhatayne (Sourates 113 & 114) du Codex (ar: Moushaf) et
disait : "Le Prophète paix et bénédictions sur lui a seulement ordonné
qu'on se protège par elles" et qu'Ibn Mas'oud ne les récitait pas dans
la prière" et c'est également ainsi qu'at-Tabarânî l'a rapporté avec une
chaine de transmission dont les rapporteurs sont de confiance. Et
al-Bazzâr ajouta : "Personne parmi les
Compagnons du Prophète, paix et bénédictions sur lui, n'a suivi l'avis
de 'Abd Allâh [ibn Mas'oud], et il est rapporté de manière authentique
que le Prophète, paix et bénédictions sur lui, les récitait dans la
prière et elles ont été confirmé dans le Moushaf. Fin de citation." Je
dis [c'est-à-dire l'auteur de l'ouvrage] : Nous avons déjà mentionné
précédemment que le Prophète (paix et bénédictions sur lui) a dit sur
elles [c'est-à-dire les Sourates 113 et 114) qu'il s'agissait des
meilleurs Sourates qui puisses être récités. Et précédemment nous avons
mentionné qu'il avait ordonné de les réciter [dans la prière] et ceci
est une particularité des particularités du Coran. De même que nous avons mentionné précédemment [la tradition prophétique suivante] : "Certes celui qui les récites, c'est comme s'il avait récité tout ce qui a été révélé à Muhammad paix et bénédictions sur lui." Et les Compagnons ont admis à l'unanimité [qu'elles faisaient parties du Coran], tous les musulmans génération après génération. Le Compagnon est un être humain et sa parole n'est pas une preuve en soi en ce qui concerne les choses de cet ordre. Et ceci en partant du principe qu'il n'a pas contredit ce qui a été confirmé de la part du Législateur, mais qu'en est-il ici alors qu'il a contredit la Tradition bien établie et le consensus bien connu ?" [...]
Et on rapporté d'ibn Mas'oud qu'il aurait rejeté le fait qu'elles
soient coraniques [c'est-à-dire les Mou'âwidhatayne] ; les imâms Ahmad,
al-Bazzâr, at-Tabarânî ainsi qu'Ibn Mardawayh ont mentionné suivant des
rapports authentiques remontant jusqu'à lui le fait qu'il effaçait les
Mou'âwdhitayne du Moushaf et disait : "Ne mêlez pas au Coran ce qui n'en
fait pas partie. Elles ne font certes pas parties du Livre de Dieu le
Très Haut. Le Prophète, paix et
bénédictions, sur lui a seulement ordonné qu'on se protège par elles " Et Ibn Mas'oud ne les récitait pas [dans la prière] et al-Bazzâr a dit "Personne parmi les Compagnons du Prophète, paix et bénédictions sur lui, n'a suivi l'avis de 'Abd Allâh [ibn Mas'oud], et il est rapporté de manière authentique que le Prophète, paix et bénédictions sur lui, les récitait dans la prière et elles ont été confirmé dans le Moushaf". Les imâms Ahmad, al-Boukhârî, an-Nasâ'î, Ibn Hibbân ainsi que d'autres selon Zirr b. Houbaysh qui dit : Je suis venu à Médine où j'ai rencontré Oubayy b. Ka'b et je lui ai dis : Ô Abou al-Moudhir, j'ai observé qu'Ibn Mas'oud n'écrivait pas les Mou'âwidhatayne dans son Moushaf et il répondit : "Par Celui qui a envoyé Muhammad, que la paix et les bénédictions du Très haut soient sur lui, par la vérité j'ai certes interrogé l'Envoyé de Dieu, que la paix et les bénédictions du Très haut soient sur lui, à leurs sujets et personne avant toi ne m'a interrogé dessus depuis que j'ai interrogé un autre que toi [Oubayy voulait sûrement entendre depuis qu'il a interrogé l'Envoyé de Dieu là-dessus]. Puis il dit [c'est-à-dire le Prophète] : "Il me fut dit : "Dis" alors je le dis, et donc dites de même" Et nous répétons exactement la même chose que le Prophète, que la paix et les bénédictions du Très haut soient sur lui". Et par cette divergence certains athées ont dénigré le miracle du Coran en disant : "Si son éloquence avait
atteint un tel degré de miracle qu'on pouvait le différencier de tout
autre chose du Coran alors pourquoi a-t-il divergé sur le fait que cela
fasse partie du Coran ?" alors que tu sais que le consensus a établi le
fait qu'elles faisaient parties du Coran. Ils ont dit également : "Que
rejeter cela est de la mécréance." Peut être qu'Ibn Mas'oud est revenu
dessus ; et afin d'expliquer ce point de vue, la divergence entre les
Compagnons concernant certaines Sourates du Coran est rapporté de
manière singulière (ar: âhâd) ce qui est sujet au doute alors que le
Coran est rapporté de manière notoire ce qui est sujet à la certitude.
Ceci fait disparaitre tout doute qui s'y opposerait. Quant à ces
rapports singuliers, ils font parties de ceux dont on ne prend pas en
considération et puis même si nous admettions qu'ils avaient divergé par
rapport à ce que nous avons mentionné, nous dirons qu'ils n'ont pas
divergé sur le fait que ceci a bien été révélé au Prophète, paix et
bénédictions sur lui, ni sur son éloquence miraculeuse, mais sur le fait
qu'elles faisaient parties du Coran et ceci ne nuit pas à ce que nous
disons. 16 - Muhammad Zâhid al-Kawtharî (m. 1371 H.), Maqâlâte, p. 34-35 17 - Abou 'Alâ al-Mawdoudî (m. 1399 H. / 1979 ap. J.-C.), Tafhîm al-Qour'âne, exégèse de la sourate 113 Question concernant le fait que les Mou'awidhatayne sont coraniques ou non. Commentaire personnel : Al-Mawdoudî reprend la même thèse qu'Ibn Hajar al-'Asqalânî sans le citer... Quoi qu'il en soit il ajoute ensuite :L'analyse qui précède est suffisante pour aider à tout un chacun à comprendre pleinement le thème et le contenu de ces deux sourates, mais cependant trois sujets dans les livres de traditions et de commentaires concernant ces sourates ont été examinés et sont susceptibles de créer des doutes dans l'esprit. Il est donc nécessaire de les dissiper. Tout d'abord, est-il absolument établi que ces deux sourates font parties du Coran, ou existe-t-il un doute à cet égard ? Cette question se pose à cause des traditions rapportées d'un illustre compagnon comme Hadrat Abdullah bin Mas'ud. Il a été dit qu'il ne considérait pas que ces deux sourates faisaient parties du Coran et qu'il les avait éliminé de propre sa copie du Mushaf. L'Imam Ahmad, Bazzar, Tabarani, Ibn Marduyah, Abu Ya'la, Abdullah bin Ahmad bin Hanbal, Humaydi, Abu Nu'aim, Ibn Hibban et d'autres traditionalistes ont rapporté cela de Hadrat Abdullah bin Mas'ud avec différentes chaînes de transmetteurs et, la plupart, sur une solide autorité. Selon ces traditions, il a non seulement éliminé ces sourates du Mushaf, mais il a également été rapporté qu'il avait l'habitude de dire : "Ne confondez pas avec le Coran ce qui n'est pas du Coran. Ces deux sourates ne sont pas inclues dans le Coran. C'était seulement une recommandation qu'avait enjointe à le Saint Prophète (paix sur lui) pour demander la protection à Dieu." Dans certaines traditions, il est ajouté qu'il ne récitait ces sourates dans la prière. Sur la base de ces traditions les adversaires de l'Islam ont eu l'occasion de soulever des doutes sur le Coran, en disant que ce Livre - que Dieu nous en préserve - n'est pas exempt de corruption. Car, lorsque selon un compagnon du rang de Hadrat Abdullah bin Mas'ud affirme ces deux sourates seraient un ajout au Coran, alors de nombreuses autres additions et omissions auraient pu être faites. Afin de débarrasser le Coran de cette accusation Qadi Abu Bakr Al-Baqillani, Qadi Iyad et d'autres ont adopté la position qui consiste a dire qu'Ibn Mas'ud ne niait pas que les Mou'awidhatayne étaient coraniques, mais qu'il a seulement refusé de les écrire dans le Mushaf. Car, selon lui seul ce que le Saint Prophète (sur lui la paix) avait permis d'écrire devait être inscrit dans le Mushaf, et Ibn Mas'ud n'avait pas eu vent que le Saint Prophète avait permis cela. Mais cette position n'est pas correcte en raison de la solide évidence selon laquelle il est confirmé qu'Ibn Mas'ud (qu'Allah soit satisfait de lui) niait qu'il s'agissait de sourates du Coran. D'autres savants, par exemple, Imam Nawawi, Imam Ibn Hazm et Imam Fakhr-ud-din Razi, considèrent comme étant un pur mensonge et une falsification qu'Ibn Mas'ud ait pu affirmer une telle chose. Mais rejeter des faits historiques authentiques sans preuves solides n'est pas scientifique. Maintenant,
la question est la suivante : Comment ces allégations autour du Coran à
cause de ces traditions d'Ibn Mas'ud peuvent être correctement
réfutées? Plusieurs réponses à cette question que nous donnons
ci-dessous dans l'ordre : 1.
Hafiz Bazzar après avoir raconté ces traditions d'Ibn Mas'ud dans son
Mousnad, a écrit qu'il est seul et isolé dans son avis, personne parmi
les compagnons a soutenu ce point de vue. Al-Mawdoudî
cite ensuite plusieurs traditions prophétiques qui confirment que ces
Sourates font parties du Coran avant d'en arriver au point qui nous
intéresse : Ici, la question se pose: Quel malentendu a poussé Hadrat Abdullah bin Mas'ud à considérer ces deux Sourates comme ne faisant pas parties du Coran? Nous obtenons la réponse à cette question lorsque nous combinons deux traditions: D'abord, que Hadrat Abdullah bin Mas'ud a affirmé que c'était seulement une recommandation que le Saint Prophète (paix sur lui) a reçue afin de lui enseigner la méthode pour chercher refuge auprès de Dieu. D'autre part, il y a la tradition que l'Imam Bukhari a rapportée dans son Sahih, de même que l'Imam Ahmad dans son Mousnad, ainsi que le Hafiz Abu Bakr al-Humaidi dans son Musnad, Abu Nu'aim dans son al-Mustakhraj et Nasai dans ses Sunan, avec différentes chaînes de transmetteurs, sur l'autorité de Zirr bin Hubaish, avec une légère variante dans la formulation de notre maître Ubayy bin Kab, qui occupe une place distinguée parmi les Compagnons sur la base de sa connaissance du Coran. En effet, Zirr bin Hubaish déclare: "J'ai demandé à notre maître Ubayy: Ton frère, Abdullah bin Mas'ud, dit ces choses. Que dites-vous à propos de cela ? il a répondu: J'avais interrogé le Saint Prophète (paix sur lui) à propos de cela. Il m'a dit: On m'a dit de dire "qoul", alors j'ai dit "qoul". Par conséquent, nous répétons également la même chose que le Saint Prophète." Dans
la tradition rapportée par l'Imam Ahmad, les paroles de notre maître
Ubayy sont : "Je témoigne que le Saint Prophète (paix sur lui) m'a dit
que Gabriel (que la paix soit sur lui) lui avait dit de dire: "Qul
a'udhu bi-Rabbil-falaq" (c-à-d "Dis: je cherche refuge auprès du
Seigneur de l'aube naissante"), par conséquent, il a récité la même
manière. De même, Gabriel lui a demandé de dire: "Qul a'udhu
bi-Rabbin-nas" (c-à-d "Dis: Je cherche refuge auprès du Seigneur des
hommes"); donc lui aussi répéta la même chose. Par conséquent, nous
répétons également ce que le Saint Prophète a dit." Prenons maintenant les choses comme elles le sont. Si l'on ordonne à quelqu'un de dire : "Dis: je cherche refuge", il n'exécutera pas l'ordre en disant : «Dis, je cherche refuge», mais il va mettre de côté le mot «dis» et ne dira finalement que : "Je cherche refuge." Au contraire, si le messager d'un officier supérieur confère à quelqu'un le message en ces termes: "Dis, je cherche refuge", et cet ordre lui est donné non seulement pour sa propre personne, mais également pour être transmis à d'autres, alors il sera obligé de transmettre mot pour mot les termes du message aux gens, et il n'aura pas le droit d'enlever quoi que ce soit aux termes du message. Ainsi, le fait que ces deux sourates commencent par le mot "Qul" est une preuve évidente qu'elles sont la Parole Divine que le Saint Prophète (sur lui la paix) devait transmettre mot pour mot. Ce n'était pas simplement un ordre adressé à lui pour sa propre personne. Outre ces deux sourates, il ya 330 autres versets du Coran qui commencent par le mot "Qul" (c-à-d "dis"). La présence du "Qul" dans toutes ces sourates est une preuve qu'il s'agit de la Parole Divine qu'il était obligatoire pour le Saint Prophète de transmettre textuellement; sinon si le "Qul" qui se retrouve partout avait simplement signifié un ordre alors le Saint Prophète l'aurait abandonné et aurait dit simplement ce qu'il lui était ordonné de dire, et ceci n'aurait pas été enregistré dans le Coran. Bien au contraire, il se serait abstenu de dire simplement ce qui lui avait été ordonné de dire. Ici, si l'on considère cela, on peut comprendre ainsi comment il est peu raisonnable de considérer les Compagnons comme étant infaillibles et de vociférer qu'un compagnon a pu été diffamé dès qu'un dire ou une action de sa part ait pu être décrit comme étant erroné. Ici, on peut voir clairement comment une bourde a pu commise par un illustre Compagnon comme Hadrat Abdullah bin Mas'ud concernant deux sourates du Coran. Si une telle erreur peut être commise par un compagnon aussi éminent que lui, d'autres aussi pourraient commettre une erreur. Nous pouvons examiner la chose de manière scientifique et la décrire comme étant une erreur si jamais une chose dite ou faite par un Compagnon s'avère être fausse. Mais vilaine serait la personne qui serait allé au-delà de la description d'un mauvais acte comme étant mauvais et qui commencerait à réprimander et trouver à redire avec les Compagnons du Prophète de Dieu. Concernant les Mou'âwidhatayne les commentateurs et traditionnistes ont décrit l'avis d'Ibn Mas'ud comme étant une erreur, mais personne n'a osé dire qu'en rejettant ces deux sourates du Coran, il était devenu mécréant, à Dieu ne plaise. 18 - At-Tabâtabâ'î (m. 1401 H.), Al-Mîzân fi Tasîr al-Qur'ân, tome 20, p.456-457 Nous citons maintenant un savant reconnu dans l'Islâm chiite pour la qualité de son exégèse du Coran. [Question
très importante] : Examen autour de ce qui a été rapporté sur notre
maitre Ibn Mas'oud, que Dieu l'agrée, au sujet de sa négation des deux
Sourates Protectrices comme faisant parties du Coran. Je dis : Al-Boukhârî a rapporté ce récit dans son Sahih (8/741) de manière ambigüe. Et ceci est pour nous un récit faux. Et parmi ceux qui l'ont jugé faux, il y a le Hâfiz an-Nawawi, Ibn Hazm et l'imâm Fakhr ad-Dîne ar-Râzî [...] L'auteur cite ensuite la tradition rapportée par Al-Boukhârî et ajoute : Je
dis : Ceci sont les termes rapportées de manière ambigûes et remarques
cette manière de crypter les choses !!! Et est-ce des termes qu'il
convient de selectionner dans ouvrage réalisé avec comme objectif de ne
resenser que les traditions authentiques ?!! L'auteur cite ensuite les traditions qui ont été rapportées par Ibn Hajar et ajoute : Je
dis : Et quant à toutes les traditions rapportées par Ibn Hajar elles
sont purement et simplement mensongères. Nous sommes catégoriques sur le
fait que ces traditions sont mensongères et fausses parce qu'il est
très improbable qu'il ne soit pas parvenu à notre Sayyid 'Abdoullâh Ibn
Mas'oud que les Mou'awidhatayne fassent parties du Coran et qu'il ne le
sache même pas ; alors que ceci nous est parvenu et qu'en plus nous le
sachions ! De plus le Prophète (paix et bénédictions sur lui) a dit : "Que celui qui veut réciter le Coran comme il a été récité, qu'il le récite avec la récitation du fils d'Oum 'Abd" c'est-à-dire 'Abd Allâh b. Mas'oud. Cela a été rapporté par Ahmad (1/445) et Ibn Mâjah (1/49) ainsi que d'autres et ceci est authentique. Est-ce
qu'un être doué d'intelligence peut s'imaginer qu'Ibn Mas'oud ce pur
arabe ne parvienne pas avec son don inné à déterminer si les
Mou'awidhatayne font parties du Coran ?!! A COMPLETER 20 - Autres avis contemporains Parmi
les savants musulmans contemporains, nous pouvons en citer plusieurs.
Cependant, nous nous bornerons à n'en citer que trois en raison de la
qualité de leur travail. Le premier est le Hâfiz Ahmad 'Ali al-Imâm,
fondateur de l'université du Saint Coran et des sciences islamiques au
Soudan. Dans son excellent ouvrage "Variant Readings of the Qur'an", il
dit ceci : "Il
est rapporté que Oubayy b. Ka'b a ajouté deux Sourates qui concernent
"al-Qounout" dans son codex personnel, et qu'Ibn Mas'oud a omis trois
Sourates du sien : al-Fâtihah et al-Mou'âwidhatayne (les deux dernières
sourates). Tous les savants ne sont pas d'accord avec cela." Après avoir listé tous les avis, il conclu ainsi : "Finalement
beaucoup de hadiths font mention de la position de ces Sourates, de
l'histoire de leur révélation et bien plus, de leur récitation par le
Prophète chez lui et pendant ses voyages. Tout ceci indique qu'Ibn
Mas'oud était au courant de ça. Par conséquent, les récits attribués à
Oubay b. Ka'b et 'Abd Allâh b. Mas'oud ne peuvent pas être considérés
comme authentiques." Source : Ahmad 'Ali al-Imâm, Variant Readings of the Qur'an : a critical study of their historical and linguistic origins, éditions The International Institute of islamic thought, 2006, p.50-52 De
même que nous pouvons citer le docteur al-A'zami dans son ouvrage très
bien documenté "The History of the Qur'ânic Text from Revelation to
Compilation" : "La
première et les deux dernières Sourates (al-Fâtiha, al-Falaq et an-Nâs)
sont, selon certains rapports, absentes du Moush'af d'Ibn Mas'oud.
Toute cette histoire semble douteuse [...] Le lecteur peut se rappeler
du commentaire précédent d'an-Nadîm sur le fait qu'il serait tombé sur
un Moushaf attribué à Ibn Mas'oud et qui contiendrait la Sourate
al-Fâtiha (l'Ouverture). Gardez à l'esprit que la Fâtiha est
indubitablement la Sourate la plus récitée dans le Qur'âne, comme étant
une part intégral à chaque génuflexion (ar: rak'at) dans chaque prière." PUIS AJOUTER SON EXCELLENTE REFUTATION D'IBN HAJAR Source : M. M. Al-Azami, The History of the Qur'ânic Text from Revelation to Compilation : A Comparative Study with the Old and New Testaments, éditions UK Islamic Academy, Leicester, England, 2003, p.199-202 Source : |
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